Rivière-du-Loup - Ils sont originaires de notre région, mais ne voient leurs proches que très peu souvent. Ce n'est pas par mauvaise volonté. Ils nous rendent visite aussi souvent qu'ils le peuvent. Toutefois, ils ont choisi de s'engager ou de gagner leur vie à l'étranger.

Tous affirment retirer une grande satisfaction de leur travail à l'étranger, même si quelquefois, ils aimeraient bien être près de leurs familles, là où sont leurs racines.

PAUL TALBOT, TRAVAILLEUR HUMANITAIRE

C'est d'abord durant des vacances que Paul Talbot a découvert la République dominicaine en 1990. Demeurant toujours dans le même complexe, l'homme, originaire de L'Isle-Verte et qui demeure à Rivière-du-Loup, y a connu de plus en plus de gens au fil des années, a découvert des villages, les principales villes et surtout une pauvreté sans nom.

«Des jeunes Dominicains vêtus très pauvrement se présentaient sur la plage pour nous vendre de l’ambre et des cocos. Après quelques achats, je m’informai de l'endroit où ils demeuraient. J’ai alors visité leur village et constaté dans quelle misère ils vivaient», dit-il, ajoutant qu'il était impossible de demeurer insensible.

«Il n'y avait pas d’eau dans la maison, aucun père, aucun réfrigérateur pour conserver les restes, pas de table, les matelas étaient pourris, la cuisinière rouillée et très sale, le toit de tôle perforé par la rouille laissait entrer la pluie, etc. J'ai décidé que je devais les aider, dit M. Talbot, dernier d’une famille de 19 enfants «avec le même père et la même mère», tient-il à préciser.

AMASSER DES FONDS

Un de ses amis de Rivière-du-Loup organisait des concerts visant à aider Corail, une école d’Haïti. Paul Talbot a hérité du talent de pianiste de sa mère. Il a donc participé à ces événements et a convenu de séparer les profits entre Corail et les familles dominicaines qu'il connaissait. «Comme il y a deux millions d’Haïtiens qui vivent en République dominicaine, j’aide autant les uns que les autres».

Pour ramasser des fonds, il organise maintenant des concerts avec de jeunes artistes de la région de Rivière-du-Loup. «Les profits sont redistribués selon les urgences rencontrées : visite d’urgence chez le médecin, le dentiste, achat de médicaments, de nourriture, de meubles usagés, transport pour aller à l’école, cours spécialisés et autres.»

Il donne aussi gratuitement des cours de piano, de guitare, d’anglais et de mathématiques aux élèves en difficulté et organise des soirées de danse pour les touristes. «En passant le chapeau, je réussis à recueillir des dollars qui servent à la cause des démunis».

M. Talbot ne reçoit aucune aide gouvernementale ni compensation d'aucune sorte. Au contraire, il affirme devoir souvent puiser dans ses propres revenus pour combler les besoins. L’insouciance des biens nantis et le manque de discipline des jeunes comptent parmi les aspects qu'il trouve le plus difficile.

LES YEUX DU COEUR

À ceux qui aimeraient faire de même, il conseille d’ouvrir leur cœur et leurs yeux. «Au Québec, il y a un catalogue d'organisations qui viennent en aide aux démunis dans toutes les situations, sans compter l’assurance-chômage et l’assistance sociale. Ici, en République dominicaine, il n'y a rien. Tu te débrouilles ou tu crèves».

Paul Talbot affirme qu'il continuera d'aider ces gens «tant que Dieu me donnera la santé et le courage d’organiser des activités pour aider ces malheureux. C’est une seconde famille pour moi  et de constater leur sourire, leur amitié, leur confiance me procure un bonheur indescriptible, impalpable. C’est intérieur.»

En mai et juin, conjointement avec son amie Françoise Dubé, Paul Talbot fera connaître les activités musicales bénéfices qui seront offertes au public deux fois par semaine cet été à la Chapelle Ste-Anne de la Pointe de Rivière-du-Loup.