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Audrey Béland, un modèle à suivre en basketball

durée 30 octobre 2021 | 06h03
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Ouvrir le chemin, le défricher pour les autres ne se fait pas sans embûches ni revers. Mais avec une bonne attitude, de la persévérance et beaucoup d’ambition, il est possible d’arriver à la destination souhaitée, d’atteindre ses buts. Si cette image sied l’histoire de plusieurs athlètes, c’est aussi celle de la joueuse de basketball Audrey Béland de Rivière-du-Loup.

    Formée à l’École secondaire de Rivière-du-Loup, développée par les Dynamiques du Cégep de Sainte-Foy à Québec, l’athlète de 21 ans porte aujourd’hui les couleurs du Rouge et Or de l’Université Laval. Un exploit notable, puisqu’elle est devenue la première joueuse de l’ÉSRDL à atteindre le niveau universitaire en basketball. «C’est spécial. C’est quelque chose que j’ignorais, mais je suis contente de représenter la région», partage-t-elle. 

    Le parcours qu’a emprunté Audrey Béland est somme toute typique pour une joueuse québécoise souhaitant atteindre l’université avec son sport. C’est d’ailleurs le même pour d’autres disciplines: après le secondaire, l’athlète joint un programme réputé au collégial. Puis, si elle y performe bien, elle est ensuite recrutée par une ou plusieurs université(s) intéressée(s) à miser sur son talent. 

    C’est ce qu’a fait Audrey. Après cinq ans à l’École secondaire de Rivière-du-Loup, elle a quitté le nid familial pour la Capitale-Nationale où elle a joint les Dynamiques de Sainte-Foy en première division, le meilleur calibre de jeu au Québec. «À ce moment-là, je trouvais que c’était une belle opportunité de quitter la ville, d’aller jouer à un plus haut niveau, voir à quoi ça ressemblait», raconte-t-elle. «Je voulais sortir de ma zone de confort.»

    UNE BLESSUREIMPORTANTE

    L’athlète a ensuite été recrutée par l’équipe qu’elle souhaitait joindre ardemment, celle de l’Université Laval, qui compte sur l’un des meilleurs programmes au pays. Sauf que l’aventure n’a pas été aussi linéaire qu’elle ne l’aurait espéré. Elle a été ponctuée par une embûche de taille, une blessure importante au genou, qu’elle a subie pendant l’été suivant sa première saison, puis aggravée par la suite. 

    «J’ai fini par déchirer complètement mon ligament [croisé antérieur]. Je n’ai pratiquement pas joué pendant ma 2e année. J’ai été obligée de me faire opérer», se souvient-elle. 

    C’est lors d’un tournoi 3 contre 3, à Rivière-du-Loup de surcroit, que le second accident est survenu. La blessure, évidemment, n’était pas qu’une simple entorse à la cheville. Elle demandait une opération, puis une longue et prenante réhabilitation. «J’ai pris ça du bon côté. Je devais être persévérante, patiente. Avoir été pressée ne m’aurait pas aidée», confie Audrey Béland, soulignant avoir manqué le Championnat canadien de basketball féminin D1 disputé au Cégep Sainte-Foy cette année-là, puisqu’elle ne pouvait pratiquement pas marcher. 

    «Ç’a été difficile de ne pas pouvoir jouer. Mais je pense que ça m’a amenée à me dépasser. Je n’avais pas le choix de me concentrer sur mon rétablissement. Je voulais revenir à mon meilleur, comme avant», dit-elle. 

    Malgré les difficultés, la jeune femme est restée positive et déterminée, si bien que sa réhabilitation s’est déroulée sans anicroche. Après 10 longs mois d’efforts, elle a finalement retrouvé le terrain pour une partie, peu avant Noël, à sa troisième année avec les Dynamiques. Et quelques semaines plus tard, l’entraineur-chef du Rouge et Or, Guillaume Giroux, lui demandait de se joindre à son programme durant ses études universitaires. Une récompense immense après ce qu’elle venait de vivre. 

    «Je ne savais pas si j’allais réussir à me faire recruter. Je prenais ça un moment à la fois. Je me disais que si quelque chose était pour arriver, j’allais en profiter», partage l’athlète de 6 pieds. «Disons qu’il n’a pas eu à me convaincre très longtemps.»

    Mais comme les épreuves arrivent rarement seules, la pandémie de COVID-19, qui s’est déclarée quelques mois plus tard, a forcé l’annulation de la saison 2020-2021, sa première à l’université. Audrey a donc dû attendre, comme plusieurs autres athlètes, avant de savourer l’expérience complète du Rouge et Or. 

    Un an plus tard, l’athlète s’entraine actuellement cinq fois par semaine, en plus des visites en salle d’entrainement et de ses études à temps plein en physiothérapie. Elle fait partie d’un groupe sélect de 14 athlètes qui souhaitent jouer les matchs de la saison qui commencera le 11 novembre. 

    Étant l’une des plus jeunes de l’équipe, elle devra lutter pour un poste. Elle sait toutefois très bien que les joueuses avec quelques années d’expérience ont un avantage dans l’alignement du Rouge et Or, une équipe qui se situe toujours parmi les meilleures en province. Elle joue aussi comme centre, un poste convoité par des athlètes plus expérimentées. 

    «Je me dis que si les coachs m’ont recrutée, ils ont dû voir du potentiel. Je travaille fort tous les jours pour gagner ma place.»

    Sans surprise, Audrey ne se décourage pas. Après tout, elle n’en est pas non plus à son premier obstacle. Avec son parcours, elle espère pouvoir inspirer de jeunes athlètes à se faire confiance et à pousser pour atteindre le sport élite, si c’est ce qu’elles souhaitent. 

    «Si elles travaillent fort, c’est une possibilité, assure-t-elle. J’espère que ça va aussi ouvrir les yeux à certains coachs comme quoi il y a des filles dans les régions qui ont du potentiel et qui pourraient bien se développer [si on leur faisait confiance].» 

    En 2017, Audrey Béland faisait partie de l’équipe des Dynamiques venue jouer un match contre l’équipe du Rouge et Or à l’École secondaire de Rivière-du-Loup. Elle rêvait alors de jouer un jour pour l’autre équipe. C’est finalement arrivé il y a quelques semaines, lorsque les représentantes de l’Université Laval ont de nouveau affronté celles du Cégep de Sainte-Foy. Audrey a alors réalisé qu’elle était habillée en rouge et or.

    Des couleurs auxquelles elle devra s’habituer, puisque cette aventure ne fait que commencer.

     

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