Benjamin Ouellet courra sans guide
Alors qu’il lorgne une participation aux Jeux panaméricains pour la fin 2023, le coureur de Saint-Pascal Benjamin Ouellet vient de prendre une décision drastique. L’athlète de 22 ans souffrant d’une déficience visuelle tentera de courir sans guide lors de ses prochaines compétitions au Québec afin de maximiser ses performances.
Collaboration: Maxime Paradis, Le Placoteux
Benjamin Ouellet est pratiquement aveugle. Sa vision atteint tout au plus 10 % à son œil droit. Courir avec un guide en compétition a toujours été sa réalité, mais il y a longtemps qu’il ne le fait plus à l’entraînement. « Je n’en trouve pas. Une fois que mes échauffements sont faits, quelqu’un me place dans le corridor où je dois courir, et mon niveau de vision est suffisant pour que je puisse me rendre jusqu’au bout sans sortir de mes lignes. »
Décider de se priver d’un guide n’a pas été pour autant une décision prise à la légère. Benjamin Ouellet, qui dit être appuyé par ses proches dans sa démarche, avoue y avoir réfléchi longuement. « Je n’étais juste pas prêt à faire le saut », reconnaît-il aujourd’hui. Il tentera l’expérience pour la première fois lors d’une compétition à laquelle il doit participer cet été. « Je vais l’essayer, et si ça ne fonctionne pas, je vais revenir avec un guide. Je ne peux pas me permettre de faire des tests tout l’été. »
JEUX PANAMÉRICAINS
L’athlète de Saint-Pascal vise participer aux Jeux panaméricains au Chili à la fin 2023. Pour y parvenir, il doit être sélectionné par Équipe Canada. Si trop d’athlètes potentiels faisaient la file pour représenter le pays, le temps de Benjamin Ouellet au 1500 m pourrait faire la différence. « Idéalement, il faudrait que je le réalise en 4 min 30 s et moins. Actuellement, je suis à 4 min 33 s, 4 min 34 s environ. »
Courir sans guide lors des prochaines compétitions pourrait permettre à Benjamin Ouellet d’améliorer ses temps et d’augmenter ses chances de se qualifier. La présence d’un guide, dit-il, nécessite plus de synchronisation et de chimie. Dans un contexte où il ne cherche plus seulement à performer, mais à se démarquer parmi les meilleurs au monde, le coureur de Saint-Pascal est prêt à jouer le tout pour le tout. « Il va toujours rester des compétitions où je n’aurai pas le choix de courir avec un guide. À Lévis, le mois prochain, c’est un 5 km sur route avec plusieurs virages. Je n’aurai pas le choix d’avoir un guide. Même chose si je fais les panaméricains. »
Trouver un guide pour chacune de ses compétitions demeure tout de même un véritable chemin de croix pour Benjamin Ouellet. L’an dernier, alors qu’il a su à la toute dernière minute qu’il pouvait participer au 2022 Desert Challenge Games, ses recherches pour trouver un guide québécois avec qui il serait jumelé pour la course s’étaient avérées infructueuses. Un contact développé en Arizona par le passé lui avait permis de dénicher in extremis Jessie Lundgren, qui résidait à environ une heure de la frontière avec le Colorado, alors que la compétition à laquelle il participait se déroulait à Phoenix, au centre de l’État. Sa participation lui avait néanmoins permis de décrocher une double médaille d’or, au 800 m et au 1500 m.
BOURSE
Basé à Québec où il termine des études collégiales en animation radio-télévision, Benjamin Ouellet continue de s’entraîner avec le Club d’athlétisme de l’Université Laval (CAUL). L’ardeur qu’il met dans ses études et son entraînement lui a permis de décrocher pour une troisième année d’affilée une bourse de 4000 $ remise par la Fondation Aléo et la Banque Nationale. Trente-sept étudiants-athlètes ont reçu cet honneur au Québec, Benjamin Ouellet étant le seul dans tout le Bas-Saint-Laurent.
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