«Maude a gagné pour tout le monde au Bas-Saint-Laurent» - Jean Charron
La victoire olympique de l’haltérophile originaire de Sainte-Luce, Maude Charron, est toujours le sujet de l’heure au Bas-Saint-Laurent, une journée après sa consécration à Tokyo. La médaille d’or remportée, de même que l’histoire, les efforts et les sacrifices derrière celle-ci, inspirent et rassemblent sur l’ensemble du territoire bas-laurentien.
Jean Charron, le papa de la championne, avoue réussir tranquillement à assimiler, ce matin, que sa grande fille est médaillée d’or olympique. Dire que l’homme d’affaires est rempli de fierté est un euphémisme comme il s’en fait peu.
«C’est encore un peu irréel», partage le Louperivois d’adoption, le sourire dans la voix. «C’est aussi beaucoup d’émotions. Après sa victoire, hier, tout le monde pleurait. Vous savez, j’ai 58 ans et j’ai eu la chance de connaître quelques athlètes olympiques dans ma vie. Par contre, seulement l’une d’entre elles a remporté une médaille d’or…et c’est ma fille. C’est vraiment quelque chose d’incroyable.»
M. Charron, propriétaire de la Buanderie Rivière-du-Loup Ltée, a raconté avoir écouté chaque seconde de la compétition à son domicile louperivois. «J’ai quitté la buanderie une heure et demie pour prendre le temps de tout regarder à la télévision. Quand je suis revenu, j’avais le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Les employés étaient tous aussi très heureux. Ils m’ont avoué qu’ils n’avaient pu s’empêcher d’écouter l’épreuve en direct eux aussi. C’était tellement drôle, je ne pouvais vraiment pas les chicaner.»
À 28 ans, Maude Charron a décroché la deuxième médaille d’or du Canada aux Jeux de Tokyo 2020, grâce à une victoire dans la catégorie des 64 kg. Elle a confirmé sa position de tête en réussissant un soulevé de 131 kg à sa troisième tentative à l’épaulé-jeté, après avoir levé 105 kg à l’arraché. Sur la plateforme, alors qu’elle avait toujours la barre au-dessus de la tête, l’émotion était vive pour l’athlète.
Au Bas-Saint-Laurent, comme ailleurs au Canada, des cris et des applaudissements ont retenti dans plusieurs foyers et lieux de travail. En quelques minutes, Maude Charron est devenue l’idole d’une région, d’une province, d’un pays. La preuve qu’il est possible de poursuivre ses rêves sans être déraciné de sa région.
«Maude est arrivée aux Jeux olympiques en étant déjà gagnante de s’être qualifiée. Gagner l’or, c’est exceptionnel et c’est vraiment la cerise sur le sundae. Elle a remporté cette médaille pour tout le monde, pas juste pour elle», souligne Jean Charron, concédant que ce résultat est «fantastique» pour la région Bas-Saint-Laurent tout particulièrement.
«Les athlètes olympiques, ce sont des personnes d’exception. Moi, je n’ai jamais pensé me rendre là, atteindre un tel niveau dans le sport, mais Maude oui. Il faut lever notre chapeau à nos athlètes», a-t-il ajouté avec beaucoup d’humilité.
Maude Charron a pratiqué la gymnastique, le cirque et l’entrainement de type CrossFit, avant de découvrir l’haltérophilie il y a seulement six ans. Chacune de ces expériences a fait d’elle l’athlète qu’elle est aujourd’hui. Son père la décrit d’ailleurs comme une femme qui doit bouger continuellement et toujours se donner à fond. Il est aussi convaincu que sa fille restera la même malgré ses récents succès, «une personnalité simple, ouverte et disponible».
Ces derniers mois, en pleine pandémie, l’Olympienne s’est entrainée dans le garage familial qu’elle a elle-même aidé à construire, plus jeune. «Elle s’est entrainée à travers les pneus, les bidons d’huile et les outils. Elle s’est accroché des petits mots de motivation partout. Elle a mis cet endroit à sa main et elle y était chez elle, même si ce n’était pas un milieu idéal pour s’entrainer», confie le paternel qui s’est réjoui, malgré tout, d’avoir la chance de la côtoyer régulièrement ces derniers mois.
«Quand j’arrivais à la maison et que j’entendais des poids tomber, je savais qu’elle était là et c’était rassurant. Quand ils frappaient le sol, je savais aussi que ça allait bien, puisqu’ils avaient été levés avant.»
À Tokyo, Maude Charron a regretté de ne pas avoir eu la chance de compter sur la présence de ses parents et de ses proches, sa mère Claire [Garon], son frère Dominic et sa sœur cadette Sarah, pour célébrer. Cette médaille d’or reste néanmoins une façon de les remercier pour le soutien qu’elle a obtenu à travers ses différents parcours sportifs, a-t-elle mentionné en conférence de presse.
«Ce qui est important, comme parent, c’est d’être derrière nos enfants et de les encourager, estime Jean Charron. Dans le sport, ou quoi que ce soit, ils doivent aimer ce qu’ils font et ne pas se sentir obliger de le faire, de compétitionner. Trop souvent, les parents ou les entraineurs poussent trop fort. Il faut être là, présents, mais les parents ne doivent pas avoir plus d’ambitions que les jeunes.»
M. Charron n’était peut-être pas à Tokyo à 2021, mais il compte bien se reprendre lors des prochains Jeux du Commonwealth et qui sait, lors des prochains Jeux olympiques de Paris 2024. «Croyez-moi que nous y serons. Nous ne manquerons pas ça pour rien au monde», dit-il.
D’ici là, ils célébreront une réussite olympique qui restera l’un des moments marquants au Bas-Saint-Laurent pour 2021 et certainement les années à venir.
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