Gabriel Dumont est sur son X
À 31 ans, Gabriel Dumont vient de connaître la meilleure saison offensive de sa carrière. Qui plus est, le natif de Dégelis est capitaine du Crunch de Syracuse, dans un rôle qui le valorise beaucoup et dans une ville qu’il apprécie tout autant. C’est un peu comme si tout était au bon endroit, au bon moment. Comme si tout était à sa place.
À sa 12e année professionnelle, après une escale de deux saisons en Iowa et au Minnesota, le fougueux attaquant a accepté une offre qui l’a ramené dans le giron du Crunch de Syracuse, en n juillet. Un endroit qu’il connaissait très bien pour y avoir joué à deux reprises et près de 100 matchs auparavant. Un endroit, surtout, où il voulait se retrouver de nouveau avec les siens.
«Revenir ici, c’était un peu comme retrouver de vieilles pantoufles, a-t-il confié avec humour lors d’un généreux entretien cette semaine. C’est un endroit où je me sens bien et où ma famille est heureuse. Tout le monde apprécie ça beaucoup.»
«L'organisation, les gens, la communauté où mes enfants vont à l'école… C'est vraiment comme une deuxième maison ici.»
Retrouver ce milieu de vie, cette organisation dans laquelle il est apprécié pour son leadership, sa fiabilité défensive et son apport offensif, c’était d’ailleurs annonciateur de belles choses pour le vétéran cette saison. Et personne n’a été déçu.
Avec une récolte de 62 points en 75 matchs, Gabriel Dumont a connu la meilleure saison offensive de sa carrière, atteignant le plateau des 30 buts une toute première fois. Il avait maintenu une meilleure moyenne de points par match qu’une seule fois – la saison précédente avec le Wild de l’Iowa –, mais il n’avait alors joué que 34 matchs.
Nul doute, quelque chose a cliqué cette saison et ce n’est pas seulement le fait qu’il soit (enfin) demeuré en santé ou qu’il ait joué avec des joueurs talentueux.
«Quand tu te sens bien, les choses vont bien aller pour toi. C’est pareil pour n’importe quel joueur. Cette saison, j’étais à l’aise, bien dans mon rôle et dans un bon esprit mental […] C'est drôle à dire, mais j'étais un peu sur le cruise control toute l'année, c’est-à-dire que je savais ce que j'avais à faire. Je me présentais tous les soirs et je jouais du mieux que je le pouvais.»
Les résultats ont été probants. Dans les bonnes grâces de l’organisation et de l’entraineur-chef Benoit Groulx, qu’il connaît depuis plusieurs années, Dumont a été l’un des hommes de confiance du Crunch, étant employé dans toutes les situations. L’athlète du Témiscouata y a d’ailleurs brillé, redevenant rapidement l’un des favoris de la foule. Comme s’il n’avait jamais quitté.
«Quand je suis arrivé au camp d’entrainement, à Tampa Bay, j’avais la pédale au plancher et je crois avoir surpris quelques personnes. J'ai vraiment eu deux bons matchs hors concours et je ne méritais pas de redescendre. Mais ils m'ont dit que j'allais avoir un gros rôle dans la Ligue américaine et qu’ils allaient avoir besoin de moi», a raconté Dumont.
«À partir de là, Benoit [Groulx] a compris que j’avais encore de l’énergie dans les jambes, et que même si le temps avance toujours, et qu’il fait son œuvre, qu’il me restait encore du jus. Il m’a fait confiance et tout s’est placé rapidement.»
LEADERSHIP
Mais même s’il était une véritable menace offensive cette saison, Gabriel Dumont était beaucoup plus que ça pour le Crunch et son état-major. Capitaine, leader sur la glace et hors glace, le joueur d’expérience s’est élevé comme un véritable exemple pour ses coéquipiers par sa hargne et son éthique de travail. Il a aussi été un grand frère pour plusieurs coéquipiers.
Il s’agit d’un rôle que Dumont connaît bien pour l’avoir occupé avec les club-écoles du Canadien de Montréal et du Lighning de Tampa Bay. Il était d’ailleurs capitaine du Crunch à sa plus récente saison avec l’équipe en 2018-2019.
«C’est une responsabilité avec laquelle je suis vraiment à l’aise, a-t-il partagé. Je prends beaucoup de fierté à aider de jeunes joueurs à prendre de l’expérience pour éventuellement qu’ils se fassent rappeler. De voir des gars être sur la 4e ligne en début de saison et se faire rappeler plus tard dans l'année, c’est toujours le fun. C’est aussi un privilège de te faire dire que tu as contribué, d’une façon ou d’une autre, à leur succès.»
«Voir des joueurs fleurir et devenir des éléments importants d’une équipe championne de la Coupe Stanley, des joueurs comme Anthony Cirelli ou Erik Černák, par exemple, ça me rend fier. J’aime tous les petits à-côtés qui viennent avec le rôle», a-t-il ajouté.
SEREIN
Si Gabriel Dumont prend autant de plaisir à guider les plus jeunes joueurs de la LAH, c’est aussi parce qu’il a fait la paix avec sa propre carrière. «Les gars qui ne sont pas capables d'avoir un long parcours dans la LAH, c'est qu'ils avalent un peu leur situation de travers. Est-ce que je dirais non à un rappel? Certainement pas. Mais j'ai eu mes chances et j'ai donné tout ce que j'avais. La journée où je vais prendre ma retraite, c'est une des choses dont je vais être le plus fier», a-t-il souligné.
«Il y a toujours des concours de circonstances, des opportunités pas saisies, d'autres qui ne se sont jamais présentées, mais ce n’est pas la faute d'une personne ou d'une autre, ce n’est pas de ma faute non plus. Ce sont les choses qui sont arrivées comme ça. Je vis très bien avec tout ça et je me considère chanceux de jouer encore au hockey.»
Il ajoute : «La journée où je vais arrêter, quand je vais penser à ma carrière, je vais dire qu’elle est pas pire pour un petit gars de Dégelis dont les gens ne pensaient pas qu'il pouvait jouer Bantam CC à cause des mises en échec.»
À 31 ans, Gabriel Dumont vient de connaître la meilleure saison de sa carrière. Bien dans sa peau, heureux à Syracuse comme à Dégelis, l’athlète a toujours la flamme et souhaite continuer à jouer, convaincu qu’il a encore beaucoup à donner.
Le 9 juin, l'athlète a d'ailleurs paraphé une nouvelle entente de deux ans, à un volet dans la LAH, avec le Crunch de Syracuse.
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«C’est une réflexion du travail accompli par les Albatros»
Pour la toute première fois, trois joueurs formés par l’organisation de la structure midget AAA des Albatros se sont affrontés dans une série de la Ligue américaine lorsque le Crunch de Syracuse a croisé le fer avec le Rocket de Laval, en mai. Une situation qui ne sera plus unique plus tôt que tard, croit Gabriel Dumont.
L’athlète de Dégelis, qui faisaient face à ses amis Cédric Paquette et Gabriel Bourque lors de cet affrontement qui s’est terminé en 7 matchs (et en prolongation) estime que l’organisation des Albatros doit recevoir une grande part des mérites pour cette réussite.
«Si notre gang et d’autres joueurs ont tracé la voie, c’est parce qu'on a eu notre chance. Ça revient vraiment aux gens qui ont bâti le programme et qui se sont battus pour qu’il puisse exister. Sans les Albatros, le petit gars de 14 ans de Dégelis que j’étais, à 5'4 et 125 livres, se serait présenté à Lévis et il aurait à peine réussi à participer au précamp», a-t-il partagé la semaine dernière.
«La prochaine étape, ça va être d'avoir une série comme ça, avec plusieurs anciens joueurs, mais dans la LNH. Je suis certain que ça va arriver. Les gars du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie et des Îles, maintenant on a notre chance et c'est tout ce dont on avait besoin», a-t-il ajouté.
S’il estime être toujours déçu l’élimination des siens, il avoue avoir apprécié les luttes avec Paquette et Bourque. «Ce sont des joueurs de caractère, des gars compétitifs comme moi, alors ça brassait. Mais on va en rire cet été. Pour l’instant, je leur souhaite bonne chance pour la suite.»
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