70 ans de complicité et d'amour
Assise collée contre lui, elle le regarde parler doucement de leur vie tout en lui tenant fermement la main. Soudain, leurs regards se croisent et elle lui demande s’il l’aime encore. Il échappe un sourire, lui met une main sur l’épaule et lui fait un signe de la tête.
Cette complicité n’a pas de mot et elle me confirme que j’ai le plus beau métier du monde. Celui où j’ai le privilège de me glisser dans le quotidien de gens exceptionnels, comme Jeanne Ouellet et Victor Bélanger de Saint-Jean-de-Dieu, qui célèbrent leur 70e anniversaire de mariage. Soixante-dix ans, rien de moins et le regard toujours complice de deux amoureux dont la conversation ne tient que par un seul fil conducteur : l’amour. L’amour l’un de l’autre, bien sûr, mais également l’amour de leurs 14 enfants et de tous les petits moments de bonheur que la vie leur offre. Rencontre exceptionnelle de deux êtres exceptionnels.
Jeanne Ouellet et Victor Bélanger se sont mariés le 11 juillet 1938 à Saint-Jean-de-Dieu. Dès lors, ils quittent pour Saint-Guy pour coloniser la terre. Ils y restent 18 ans avant de revenir s’établir sur une ferme à Saint-Jean-de-Dieu, dans le rang de la Société. Aujourd’hui, leur fils Alain en est propriétaire et ses fils prendront éventuellement la relève. Avant de prendre définitivement leur retraite, Victor Bélanger et Jeanne Ouellet ont aménagé dans une petite maison au village.
Victor a travaillé sept ans comme préposé. Depuis deux ans, Mme Bélanger habite à la Villa Dubé et Victor vit chez lui dans sa maison. Il fait un jardin, corde le bois pour le chauffage, rend visite à sa femme, joue du violon et continue d’écrire ses mémoires. Il a déjà trois volumes à son actif, dont le dernier qui vient à peine de paraître et ce, toujours en collaboration avec le Centre Alpha des Basques.
Mais Jeanne et Victor respirent toujours le bonheur et nous racontent des anecdotes de leur vie avec beaucoup de générosité. Elle nous parle de ses enfants, de cette vie qui a passé si vite, de l’amour qui les unit et de son mari qu’elle aime toujours. Lui, il nous parle aussi de ses enfants, de sa tendre moitié pour qui il a même écrit des poèmes, de son jardin, de ses écrits et de cette vie qu’il ne cesse de louanger.
« La vie c’est comme un rêve, raconte avec passion Victor. Elle est toujours trop courte quand ça va bien. On avait de l’ouvrage et on ne voyait pas le temps passer. Aujourd’hui, on est rendu vieux. » Il nous dit même à plusieurs reprises qu’il est chanceux. En fait, je crois qu’ils ont fait leur chance. Ensemble, ils ont travaillé dur, ils ont élevé leurs 14 enfants et ont traversé chaque moment main dans la main en se contentant de peu. « On était heureux », se plaisent-ils à me dire.
À cette vie, ils y ont ajouté un petit air de violon, instrument que Victor maîtrise d’ailleurs encore très bien. Il m’en a fait la preuve lors de mon passage, alors que Jeanne a fait quelques pas de danse avec sa fille Lucette, présente lors de notre rencontre, tout comme leur autre fille France, son mari et leur belle-fille.
Le 31 août dernier, tous les enfants, les 14, de la famille Bélanger de même que les conjoints, plusieurs petits et arrière-petits-enfants ont célébré ce 70e anniversaire de mariage à Saint-Jean-de-Dieu. Une belle fête qui restera à jamais gravé dans la mémoire de Jeanne Ouellet et Victor Bélanger, des êtres d’exception que j’ai eu la chance de rencontrer et que j’espère revoir pour souligner, qui sait, leur 75e anniversaire de mariage. Après tout elle n’a que 90 ans et lui 92!
À la toute fin, Victor m’a offert quelques légumes de son potager, un sourire, une poignée de main sincère, Jeanne aussi d’ailleurs, et il est venu gentiment me reconduire à la voiture. La galanterie a toujours sa place. Enfin, ils m’ont remercié d’être venue les voir. C’est à moi de les remercier. J’ai rencontré deux personnes uniques qui ont choisi d’être heureux et qui récoltent tout simplement ce qu’ils ont semé.
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