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Lise Pelletier et l’Innu Meshkenu: relever des défis interculturels

durée 5 avril 2013 | 16h06
  • Cathy Gagnon
    Par Cathy Gagnon

    journaliste

    Rivière-du-Loup – À travers le projet Innu Meshkenu, Lise Pelletier a vécu une expérience humaine hors du commun en partageant la vie d’autochtones pendant 11 jours.

    En plus de faire des rencontres touchantes parmi tous les participants et d’avoir des liens plus approfondis avec quelques-unes des femmes autochtones, la pèlerine a pu apprendre beaucoup sur les défis quotidiens des peuples autochtones et sur leur façon de vivre, si différente de la nôtre.

    LA SIMPLICITÉ ET LA CONFIANCE

    « Dès mon arrivée, au premier lieu de rassemblement le soir précédent notre départ, je me suis heurtée à la façon de faire des autochtones, révèle Mme Pelletier. En tant que blanche nord-américaine, j’ai un besoin de contrôle, de rigueur et de précision qui sont loin de faire partie des mœurs autochtones. À partir du moment où j’ai compris comment ils pensaient, comment ils fonctionnaient et que j’ai accepté de faire de même, j’ai commencé à vivre vraiment l’aventure, raconte Mme Pelletier. Ça m’a fait un bien énorme! Les autochtones laissent aller les choses naturellement, ils font confiance à la vie. J’aime leur simplicité et leur bonne humeur. Avec eux, il y a moins de règles, ils ne compliquent pas tout. Pour eux, le temps est un allié, contrairement à nous qui nous battons sans cesse contre lui! Ils voient tout le monde comme des êtres humains. Ce sont des gens pacifiques. C’est en partie cette passivité qui, historiquement, leur aura nuie avec les blancs », explique-t-elle.

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    Lise Pelletier chez les Innus

    « Je comprends qu’ils puissent garder certaines rancunes face aux blancs et que, pour cette raison, certains autochtones n’étaient pas heureux de voir des blancs participer à l’aventure. Cependant, la confiance s’installant, la plupart ont changé d’attitude avec nous au cours du séjour. La communication avec les autochtones est différente, on ne peut pas poser de question directe sans qu’un lien ne se soit d’abord établi. J’étais prête à toutes les réactions possibles et je me devais d’être réceptive, à l’écoute. À ce niveau, toute mon expérience professionnelle m’aura beaucoup servi », affirme Mme Pelletier.


    Lise Pelletier a été touchée par l’histoire de Stanley Vollant et souhaite le soutenir dans son projet d’insuffler de l’espoir aux jeunes autochtones.

    DES PROBLÉMATIQUES

    Au début et à la fin de son périple, Lise Pelletier a passé deux nuits dans des maisons de familles autochtones. Elle a pu constater par elle-même certains problèmes quotidiens auxquels ils doivent faire face et voir leur milieu de vie.

    « Il y a un réel problème de manque de logements dans les villages autochtones. Souvent, ils vivent entassés à trois et même quatre générations dans la même maison. Certains villages sont beaucoup plus pauvres que d’autres et il semblerait que ce soit une question politique. Certains semblent s’entendre mieux avec le gouvernement fédéral. Pourquoi? Je ne sais pas. Il y a un manque de motivation à l’instruction. Il y a beaucoup de décrocheurs, et de très jeunes parmi la population autochtone. Il y a également des problèmes de consommation qui alourdissent la situation », souligne la voyageuse.

    « Tous les gens ont raconté pourquoi ils participaient au projet. Stanley Vollant a lui-même parlé de son vécu, du fait que les pensionnats ont brisé la culture autochtone et que cette population en vit encore les conséquences. Il a raconté que ses parents ont vécu dans les pensionnats et il a parlé de l’alcoolisme de sa mère et des effets sur sa vie. Il souhaite que les jeunes prennent leur vie en main, en passant d’abord par leur santé. Il n’est pas toujours optimiste quant à la réussite de son projet. Mais pendant l’aventure, nous avons pu déjà en constater les bienfaits sur quelques jeunes. Aussi, lors d’une soirée spéciale, le Dr Vollant avaient invité des personnalités, des modèles qui ont pu partager leur histoire et leur motivation avec l’ensemble des personnes présentes », se rappelle Mme Pelletier.

    L’APPRENTISSAGE

    En plus d’avoir appris à écouter son corps, malgré la déception, Lise Pelletier a fait de nombreux apprentissages à divers niveaux. Le but le plus important de son voyage était de mieux connaître la culture autochtone, « ce peuple vivant dans le même pays que nous et que l’on connait si mal ».

    « J’ai appris que les qualités humaines sont contagieuses, quelles que soit leur culture. Que l’ouverture à l’autre permet la rencontre véritable. Qu’aucune culture n’est supérieure à une autre, ni inférieure. Les cultures sont différentes et les comprendre nous enrichit. Juger l’autre culture avec la logique de la nôtre est totalement inefficace et mène à la confusion et au jugement erroné », résume et conclut Mme Pelletier.




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