Leïla Beaudoin à travers les yeux de Mathieu Lavoie-Dion
Lors de l’entraînement public de Leïla Beaudoin à Rivière-du-Loup dans le cadre de la journée sportive Revivez la Finale de 1971 qui se déroulait ce 14 aout, Info Dimanche s’est entretenu avec l’athlète et son ancien entraîneur. Après plusieurs années sans l’entraîner, Mathieu Lavoie-Dion regarde la sportive bien plus que comme une simple bonne boxeuse, mais bien comme une professionnelle accomplie qui n’a pas fini de rendre fier les gens d’où elle vient.
«Si on m’avait posé la question "Est-ce que Leïla va faire de la boxe professionnelle?" alors qu’elle avait 17 ou 18 ans, j’aurais dit que je serais très surpris, car elle était très motivée par les Olympiques», se souvient Mathieu Lavoie-Dion, entraîneur sportif et propriétaire de l’École de boxe olympique de Rivière-du-Loup (EBO RDL). La boxeuse originaire de Témiscouata-sur-le-Lac a finalement réalisé la difficulté d’accéder à ce rêve et a décidé de se développer professionnellement. Mathieu, qui ne s’occupe plus des entraînements de Leïla depuis plus de trois ans, a trouvé cette décision intelligente et réfléchie. Elle a réussi à transformer ses ambitions olympiques en un autre rêve tout aussi inspirant.
L’adolescente VS la jeune adulte
Sagesse est le mot que Lavoie-Dion retient et apprécie le plus de la jeune adulte que Beaudoin est devenue aujourd’hui. «C’est sûr que dans le temps, c’était une adolescente. Je l’ai entraînée de ses 16 à 21 ans environ. Elle prenait les choses avec beaucoup d’émotivité», se rappelle-t-il. L’entraîneur mentionne que maintenant, Leïla a acquis beaucoup de contrôle sur ses émotions. De plus, elle accepte la défaite avec rationalité et maturité, ce qu’elle avait davantage de difficulté à faire avant.
Du côté de la boxe, Mathieu trouve que la pugiliste a une meilleure vitesse et défensive au niveau de sa mobilité de tronc de tête. Elle a aussi amélioré sa gestion des distances. Selon lui, l’athlète a toujours eu une grande force : sa puissance. Alors en ajoutant les clés de la rapidité et de la compréhension défensive, Leïla a affiné ses notions techniques et tactiques qui vont d’elle une boxeuse talentueuse.
Les améliorations que Leïla a effectuées au fil des ans, combinées avec ses forces naturelles font d’elle une adversaire redoutable. D’après son ancien entraîneur, sa première qualité est son instinct. «Elle le sent automatiquement quand son opposant est vulnérable. C’est un peu comme un chien enragé devant une pièce de viande ou un loup face à un animal faible, leurs yeux changent et ils attaquent. C’est à l’intérieur d’elle, elle y va tout de suite lorsqu'elle ressent ça», raconte-t-il fasciné. Mathieu s’étonne d’autant plus puisque la plupart des boxeurs doivent travailler cette aptitude, alors que Leïla l’a de façon innée. Il témoigne aussi de la hargne de l’athlète lors de ses combats : «Quand elle monte sur l’arène, elle est prête à y mourir, elle va tout donner jusqu’à la fin».
Une amitié
Même si quelques années se sont écoulées depuis leurs derniers entraînements quotidiens, la complicité entre Leïla et Mathieu se perçoit toujours dans leurs visages. «Quand on se voit, c’est comme si on s’était quitté hier», confie-t-il. Dans son regard, transperce de la fierté. Beaudoin est la première boxeuse qu’il a entraîné qui s’est rendue au niveau professionnel. Pour l’entraîneur, c’est tout un accomplissement d’observer le parcours de la pugiliste. Il prédit que la sportive sera, au minimum, championne du continent dans quelques années et ne cache pas son envie qu’elle aille au championnat du monde.
L’impact de Mathieu Lavoie-Dion dans la vie de Leïla Beaudoin est inestimable. Elle, qui était allée essayer la cardioboxe pour le plaisir à son adolescence, a eu la piqûre instantanément. «C’est Mathieu qui m’a donné la passion», souffle-t-elle, émue. Dès le départ, il l’a remarquée, a cru en elle, lui a insufflé de la confiance. «C’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui et que j’ai continué. Je lui dois pas mal toute ma carrière. Les fondations que j'ai, ça par de lui, la force de frappe c'est lui qui me l'a montrée. Quand je reviens m’entraîner avec lui c'est comme à revenir à la maison», laisse-t-elle échapper.
La jeune femme avoue que Mathieu Lavoie-Dion est une personne qu’elle va garder dans son cœur toute sa vie et qu’elle l’aime très très fort. Ils ont réalisé leur rêve d’aller au championnat canadien ensemble, même s'il n’était pas avec elle en tant qu’entraîneur. «Je le voyais dans mon coin avec mon entraîneur de Québec. Qu’il vienne m'encourager, soit là avec moi, je n’aurais pas pu espérer mieux comme scénario», a-t-elle commenté.
Fière ambassadrice de la Finale des 56e Jeux du Québec
Un des buts de Leïla avec sa carrière constituait de redonner aux jeunes et moins jeunes, d’être une source d’inspiration pour les personnes qui vivent des choses difficiles ou non pour leur dire de ne pas lâcher. Elle peut donc cocher un objectif de plus sur sa liste d’accomplissements. «J’ai le rêve de relever beaucoup d'objectifs dans la boxe, mais j’ai avant tout le désir d’aider les gens», explique-t-elle.
Même si elle n’aboutit à rien dans son sport par la suite, la boxeuse mentionne que d’être encore là montre une belle preuve de persévérance. «Je vais avoir continué de me battre. J’ai été championne canadienne après l’épreuve que j’ai vécue, ensuite j’ai tourné professionnelle», dit-elle. Elle se sent choyée de pouvoir faire ce qu’elle fait aujourd’hui et de pouvoir avoir un impact dans la vie des gens.
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