De coeur et D'Amours
À 6 pieds, 3 pouces, le joueur de hockey Anthony D’Amours est imposant sur la glace. Mais ceux qui le connaissent bien diront que sa présence est tout aussi grande, sinon plus, dans sa communauté. Joueur humanitaire, d’équipe, l’athlète de Trois-Pistoles est un homme d’actions qui brille bien souvent loin des projecteurs.
Si le grand défenseur de l’Océanic de Rimouski inspire le respect lors des matchs, grâce à ses mises en échec percutantes et son jeu physique, il le fait également une fois l’équipement de hockey retiré, grâce à son éthique de travail et à sa motivation à faire le bien autour de lui.
Si ce n’était pas de la pandémie, D’Amours, 20 ans, aurait sans doute déjà accepté quelques invitations à s’investir pour de bonnes causes. Il serait aussi fébrile et impatient de renouer avec les enfants de l’hôpital régional de Rimouski.
Depuis deux ans, l’athlète est l’ambassadeur principal du «Mois des petits héros», une initiative de la Fondation du centre hospitalier rimouskois. La cause lui est chère et personnelle; il est lui-même atteint d’épilepsie.
«Il y a toujours une journée au mois de février où quelques joueurs de l’Océanic vont passer une journée à l’hôpital. On discute, on joue avec les enfants, on passe du temps avec eux. L’an dernier, la journée avait vraiment été forte en émotion pour moi. De voir les jeunes faire face à leur maladie, c’était vraiment inspirant», raconte-t-il au bout du fil.
«Personnellement, j’ai aussi parrainé une jeune fille, Charlie, qui a besoin de suivis réguliers à l’hôpital pour son épilepsie […] Ses parents me confiaient récemment que ç’avait été une journée importante pour elle, puisqu’elle avait pu s’associer à quelqu’un de plus grand dans une situation similaire. Mais en vérité, j’ai moi-même été très touché par notre rencontre.»
Cette année, le contexte est différent. La visite au centre hospitalier ne sera pas possible, la venue des jeunes à l’aréna pour une journée V.I.P, remplie d’activités et de jeux, non plus. Mais l’équipe de l’Océanic reste présente auprès de la Fondation. Anthony D’Amours tenait encore une fois à donner du temps, il dira même c’était «essentiel».
Ainsi, au cours des derniers mois, il a accepté d’être l’un des personnages d’un livre jeunesse intitulé «Un but à la fois» en compagnie de ses coéquipiers Nathan Ouellet (de Rivière-du-Loup), Zachary Bolduc, Isaac Belliveau et Luka Verreault.
L’ouvrage, écrit par l’auteur François Bérubé et illustré par le bédéiste Vincent Rioux, met en vedette deux enfants, Jade et Clovis. Leur histoire et leurs rencontres avec les joueurs de l’Océanic guideront et influenceront les jeunes de la région qui traversent des situations de stress, de changements ou vivant des situations médicales particulières en lien avec la santé physique ou mentale.
«Avec la pandémie, on n’a pas la chance de passer du temps avec les enfants, alors le livre est une façon de garder contact, d’être présents. C’était aussi primordial de poursuivre notre alliance avec la Fondation et de redonner. Tous les profits du livre lui seront versés», explique le joueur de hockey, soulignant que plusieurs joueurs de l’équipe font aussi de la correspondance avec un enfant. «Une opportunité d’aider à les sortir de l’isolement», complète-t-il.
UN ATHLÈTE PRÉSENT
Anthony D’Amours n’en est pas à ses premières implications, loin de là. En 2019-2020, le grand gaillard, au cœur tendre, était en lice pour le titre de joueur humanitaire 2020 dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Une distinction qu’il n’aurait pas volée.
Pendant la saison, sa troisième avec l’Océanic, le défenseur avait allié son nom à une liste impressionnante de causes différentes, dont plusieurs reliés à la santé. Ses participations au Défi têtes rasées de Leucan, au Patin-O-Thon de l’Océanic et à une collecte de sang du Service de sécurité incendie de Trois-Pistoles n’en sont que quelques exemples. Encore récemment, il a participé à la livraison de denrées alimentaires avec la Maison des Familles de Rimouski-Neigette.
«Anthony D’Amours, c’est une attitude édifiante […] Et bien que son leadership soit effacé vocalement et plus mu par l’exemple, il représente, tant aux yeux de ses entraineurs que de ses coéquipiers, un exemple inspirant à suivre», a écrit son entraineur-chef, Serge Beausoleil, dans une lettre envoyée au comité de sélection pour le trophée du joueur humanitaire.
Son témoignage n’est pas unique. Stéphanie Boulianne, directrice générale de la Fondation du Centre hospitalier régional de Rimouski, Denis Lauzier, préventionniste à Trois-Pistoles, de même que les enseignantes Nadia Plourde et Caroline Ross, ont pris le temps d’écrire des textes soulignant leur appréciation envers le jeune homme.
«Anthony, c’est celui qui, généreusement, prend le temps, après une journée de cours et d’entrainement, d’aller jouer avec des jeunes qui se sont tassés sur les côtés pour le laisser passer, car ils jouaient au hockey dans la rue, soutient Mme Plourde.
Anthony, c’est celui qui a fait parvenir au salon funéraire sa carte de joueur autographié à mon fils lors de la perdre de son grand-père en guise de réconfort et ça, personne ne le sait.»
Ces mots sont éloquents, porteurs. Pourtant, Anthony n’en reste pas moins humble. Tous vous diront qu’il ne le fait pas pour les caméras, même qu’il apprécie quand elles n’y sont pas. Pour le jeune homme, c’est «une chance» de pouvoir faire une différence, aussi petite soit-elle. Le faire dans les couleurs de l’équipe de sa jeunesse, tout près de sa région natale, c’est aussi un privilège qu’il chérit.
«On dit souvent que l’Océanic est l’équipe de toute une région. C’est vrai, mais c’est aussi MA région. Tout ce que je fais, les redevances que ça apporte, c’est pour les gens que j’aime et que je côtoie, ça me motive encore plus», lance l’athlète qui attribue cette volonté de s’impliquer à ses parents.
«Aujourd’hui, j’ai des occasions, avec l’Océanic, de transmettre autour de moi les valeurs qu’ils m’ont inculquées et je veux simplement en profiter […] Avec mes antécédents, je priorise peut-être les causes reliées à la santé, mais tous les petits gestes sont importants», mentionne le jeune homme, assurant retirer lui aussi des bénéfices des échanges et du contact humain. «Quand je termine une activité, je me sens bien. Je suis aussi gagnant là-dedans», dit-il.
Anthony D’Amours souligne qu’enfant, il vouait faire du bien autour de lui. Visiblement, ça n’a pas changé avec l’âge et c’est vraiment tout à son honneur.
Le livre «Un but à la fois» est disponible en prévente au www.fondationchrr.com jusqu’au 31 décembre. Il sera ensuite disponible en librairie le 1er février.
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