Victoire aux Championnats canadiens de dynamophilie
Ce n’est qu’un début, assure Charlie Caron
Pour plusieurs athlètes de haut niveau, remporter une médaille d’or lors d’une compétition nationale est l’accomplissement d’une vie et l’atteinte d’un plein potentiel. Charlie Caron de Rivière-du-Loup voit toutefois les choses différemment, surtout à 25 ans. Couronné champion canadien de dynamophilie, la semaine dernière, il croit que sa récente victoire n’est qu’un premier pas d’une longue et belle aventure.
Quelques jours après avoir remporté les grands honneurs de la catégorie -93 kg équipé lors des récents Championnats canadiens de dynamophilie, disputés à Terre-Neuve, c’est un athlète heureux, mais toujours sur sa faim, qui s’est entretenu avec Info Dimanche.
«J’ai la médaille d’or et c’était l’objectif numéro 1, alors je suis content. Mais il y a d’autres objectifs que je n'ai pas réussi à atteindre. Ce n'est que partie remise. Je vais utiliser les informations recueillies cette semaine pour m’améliorer rapidement, le travail est d’ailleurs déjà commencé», a-t-il partagé de Saint-Jean, où il est resté pour accompagner des amis et de jeunes athlètes de l’Équipe Québec.
Pour les non-initiés, la dynamophilie est un sport de force où les participants ont trois mouvements à effectuer avec la charge la plus lourde possible : le squat, le développé couché (bench press) et le soulevé de terre (deadlift). Après trois essais pour chaque mouvement, l’athlète qui a le plus important total de poids levés l’emporte.
Charlie Caron a terminé la compétition en soulevant au 315 kg squat, 222,5 kg au développé coucher et 262 kg au soulevé de terre pour un total 800 kg. Il a gagné avec une avance de 45 kg devant son plus proche poursuivant. Une réussite qui doit être soulignée – et célébrée – bien qu’elle soit sous ses attentes personnelles.
«Je sais que j’ai laissé des kilos sur la plateforme au bench press, a-t-il maintenu. J'ai touché à 230 kg et 245 kg dans ma préparation. Au squat, avec le bon équipement, je pouvais faire encore mieux. Je m'attendais à mieux, en fait.»
S’il ne se cache pas derrière les défaites, il faut dire que l’athlète a performé dans des conditions difficiles auxquelles sa préparation ne pouvait pas le protéger. Le voyage vers Saint-Jean a d’abord été éprouvant et le manque de sommeil, puis une nutrition loin d’être optimale dans un court délai, ont compliqué les choses.
«Nos billets d’avion ont été changés à la dernière minute. J’ai pratiquement fait une nuit blanche 48 heures avant la compétition, dormant une quarantaine de minutes sur le sol de l’aéroport à Halifax», a-t-il raconté. «Je n’avais pas non plus les meilleurs équipements pour m’aider dans mes levées. Disons alors que je commençais avec deux prises au bâton, mais je me suis présenté pour aller à la guerre.»
SAGESSE
Charlie Caron participe à des compétitions de dynamophilie depuis 2018. En quelques années, il estime avoir beaucoup progressé, autant du point de vue physique qu’au point de vue de son approche de la compétition. Il a développé une attitude plus mature et réfléchie qui lui a servis cette fin de semaine, a-t-il admis.
«Avec le temps, j’apprends à être plus résilient et à être moins dans l'émotion, puisque je me dois d'exécuter une technique avec de la précision. Ça ne sert à rien de stresser sur toute une compétition quand je dois soulever une barre à la fois, a-t-il confié. Pendant la journée, je suis donc resté dans l'instant présent. J'ai tout fait pour récupérer, restaurer ma mobilité et demeurer calme.»
Prendre un coup à la fois, apprendre des difficultés et parfois même des échecs, faire un pas de recul lorsque c’est nécessaire et garder la tête haute, c’est une philosophie que l’homme fort applique d’ailleurs à sa pratique sportive en général. Après tout, sa carrière ne fait que commencer. Inutile de risquer de se bruler.
«Je me réalise en tant que personne [dans le sport]. Ça m'améliore dans mes sphères personnelles et professionnelles. Ça m'apprend à développer une bonne hygiène de vie et à porter attention à ma santé. L'objectif, c'est vraiment de bien faire les choses, éviter les blessures, m'entrainer de la bonne façon….»
«Mon potentiel au niveau de la force, je vais peut-être le voir dans 8 à 10 ans, a-t-il ajouté. Ce n’est qu’à ce moment-là que je vais être capable d'aller chercher mon maximum comme performance. Le but, c'est donc évidemment de progresser, mais aussi m’aider à poursuivre dans le temps. Je dois continuer à gagner, à grandir, à me développer et à apprendre au niveau terrain et sur la plateforme.»
Charlie Caron parle comme s’il envisageait une carrière de plusieurs années encore….et c’est tout à fait le cas, a-t-il confirmé en riant. «L'histoire va être très longue. Les meilleurs éleveurs équipés, ce sont des Masters présentement, ce sont des athlètes de 40 ans et plus […] J'ai fait un bout de chemin, mais je veux continuer. C’est ça qui est beau avec le powerlifting. C'est un peu comme l’autoroute 20. Tu peux sortir rapidement ou faire un long voyage. Dans mon cas, la route va être longue, mais elle va être belle.»
CHAMPIONNATS DU MONDE
La prochaine étape? Une participation aux Championnats du monde de dynamophilie organisés au Danemark en novembre. Si tout se déroule bien, il y sera en souhaitant battre ses records personnels.
«Je ne sais pas si cette chance va se représenter, alors je dois la saisir, a-t-il partagé. Je me considère privilégié, mais je dois travailler. Au niveau mondial, le calibre est très élevé et des leveurs vont réussir 1000 kg au cumulatif. Je vais leur donner le meilleur que j'ai et ce ne sera pas 800 kg.»
«On va prendre toutes les semaines qu'on a devant nous pour sortir la plus grosse performance de ma vie», a-t-il conclu.
Charlie Caron est dédié à son sport et à son mode de vie. De retour à Rivière-du-Loup cet été, le passionné souhaite maintenant en faire bénéficier à d’autres dans un gym équipé qui sera aménagé en sol louperiois au cours des prochains mois.
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