Sortir de la violence un pas à la fois
Imaginez vouloir acheter un pot de yogourt afin de faire plaisir à votre enfant, mais devoir le reposer par crainte de représailles. Vous voyez les étoiles de joie de votre jeune s’éteindre immédiatement. Voici la prémisse de la vidéo de sensibilisation contre la violence conjugale envers les femmes qui a été lancée par l’Autre-Toit du KRTB ce 1er décembre en début de soirée au BeauLieu culturel de Témiscouata-sur-le-Lac.
C’est dans le cadre des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes se déroulant du 25 novembre au 6 décembre que l’organisme a partagé son nouvel outil. «"Un pas à la fois" c’est une vidéo qui a été conçue spécialement dans le but de mieux guider et orienter les personnes qui interviennent et travaillent auprès des femmes victimes de violence conjugale», explique Carole Donatelli, agente de sensibilisation à l’Autre-Toit du KRTB. Il montre aussi aux femmes le cheminement qui s’enclenche lorsqu’elles font appel à l’Autre-Toit pour de l’aide.
Selon SOS violence conjugale, depuis le début de l’année 2022, le Québec dénombre 14 féminicides, 6 infanticides et 1 homme tué par son ex-conjoint. «La violence conjugale est un problème social», soutient Nancy Cloutier, présidente du conseil d’administration de l’Autre-Toit. Au cours de l’année 2021, l’organisme ouvert 24 h sur 24, 7 jours sur 7 ainsi que 365 jours par année a accueilli 95 femmes et enfants, sans compter l’aide-externe apportée à plusieurs autres partout sur le territoire.
«Outre les meurtres, la violence envers les femmes prend plusieurs visages tels le harcèlement criminel, les agressions sexuelles, les menaces, les voies de fait. Enfin, tous les moyens qui briment la liberté de l’une et qui permet à l’autre d’asseoir son pouvoir et de faire preuve de contrôle sur sa vie», raconte Louise Castonguay, coordonnatrice de l’Autre-Toit du KRTB. Dans la majorité des cas de violence, elle souligne que les hommes abuseurs exercent aussi un contrôle coercitif qui permet d’établir un rapport de domination sur leur victime et de la garder sous leur emprise en les privant de leur liberté.
Afin de réduire ou même éradiquer la violence commise envers les femmes, la coordonnatrice mentionne qu’il faut croire en l’égalité entre les hommes et les femmes, croire et soutenir les femmes qui se confient sur leur situation de violence, s’informer sur les types de violence, supporter les organismes qui aident les femmes en détresse ainsi que prévenir et sensibiliser par divers moyens comme par l’éducation des jeunes ou la diffusion de vidéos.
Ce projet qui est le résultat d’un travail échelonné sur deux ans se veut autant être un outil informationnel que promotionnel. «Il va pouvoir être accessible à un grand public. C’était important aussi, car on veut rejoindre le plus de femmes possible. Donc c’est un investissement pour la sensibilisation et la prévention», assure Nancy Cloutier.
UN VIDÉO HUMAIN
Dans le court métrage, le réalisateur, Benoit Ouellet, a voulu faire une représentation réelle d’une situation qui peut être vécue par une femme victime de violence conjugale. Dans ce cas-ci, elle est insidieuse, psychologique et passe même par l’enfant. «Il y a des femmes qui nous disent "Moi ce n’est pas grave, je suis capable d’en endurer, mais mon enfant ne vivra pas ce que j’endure" C’est quand la violence va être tournée vers l’enfant qu’elles vont faire le choix de partir», souligne Louise Castonguay. Elle ajoute que 95 % des femmes quittent la maison avec leurs enfants.
M. Ouellet et les membres de l’Autre-Troit ont voulu retracer le parcours d’une femme qui choisit de se faire aider. «Un chez-soi c’est supposé être un cocon sécuritaire, pas une place où se vit de la violence, avance la coordonnatrice. Pas une prison non plus. Il y a beaucoup de femmes qui s’y sentent piégées complètement », termine le vidéaste.
Ainsi, les personnes qui visionneront la vidéo pourront observe le parcours d’une femme qui vit des deuils, soient celui de sa maison qu’elle abandonne et d’un amour qu’elle choisit de quitter, car «toute histoire de violence conjugale commence par une histoire d’amour», confie la présidente du conseil d’administration. Petit à petit, elle se rebâtit aux côtés de son enfant et finit par acheter un peu de yogourt qu’elle déguste avec lui sans arrière-pensée qui la guette.
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