Idées suicidaires: les adolescents victimes d'intimidation plus à risque
Rivière-du-Loup – Une nouvelle étude, publiée dans le Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry par l'équipe de la Dre Marie-Claude Geoffroy, chercheuse au CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal, montre que les adolescents victimisés constamment pendant deux années scolaires sont cinq fois plus susceptibles d'avoir des idées suicidaires.
Comparativement, ils ont aussi près de six fois plus de risques de tenter de se suicider à 15 ans. Cette étude est la première à établir une association prédictive entre la victimisation, les idées suicidaires et la tentative de suicide à la mi-adolescence.
Actuellement, au Canada, 7,4 % des adolescents âgés de 14 à 15 ans ont sérieusement pensé à se suicider en 2008-2009 et 3,3 % ont tenté de passer à l'acte selon une étude parue dans le Canadian Medical Association Journal en 2014.
L'étude a été réalisée à partir des données de l'étude longitudinale du développement des enfants du Québec, un échantillon de 1168 enfants nés en 1997-98 au Québec et suivis jusqu'à l'âge de 15 ans.
«Les taux d'idéations suicidaires sont de 11,6 % à 13 ans et de 14,7 % à 15 ans chez les jeunes intimidés. Quant aux tentatives de suicide, les taux atteignent 5,4 % à 13 ans et 6,8 % à 15 ans. Dans notre étude, nous avons observé que ces taux sont beaucoup plus élevés chez les jeunes intimidés comparativement à ceux qui ne le sont pas. Dans ce cas, nous rapportons plutôt des taux d'idéation suicidaire de 2,7 % à 13 ans et de 4,1 % à 15 ans, ainsi que des taux tentatives de suicide de 1,6 % à 13 ans et de 1,9 % à 15 ans », précise la Dre Geoffroy.
VICTIMISATION PAR LES PAIRS
Plus encore, la Dre Geoffroy rapporte dans son étude que les adolescents, âgés de 13 ans, victimes de leurs pairs ont deux fois plus de risques de penser au suicide deux années plus tard et trois plus de risques d'attenter à leur vie. Afin d'arriver à de tels résultats, l'étude prend d'ailleurs en considération une variété de facteurs comme les comportements suicidaires à 13 ans, les problèmes de santé mentale antérieurs tels que la dépression, les problèmes oppositionnels/provocation, les problèmes d'attention ou d'hyperactivité ainsi que le contexte familial.
D'une façon générale, près de 20 % des participants à l'étude rapportent avoir été intimidés par d'autres adolescents du même âge. La victimisation inclut notamment l'utilisation de mots blessants, la propagation de rumeurs, l'exclusion volontaire d'un groupe, l'agression physique ou la cyberintimidation.
L'adolescence est une période cruciale pour la prévention du suicide. Les auteurs proposent une intervention combinant des efforts multidisciplinaires pour vaincre l'intimidation impliquant les parents, les enseignants, les directeurs d'école et les professionnels de la santé mentale. Tous les adolescents victimisés ou non qui pensent souvent ou sérieusement au suicide devraient voir un professionnel de la santé mentale, comme un psychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute accrédité.
Ces travaux ont été financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Centre Manuvie pour les avancées en prévention de la dépression et du suicide chez les jeunes.
4 commentaires
Les problèmes des enfants peuvent être, pour des adultes, anodins, mais tellement important pour eux! Seulement prendre le temps (chose rare) de les écouter sans rabaisser la situation peut aider beaucoup!
Beaucoup de blâme sur les profs, directions et tout, mais ayant déjà travailler dans les commissions scolaires auprès des enfants, je peux dire qu'il y a certains parents qui devraient, eux aussi, avoir un petit cours de respect et d'éducation... C'est platte à dire, mais ça ne s'en va pas en s'améliorant....