Les coulisses des sciences de l’amour
C’est que certains chercheurs s’intéressent à ce qui se passe avec nos neurones pendant l’orgasme. Non, ce n’est pas pour se rincer l’œil, car ce sont plutôt les volontaires qui regardent des films pornos sous le scanner. Tandis que les chercheurs gardent les yeux braqués sur leurs graphiques...
Le Pr. Barry Komisaruk, de l’Université Rutgers dans le New Jersey, tente en effet de percer en direct les mystère du point G! L’une de ses cobayes témoigne sous le faux nom de Vicky dans le magazine Wired : « C’est amusant de jouir dans un IRM pour la science. […] Je devais leur dire quand j’allais venir pour qu’ils puissent le noter sur leur ordinateur. »
Des collègues néerlandais se sont intéressés quant à eux à la jouissance masculine dans une étude datée de 2003 et parue dans le Journal of Neuroscience. Ils avaient demandé aux compagnes de se charger de la « stimulation manuelle ».
D’autres chercheurs encore envoient les tourtereaux à deux dans le scanner pour étudier l’anatomie pendant l’acte sexuel. Tout ça pour apprendre que le pénis prendrait la forme d’un boomerang lors de la position du missionnaire.
Ceci dit, faire l’amour dans un scanner n’est pas si excitant : la plupart des sujets ont besoin de Viagra...
Quelle motivation?
Mais qu’est-ce qui motive un participant à se livrer ainsi? « Tout d’abord, la curiosité » répond Barry Komisaruk. « Les gens veulent voir à quoi ressemble leur activité cérébrale lors de l’acte sexuel et de l’orgasme, et nous le leur montrons. En aucun cas, ils ne viennent pour un problème psychologique ou physiologique. Et nous ne leur promettons jamais de leur confirmer s’ils sont réellement en amour ou pas! »
Par contre, toutes ces recherches pourraient vous apprendre que, par exemple, il ne faut pas manquer le premier baiser: ça pourrait être fatal au futur couple ! Non seulement le french kiss pourrait servir à jauger la compatibilité génétique du partenaire, mais il produirait aussi des changements hormonaux qui renforcent l’attachement.
C’est à cette conclusion qu’est arrivée Wendy Hill du Collège Lafayette (Pennsylvanie) après avoir passé de longues heures à regarder de jeunes étudiants se bécoter dans son labo. Quinze couples hétérosexuels ont accepté de s’embrasser pendant 15 minutes. Pendant ce temps la chercheuse a mesuré les taux de cortisone, l’hormone du stress et d’ocytocine —une hormone impliquée dans les liens sociaux.
Résultat : une baisse du taux de cortisol dans les deux cas et une augmentation du taux d’ocytocine chez les garçons. Pourquoi pas chez les filles ? Parce que l’atmosphère du laboratoire n’était pas assez romantique... et pour les filles, le contexte compte davantage que pour les garçons, visiblement !
L’expérience a donc été refaite ailleurs avec des fleurs, des chandelles et un canapé. Et il n’en a pas fallu plus pour faire sauter la gêne des dames et voir s’élever leur niveau d’ocytocine.
Soignez vos odeurs
Mais il y a un dernier facteur en jeu: l’odeur. « Il y a certainement peu de chances qu’on arrive jusqu’au premier baiser si ça ne colle pas au niveau de l’odeur », croit le Dr. Marylin Jones-Gotman, de l’Institut neurologique de Montréal.
Pour cela, elle a demandé à 20 jeunes femmes de renifler des t-shirts portés par leurs conjoints, des amis garçons et filles, et des étrangers. Dégoûtant? « Si vous pensez au t-shirt plein de sueur après une séance de gym, vous faites fausse route, répond la scientifique. Nous utilisons des odeurs humaines très pures, qui ne sont pas contaminées par d’autres. Ce n’est pas très fort et on n’a pas besoin d’être conscient que ces odeurs existent ».
Or, les volontaires sont parvenues à identifier l’odeur de leurs amoureux et de leurs amies filles. Par contre, celles qui se déclaraient follement amoureuses, ont eu du mal à reconnaître la senteur des messieurs du sexe opposé, ami ou étranger. La conclusion de cette étude : les odeurs contribueraient plutôt à atténuer l’attirance envers les concurrents, et non à renforcer l’attirance vers son partenaire. Comme quoi l’amour ne rend pas qu’aveugle, il nous fait aussi perdre notre odorat!
Source : Mathieu Burgard, Agence Science-Presse
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