Un cancer à l’origine d’une belle amitié
RIVIÈRE-OUELLE/SAINT-PASCAL - À son arrivée chez Anne Robert, Dominique Ouellet, cheveux courts, souriante, lui remet une boîte de biscuits belges que l’on devine succulents. Puis, ce sont les accolades. On comprend tout de suite qu’un beau lien d’amitié unit ces deux femmes. Ce qu’on ne voit pas, c’est qu’il s’est tissé dans une épreuve. Atteintes d’un cancer du sein, elles sont toutes deux porteuses d’une mutation génétique les prédisposant à un autre cancer.
L’entrevue se déroule à la table de la cuisine de la résidence secondaire que madame Robert possède à Rivière-Ouelle, sur le bord du fleuve, avec son conjoint, l’organiste Jacques Boucher. Elle-même est une violoniste de renom qui a notamment prêté son archet à l’Orchestre symphonique de Montréal comme premier violon pendant 12 ans.
À les voir rire, on a du mal à croire qu’elles ont dû, à un moment de leur vie, prendre une décision difficile à la suite d’une importante réflexion. Après avoir été traitée pour un cancer du sein, Anne Robert a su qu’elle était porteuse d’une mutation génétique la prédisposant fortement à un autre cancer. Elle choisit de subir une ablation préventive des seins et des ovaires, suivie d’une reconstruction mammaire innovatrice. Dominique Ouellet est en attente d’une même chirurgie.
Une rencontre lumineuse
Résidante de Saint-Pascal, Mme Ouellet a elle aussi été soignée en 2011 pour un cancer du sein : chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie. En cours de traitement, elle apprend après avoir passé le test qu’elle est porteuse de la mutation génétique.
Après avoir vu Anne Robert à l’émission Une pilule une petite granule, elle décide de l’appeler. Cette rencontre sera déterminante dans le cheminement de Mme Ouellet. « Ce fut une rencontre lumineuse, ici, devant le fleuve », lance Dominique Ouellet, pétillante.
« Je lui posais les bonnes questions pour la ramener à elle-même, lui ouvrir des avenues », dit Mme Robert. Comme le raconte la musicienne, il n’y a pas qu’une possibilité dans une telle situation. « Ça te hante jour et nuit, jusqu’à ce que tu prennes une décision », poursuit-elle. Et celle-ci ne doit pas venir des émotions, des autres ni de l’intellect, « elle doit venir du cœur, c’est la seule façon de ne pas la regretter. » Anne Robert a, à ce moment, écouté la petite voix en dedans d’elle.
Madame Robert croit aussi qu’il faut se donner du temps et d’aller chercher de l’aide psychologique. « Après cela, tu ne peux plus être la même personne », dit-elle. Aujourd’hui, Anne Robert en parle comme d’une « opportunité d’ouverture vers une vie transformée, plus profonde, plus vraie, plus consciente. » Madame Robert va plus loin : « tu te sers d’une épreuve pour en faire un tremplin vers plus grand. » Et lorsqu’elle ajoute, « je suis maintenant capable de dire que c’est un cadeau », Dominique Ouellet baisse les yeux. « Moi, je ne suis pas rendu là », reconnaît-elle.
Continuum
À part celle avec Dominique Ouellet, Anne Robert aura fait une autre grande rencontre : celle avec son chirurgien-plasticien, le docteur Alain Gagnon qui est aussi musicien.
Ensemble pour apporter information et soutien aux porteurs de mutations génétiques, ils lancent « Continuum », un projet artistique et médical. S’en suit la publication d’un livre dans lequel Anne Robert raconte sa démarche, la parution de l’album « Une musicienne et son chirurgien — De l’insouciance à la reconnaissance » où, à travers des œuvres pour violon et piano, chaque étape est relatée en musique, et une série de concerts.
Convaincue d’avoir pris la bonne décision, Dominique Ouellet subira sa chirurgie dans les prochains mois. Par la suite, elle veut, comme Anne Robert l’a fait pour elle, aider d’autres femmes à cheminer dans cette épreuve.
Collaboration : Maurice Gagnon, leplacoteux.com
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