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Yvan L’Heureux à la conquête de la triple couronne 

durée 12 juin 2022 | 06h55
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Un défi n’attend pas l’autre pour Yvan L’Heureux. Voilà une affirmation qui prend tout son sens pour décrire l’année 2022 de l’ultramarathonien. Quelques mois seulement après avoir terminé le légendaire Marathon des Sables, voilà qu’il s’apprête cette fois à entamer un projet monstre de trois courses de plus de 300 kilomètres que seule une poignée d’athlètes peut se targuer d’avoir terminé la même année.

    Est-il tombé sur la tête?, lui a demandé l’auteur de ces lignes, lors d’un entretien la semaine dernière? «Si tes rêves ne te fond pas peur, c'est qu'ils ne sont pas assez grands», a-t-il répondu du tac au tac, citant l’aventurier Mike Horn. 

    C’est dans cet état d’esprit, excité par l’aventure et fébrile devant le défi à venir, que le Louperivois s’attaquera à la «Triple Crown of 200s», une série de courses d’endurance américaine qui l’amènera à se dépasser dans certains des plus beaux panoramas du continent, non pas en un an, mais en seulement cinq mois. 

    Le premier arrêt? Lake Tahoe, en juin. Une épreuve de plus de 300 kilomètres dans les montagnes du Sierra Nevada qui forcera les participants à courir autour du lac à une altitude moyenne de 2500m et dans toutes sortes de conditions, dont la neige.  

    Les autres destinations? Les Cascades (336 km), une chaine de montagnes de l’État de Washington, en aout, puis Moab (386 km), une ville de l’Utah entourée de grands parcs nationaux, de canyons, de roches et de déserts, en octobre. Bref, de majestueux terrains de jeux où les conditions et les températures mettront les participants à rude épreuve. 

    «Ce sont trois courses qui me tentent depuis un bout de temps, trois courses vraiment solides, parce que tu n’as pas beaucoup de temps pour les faire», a partagé Yvan L’Heureux, qui sera notamment accompagné de son ami Francis Picard pour cette aventure. 

    «Des courses de 300 kilomètres, j’en ai déjà fait, mais de réussir les trois sans bobos, avec seulement 5 semaines de repos entre chacune d’elles, c’est tout un challenge et je trouve ça super attrayant.» 

    Il faut dire qu’aucun Canadien n’a jusqu’ici réussi à terminer la Triple Crown of 200s en une année. D’abord parce que les deux dernières courses sont si populaires qu’un tirage doit être effectué pour la sélection des participants - ce qui diminue grandement les chances de participer aux trois rendez-vous. 

    Ensuite, parce que ces courses ne sont pas des randonnées de santé. Chacune d’elles propose entre 30 000 et 46 000 pieds de dénivelé positif et moins de cinq jours pour atteindre la ligne d’arrivée. Le défi physique qu’elles représentent est réel, important, et peu d’athlètes réussissent à simplement passer au travers. 

    «Les courses te poussent à aller vite. Tu ne peux pas te permettre de prendre ton temps, mais en même temps, il faut éviter les blessures pour pouvoir participer à l’épreuve suivante. Je vais donc essayer de trouver un équilibre. Le but, ce n’est pas de gagner, mais de terminer.»

    Yvan L’Heureux raconte d’ailleurs avoir la chance d’essayer de compléter la Triple Crown, puisqu’il a été invité à y participer, évitant ainsi la loterie. «Ça m’a été proposé l’automne dernier. J’y ai pensé quelques jours, mais j’ai finalement décidé de faire le saut. L’opportunité était trop belle pour ne pas la saisir. J’étais vraiment heureux», a raconté le créateur du Défi Everest.

    ALTITUDE 

    Avant de partir pour le Maroc afin de participer au Marathon des Sables, en avril, Yvan L’Heureux avait confié vouloir travailler sur une de ses faiblesses : la chaleur. Cette fois, l’altitude est au centre de son collimateur. 

    «La dernière fois que je suis allé sur une course en altitude, c’était l’été dernier au Tor des Glaciers et je me suis ramassé avec œdème pulmonaire. C’était vraiment très sérieux», a-t-il souligné.  
    Cette mésaventure, qui aurait pu lui couter la vie, n’a toutefois pas ralenti son désir de se challenger. «Cette année, je me suis dit que je voulais travailler sur mes faiblesses. C’est ce que je fais. Il y a toujours un moyen», a-t-il dit. 

    Depuis plus d’une semaine, Yvan L’Heureux tente ainsi d’acclimater son corps au manque d’oxygène plusieurs heures par jour. Il le fait de chez lui grâce à un équipement particulier qu’il installe dans une tente au-dessus de son lit. Il l’utilise aussi pour réduire son apport en oxygène lorsqu’il court sur le tapis roulant. 
    «J’ai consulté des experts et on a fait un plan de match. Ce n’est vraiment pas le fun, je ne me sens pas bien le matin, je suis étourdi et j’ai mal au cœur, mal à tête, mais c’est ce que je dois faire pour éviter d’avoir des problèmes à nouveau.» 

    Aucun doute, Yvan L’Heureux est déterminé. Et c’est le message qu’il souhaite transmettre. «Faire parler de soi dans les journaux, c’est le fun pour l’égo, ça fait du bien, mais j’espère que ça va donner le gout aux gens de se dépasser et d’aller voir leurs limites. Je veux qu’ils retiennent qu’il est possible de réaliser tout ce qu’ils souhaitent faire en alliant discipline et motivation.»

    Le départ de la première course, à Lake Tahoe, sera lancé le 17 juin. 
     

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