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Le Cheval Noir : la passion d'abord

durée 7 mars 2021 | 06h03
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Depuis qu’elle a rejoint le marché du travail, la Pistoloise Kim Normandin s’est toujours laissée guider par ses passions. C’est donc tout naturel que l’une d’entre elles, l’intégration socioprofessionnelle, la pousse maintenant à concrétiser un projet d’affaire, une entreprise à vocation sociale «stimulante», dont l’objectif sera d’épauler des jeunes à s’épanouir au travail dans les Basques. 

    Il y a un peu plus d’un an, l’intervenante sociale a fait l’acquisition du bâtiment qui hébergeait autre fois la Mercerie Gagnon & Frères située au centre-ville de Trois-Pistoles. Un immeuble immense qui sera le point d’ancrage, espère-t-elle, d’un rêve qu’elle souhaite réaliser depuis longtemps : l’ouverture d’une entreprise vouée à offrir un tremplin vers le marché de l’emploi à des personnes vivant certaines difficultés. 

    Kim Normandin a nommé son entreprise Le Cheval Noir, un clin d’œil à la légende bien connue à Trois-Pistoles et dont une statue à son effigie se trouve dans le parc situé à quelques dizaines de mètres de sa porte d’entrée. À terme, on retrouvera au sein du bâtiment une auberge de jeunesse, de même qu’une boutique où le terroir des onze municipalités de la MRC des Basques sera à l’honneur. L’idée, toute simple, est que les participants, aux prises avec certaines difficultés, y grandissent personnellement, tout en acquérant une expérience professionnelle concrète.   

    «L’intégration socioprofessionnelle jeunesse, c’est vraiment l’élément central du projet, souligne-t-elle. Je travaille dans ce milieu depuis plus de 25 ans, comme enseignante ou intervenante, et je me suis toujours dit qu’il y avait un potentiel de réaliser un beau projet à Trois-Pistoles. Mon objectif, c’est d’apporter une offre nouvelle et intéressante, tout en proposant une expérience de travail stimulante aux personnes qui y seront engagées.» 

    Elle-même intervenante sociale de profession, Kim Normandin explique que plusieurs organismes œuvrant dans les Basques, comme Univers Emploi, Service Accès-Emploi et l’Association des personnes handicapées L’Éveil des Basques, aident leur clientèle à atteindre le marché du travail grâce à des programmes d’intégration socioprofessionnelle. Avec Le Cheval Noir, elle souhaite leur servir d’alliée en offrant un lieu de choix pour la réalisation d’un stage, par exemple. 

    Les employés, âgés entre 15 et 35 ans, seront référées par des organismes ou d’autres instances du milieu. Déjà, des ententes ont été conclues avec l’Éveil des Basques et la responsable stages pour les jeunes des groupes de PFAE (parcours de formation axée sur l’emploi) de l’École secondaire de Trois-Pistoles. 

    «Accueillir des gens pour une expérience d’intégration socioprofessionnelle, ça demande du temps, de l’écoute et de la compréhension. En étant moi-même l’employeur, en ayant conscience de leurs besoins, je veux leur donner accès un milieu adapté et des espaces sécurisés, un endroit où ils pourront s’épanouir, vivre une expérience positive, et qui sait, peut-être même obtenir un emploi à long terme par la suite», indique-t-elle.

    C’est aussi pourquoi l’instigatrice du projet a imaginé Le Cheval Noir comme une entreprise et non un organisme à but non lucratif. Elle veut que les participants se présentent en étant fiers d’avoir un emploi, un vrai, et qu’ils bâtissent sur cette expérience. «Je ne veux pas qu’ils se sentent étiquetés. Mon but, c’est qu’ils viennent travailler et qu’ils portent leur uniforme avec la fierté que ça implique», dit-elle, soulignant que l’immersion professionnelle permettra à plusieurs jeunes de maintenir le cap sur leur persévérance scolaire et sur leur avenir. 

    Kim Normandin assure d’ailleurs que les profits éventuels de l’entreprise permettront surtout d’améliorer les installations et d’engager davantage de personnel afin d’amener le projet à un autre niveau. La propriétaire estime qu’elle ne fera pas fortune avec ce projet, mais la richesse se trouve, à ses yeux, ailleurs que dans le compte en banque. «Je suis passionnée et c’est ce qui me motive à me lancer, partage-t-elle. De voir les jeunes s’ouvrir et prendre confiance au courant de leur expérience de travail, c’est ça la paye finalement.»

    CAMPAGNE DE SOCIOFINANCEMENT 

    Pour que son projet – son rêve – puisse démarrer, Kim Normandin a besoin d’un coup de pouce. C’est pourquoi une campagne de sociofinancement a été lancée, récemment, sur le site La Ruche Bas-Saint-Laurent. L’objectif est de 25 000 $, une somme qui sera doublée -si elle est atteinte - par le gouvernement du Québec, grâce au Fond MILLE et UN pour la jeunesse. 

    «Tout part de la réussite de cette campagne, estime aujourd’hui la femme d’affaires qui travaille sur ce projet depuis deux ans. Cet argent permettra de lancer l’entreprise et sera un levier afin d’obtenir les prêts nécessaires pour sa réalisation.»

    Concrètement, les milliers de dollars amassés dans la communauté seront utilisés afin d’assurer l’accessibilité des lieux pour les personnes à mobilité réduite tel que les personnes âgées et les jeunes en intégration socioprofessionnelle eux-mêmes. Par la suite, d’autres travaux importants de mise aux normes seront entrepris en vue de l’ouverture souhaitée dans quelques mois. La facture est évaluée à environ 200 000 $. 

    Plusieurs partenaires du milieu des affaires, comme la SADC et le CLD, ont aussi été approchés afin qu’ils soutiennent financièrement l’initiative. Kim Normandin assure d’ailleurs avoir multiplié les démarches et les actions afin que leur aide soit confirmé. Elle espère que le lancement officiel de l’entreprise puisse enfin permettre d’attacher les chainons manquants et de prouver, une fois pour toute, son engagement envers ce projet. 

    Les municipalités de la MRC des Basques ont aussi été invitées à soutenir financièrement l’initiative. Les municipalités de Saint-Éloi et Saint-Jean-de-Dieu ont d’ailleurs offert un montant à la campagne, récemment. De leur côté, la Ville de Trois-Pistoles et la MRC ont salué l’idée. 

    Le 5 mars, 13 255 $, soit plus que 50 % de l’objectif visé, ont été récoltés. La campagne se poursuit pour encore une vingtaine de jours. 
     

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