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Le vélo de rêve de Britanie et le vieux rêve de son père 

durée 1 avril 2021 | 06h55
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Il y a quelques années, la cycliste Britanie Cauchon a croisé le vélo de ses rêve. Un vélo au design moderne, de couleur noire mat sur laquelle contrastait un lettrage jaune vif. Un de ces vélos qui semblait aller vite, même lorsqu’il était immobile.  

    Étrangement, même si elle a vu des dizaines de vélos ces dernières années lors des événements du championnat québécois de vélo sur route, un ne l’a pas autant marqué.

    Peut-être ordinaire aux yeux de certains, il en était tout autre dans les siens. Rien ne s’y comparait, pas même certains de ses propres modèles dont elle avait pourtant choisi la couleur. 

    «C’était le vélo parfait. J’en ai vu un qu’une seule fois comme celui-là et j’y ai pensé souvent», raconte-t-elle, au bout du fil. «J’ai tellement agacé mon père pour qu’il m’aide à en trouver un.»

    Son père Patrice – un passionné de cyclisme lui aussi –, a multiplié les appels et il a cherché longtemps, en vain. «On a vraiment essayé, mais il n’y en avait pas. Je me disais que je n’aurais jamais l’occasion d’en avoir un comme ça. Il ne s’en faisait simplement plus de cette couleur…»

    L’histoire aurait bien pu s’arrêter là, et Britanie aurait pu rouler un vélo d’une autre couleur la saison prochaine. Mais ce ne sera pas le cas. La jeune femme, élue «athlète espoir féminin de l’année» lors du plus récent Mérite cycliste québébois, coursera bel et bien sur un vélo noir aux lettrage jaune éclatant cette saison. Comme elle l’a souhaité depuis cette faveuse rencontre, il y a trois ans. 

    Qui plus est, elle performera sur un vélo signé de son nom et de celui de son père : «Cauchon». Un vélo issu de la nouvelle marque qu’elle a justement développée avec son paternel. Oui oui, un modèle créé par la nouvelle entreprise familiale de Saint-Alexandre-de-Kamouraska. 

    SE LANCER EN AFFAIRES

    Ainsi, dans quelques semaines, quand Britanie coursera une première fois avec le vélo sur lequel elle s’est si souvent imaginé, elle se fera certainement très plaisir. Elle permettra également à son père de réaliser à son tour «un vieux rêve», celui d’avoir sa propre compagnie de vélo. Si ce n’est pas déjà le cas, l’événement rendra cette nouvelle aventure bien réelle. 

    Patrice Cauchon travaille sur cette idée de lancer sa propre marque de vélo depuis deux ans. Le projet a pris davantage de place au printemps dernier, lorsque la pandémie a frappé la province. Puis, ces derniers mois, il a développé ses contacts au Québec, au Canada, mais aussi en Asie où sont fabriqués la très grande majorité des cadres de vélo en carbone du marché international. Le projet est passé à la réalité quand le modèle a commencé à être assemblé, récemment. 

    «L’objectif, c’est d’abord d’offrir à Britanie le meilleur vélo possible pour son entrée chez les juniors», explique Patrice Cauchon. «Acheter un vélo et le modifier pour l’adapter parfaitement à elle, ça revient très dispendieux. Le faire soi-même, comme fabricant, c’est sauver sur les couts et avoir l’opportunité de le personnaliser.»

    Le peindre en noir avec un lettrage jaune, par exemple, mais aussi lui ajouter toutes les composantes souhaitées. Pour les courses sur route et les épreuves de critérium, Britanie roulera prochainement le «Raptor», un modèle haute-performance sur lequel on retrouve des éléments à la fine pointe de la technologie comme des freins à disque hydraulique et un système Bluetooth pour les changements de vitesse. 

    «Britanie est une athlète d’excellence en vélo et je pense qu’elle est rendue à cette étape-là. Si tu veux rivaliser avec les meilleures au monde, il faut avoir le même équipement. Tu ne veux pas une Kia aux côtés des Ferrari sur la ligne de départ», image Patrice, soulignant qu’un deuxième modèle plus conventionnel, avec freins sur jantes, a aussi déjà été développé. 

    Concrètement, l’entreprise achète ses cadres de carbone de la Chine. Le vélo est ensuite assemblé selon les envies et le budget du client. Il n’y a pas vraiment de limite, si ce n’est le plafond de la carte de crédit. Le produit final peut couter quelques milliers de dollars, mais il est créé sur mesure, par et pour l’athlète, ce qui lui confère une très belle valeur ajoutée. 

    «Tout est fait selon le souhait du client. À la livraison, le vélo aura le design voulu, les composantes désirées et il sera déjà adaptée pour la physionomie du cycliste […] C’est un concept assez unique», partage Patrice.

    «Nos distributeurs sont québécois et canadiens. On compte également sur l’expertise des entreprises locales comme Carrosserie Kamouraska, Enseignes RDL et Outils Viel, toutes déjà partenaires avec nous pour Britanie», complète-t-il. 

    Chose certaine, Britanie est fébrile à l’idée d’utiliser son vélo dans les mois à venir. Nul doute qu’elle fera une ambassadrice hors-pair pour la marque et elle participera à l’optimisation du produit. «Il est beau, il porte mon nom et c’est mon père qui l’a designé, qui l’a monté. C’est vraiment le fun et c’est gratifiant aussi pour lui, tout comme pour moi.»

    Ce n’est pas la première fois que Patrice Cauchon s’investit dans un projet entrepreneurial en lien avec la pratique sportive de ses enfants. Il y a quelques années, il a participé à la fondation de l’entreprise Nagano Skates qui produit de l’équipement destiné au patinage de vitesse. Il fait d’ailleurs toujours partie des partenaires. 

    L’homme d’affaire souligne d’ailleurs qu’il ne compte pas laisser son emploi chez Hydro-Québec pour se consacrer à plein temps à sa nouvelle entreprise. Il souhaite néanmoins aider des cyclistes à confectionner le vélo de leur rêve. Du même coup, leur vente permettra de financer une partie des prochaines saisons de Britanie. 

    De son côté, même si elle est très fière de son vélo, la talentueuse cycliste souhaite d’abord attirer les regards par ses performances. La machine ne fait pas le coureur, rappelle-t-elle. «J’ai vraiment hâte de le rouler et de montrer que c’est le meilleur. En même temps, je veux prouver que le vélo ne fait pas le cycliste. Je veux performer.»

    On ne s’attend à rien de moins. 

    VERS LES MONDIAUX JUNIORS SUR PISTE

    Par ailleurs, Britanie Cauchon pourrait avoir la chance de représenter le Canada aux championnats du monde juniors de vélo sur piste, en septembre prochain. L’athlète de Saint-Alexandre-de-Kamouraska participera aux qualifications de l’équipe canadienne au début du mois d’aout du côté de Milton en Ontario. 

    «C’est ma chance d’aller me classer pour les Mondiaux et c’est vraiment ce qui me motive pour la prochaine saison», a partagé l’athlète la semaine dernière. 

    Ces derniers mois, la cycliste a poursuivi sa préparation à travers ses études à l’École secondaire de Rivière-du-Loup. Elle espère que ses efforts porteront fruit au cours des prochains mois. 

    Si la situation épidémiologique au Québec le permet, son prochain rendez-vous cycliste aura lieu le 24 avril à Granby pour une épreuve contre-la-montre sur route. Même si des incertitudes persistent sur la tenue des prochaines courses, Britanie assure qu’elle sera d’attaque pour toute éventualité. 


     

    commentairesCommentaires

    1

    • GB
      gilbert blachon
      temps Il y a 3 ans
      Je n'ai jamais eu un aussi beau vélo dans ma jeunesse pour courir, Mais il y a une chose que j'ai apprise dans mes entrainements surtout dans les courses derrière derby, apprès avoir vu plusieurs copains se planter en suivant ces motos. Il est très dangereux de se faire aspirer sans voir la surface de la route où on place nos roues. J'ai vu un vidéo de ton entrainement et je trouve que tu prends un gros risque, surtout sur les routes pleines de nids de poule du Québec.
      Tu as une belle carrière qui s'en vient. Attention de ne pas faire comme PKP qui s'est planté dans une crevasse.
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