Le vent dans les voiles pour le kitesurf au Bas-Saint-Laurent
Enfant, on a tous déjà fait voler un cerf-volant en courant dans l’herbe à travers un champ. Certains sont allés plus loin et ont poussé l’expérience dans l’eau, une planche aux pieds, tractés vers l’horizon. Le kitesurf, un sport nautique en effervescence, se pratique à plusieurs endroits dans la région. À vent levé, on peut apercevoir des voiles s’entrecroiser, offrant ainsi un magnifique spectacle coloré aux curieux.
De plus en plus d’adeptes du kitesurf sillonnent le fleuve à L’Isle-Verte, Cacouna, Rivière-du-Loup, Notre-Dame-du-Portage, Saint-André-de-Kamouraska et même à La Pocatière. Anne Koch, kitesurfeuse depuis environ 4 ans se réjouit de cette proximité avec le Saint-Laurent et de ses paysages à couper le souffle. «Nous sommes vraiment choyés», commente-t-elle.
Elle rapporte que les vents dominants au Québec, l’été, sont principalement du sud-ouest et du nord-est et que, dans la région, il en regorge. Nombreux Rimouskois viendraient en profiter, surtout au bassin de Cacouna situé à côté du port. «Il est fermé, ce qui fait qu’il est sécuritaire. Nous ne pouvons pas dériver au large, il n’y a pas de vagues», explique la sportive.
Une belle communauté s’est établie à Rivière-du-Loup et ses environs ces dernières années. Plusieurs sportifs se rejoignent pour «kiter» ensemble, font même des voyages pour exercer leur passion. Tout le monde s’entraide et veille les uns sur les autres lorsqu’ils sont sur l’eau. «Il y a quand même beaucoup de gens qui pratiquent le kitesurf compte tenu de la population et du peu de connaissance qu’elle a de ce sport», remarque la jeune femme.
UNE PASSION
Puisque le kitesurf est un sport nautique qui utilise la force de l’élément du vent, presque aucun bruit ne se fait entendre lors de la pratique de ce sport. Sur sa planche, Anne Koch ne retient ainsi qu’une chose : le silence. Cette particularité, qui ne se retrouve pas dans les sports nautiques où un moteur est impliqué, permet aux adeptes de relaxer.
«Quand on est là-dessus, on ne peut pas penser à autre chose. On vit au moment présent. On ne peut pas avoir l’esprit ailleurs, car il y a tellement d’éléments à vérifier. Il faut être complètement concentré, donc on oublie tout le reste, on n’a pas le choix», raconte Stéphane Perreault, kitesurfeur depuis 3 ans. Combiné au fait d’être dehors en nature, le kitesurf lui permet de s’évader et de se sentir libre.
Ce sport nautique présente différents niveaux de difficulté à ses adeptes. Dépendamment de son habileté ou même de son humeur, un athlète peut «kiter» en douceur en se baladant sur l’eau ou en se propulsant dans les airs. Ainsi, chacun peut aller à son rythme en déterminant la difficulté de sa séance de kitesurf.
UN SPORT DIFFICILE D'ACCÈS
Selon Anne Koch, énormément de gens aimeraient pratiquer ce sport nautique ou s’y intéressent, mais n’osent pas commencer par manque d’accessibilité. Pour apprendre à «kitesurfer», il faut suivre des cours, autrement, il est dangereux d’aller sur l’eau sans avoir de base. L’endroit le plus près pour suivre ces leçons se trouve à Québec.
«Débuter en kitesurf, c’est difficile. Il faut s’attendre à payer au-delà de 1000 $ en équipement», souligne M. Perreault. Ce dernier ajoute que les coûts croissent avec la passion. «Pour un vent fort, on va vouloir une voile plus petite, pour un vent faible, on va en désirer une plus grande. Donc, plus on pratique, plus on convoite un éventail de voiles pour couvrir une étendue de vents. Après, ça n’arrête plus, car on souhaite une combinaison plus épaisse, une autre plus mince, des planches différentes», illustre-t-il.
La somme investie dans le sport devient alors rapidement exorbitante, surtout avec les voiles qui se chiffrent entre 1000 et 2000 $ chacune. Les cours de 3 h, quant à eux, sont environ 200 $, sans compter les déplacements.
LES RISQUES D'UNE PASSION
Anne Koch relate qu’avec l’augmentation d’adeptes de kitesurf, il y a parfois trop de personnes au même endroit, rendant l’activité sportive plus dangereuse. Des lignes de voiles pourraient alors se croiser et créer de malheureux incidents. D’après la jeune femme, ce sport nautique devrait davantage être mis de l’avant, surtout au point de vue de la sécurité. «Trop de gens croient que c’est un sport facile à apprendre et à la portée de tous», dit-elle.
Elle confie que l’année où elle a commencé, cinq morts avaient été déclarés au Québec à cause d’accidents de kitesurf. Récemment, un homme est même décédé à L’Isle-aux-Coudres, à la suite d’une fausse manœuvre qui l’a fait atterrir sur une paroi rocheuse.
Les kitesurfeurs sont unanimes : les cours d’initiation sont fortement recommandés. «Quand on les suit, on apprend les bases, les manœuvres de sécurité, autant parce que l’on ne veut pas se tuer, mais aussi pour les gens autour de nous», témoigne Anne Koch.
Stéphane Perreault se range du même avis. Le vent peut facilement lever une personne dans les airs, l’endroit pour élever la voile doit donc être vaste et sans embûche. «Si ça vire mal, il faut être capable de se décrocher», explique-t-il.
EXPLOITER LA BAIE DE RIVIÈRE-DU-LOUP?
Afin d’avoir un endroit sécuritaire pour démarrer leurs voiles, certains kitesurfeurs ont fait une pétition, en 2017, pour créer un accès dans la baie de Rivière-du-Loup située entre l’autoroute et le quai de la ville. Les sportifs désiraient sonder les gens pour connaître leur intérêt à la développer pour pratiquer des sports nautiques. Anne Koch se désole que leurs démarches n’aient pas porté fruit, puisqu’elle qui trouvait le lieu idéal.
«C’est super sécuritaire et beau, on aurait pu se regrouper là, veiller sur tout un chacun à la place de se séparer à plusieurs coins différents», dit-elle.
Alors, lorsque le vent soufflera, on pourra repérer à l’horizon des kitesurfeurs à l’œuvre, s’adonnant à leur passion quelque part sur le fleuve Saint-Laurent.
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