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Britanie Cauchon heureuse de se retrouver sur deux roues  

durée 24 juin 2023 | 06h53
  • Marc-Antoine Paquin
    Par Marc-Antoine Paquin

    Journaliste

    Il y a eu une période ces dernières années durant laquelle Britanie Cauchon n’avait plus le gout de rouler, plus l’envie d’enfourcher son vélo, ni même de parler de cyclisme. Prise en otage par des douleurs dont elle ne comprenait pas bien l’origine, elle voulait passer à autre chose, peut-être même laisser cette partie de sa vie derrière elle, impuissante. Mais voilà aujourd’hui, force est de constater que sa passion pour son sport n’avait pas dit son dernier mot. 

    L’athlète de 19 ans, qui revient de loin, l’a bien compris quand elle a remis ses pieds sur les pédales lors d’une séance d’entrainement quelque part l’automne dernier. Rapidement, l’instant de quelques tours de pédalier, elle a tout retrouvé : le sentiment de liberté, le dépassement personnel et l’adrénaline qu’elle a toujours associés à son sport chéri.

    L’amour du vélo, cette discipline qui l’a poussée à son meilleur, parfois même à la limite, était de retour, tout simplement. Et on se demande s’il était vraiment parti bien loin.  

    «Je me suis ressayé pour le plaisir et tout est revenu tout de suite», a-t-elle raconté, la semaine dernière. «Ça m’a fait du bien. Le vélo, c’est un peu comme une thérapie.»

    Voilà environ deux ans que Britanie Cauchon a dû mettre un frein à une carrière qui était lancée à vive allure, comme la descente d’une côte de Charlevoix. L’athlète de Saint-Alexandre-de-Kamouraska était au sommet de son art dans sa catégorie, accumulant d’impressionnants résultats les uns après les autres. 

    Été comme hiver, sur piste comme sur route, elle s’imposait régulièrement contre des athlètes plus âgées, laissant plusieurs égos écorchés dans son sillon. Elle avait même été élue «athlète espoir féminin de l’année au Québec» par la Fédération québécoise des sports cyclistes du Québec (FQSC). Bref, elle se faisait rapidement tout un nom sur la scène du cyclisme québécois. 

    Mais une série de blessures, et de vilaines douleurs, l’ont forcé à tout arrêter et à mettre une pause sur sa fulgurante ascension. Au printemps 2021, on lui a notamment diagnostiqué des périostites aux tibias et une tendinite au jambier antérieur. Elle ressentait également des douleurs aux mollets et aux hanches, douleurs qui ont persisté et qui se sont même répandues. 

    Encore aujourd'hui, les spécialistes ne savent pas exactement ce qu'elle a vécu. 

    «Ç’a été difficile. Ça m’a beaucoup isolée», a-t-elle admis. «Je ne comprenais ce qui se passait avec mon corps. Les gens ne comprenaient pas non plus, ni à l’école, ni en vélo. Une journée je marchais normalement, le lendemain j’avais une canne ou des béquilles.»

    L’incident l’a complètement déconnectée du milieu dans lequel elle se sentait bien. Loin des ami(e)s, loin de la compétition et de toutes formes de motivation au niveau sportif.

    «Il y a une période durant laquelle je ne voulais pas nécessairement en entendre parler. À un moment donné, je ne voulais même plus du tout en faire. De ne pas pouvoir sortir, d’être prise à l’intérieur [de la maison], ça m’a vraiment brisé le cœur. Ça m’a déprimée de ne pas pouvoir faire ce qui me passionnait», a souligné celle qui a tout de même travaillé d’arrache-pied dans ses études. 

    «Quelque part, je ne voulais pas non plus recommencer, me blesser, avoir des douleurs, et devoir arrêter de nouveau. Je ne voulais pas revivre tout ça une deuxième fois.»

    Or, malgré l’adversité, les obstacles et le vent de face – rien qui lui soit étranger à vélo – Britanie a osé. Sans grande attente, elle a repris l’entrainement «progressivement» en septembre dernier, puis de façon plus assidue depuis le début de l’année 2023. Elle se sent bien, très bien même, autant physiquement que mentalement. 

    «Blessée, j’étais très restreinte. C’était difficile, mais j’essaie de mettre ça loin derrière moi. Maintenant, sortir dehors, passer des heures sur mon vélo, je me rends compte que c’est vraiment ce qui me rend le plus heureuse», a-t-elle dit. 

    Le son de sa voix ne ment pas. Il transmet un enthousiasme, un entrain certain. «Quand tu sors à vélo, tu es souvent tout seul avec toi-même. Tu affrontes le vent, les intempéries, les dénivelés. Tu n’as personne d’autre sur qui compter. C’est un sentiment que j’ai toujours aimé, et ça fait vraiment du bien de le retrouver.»

    DES RÉSULTATS POSITIFS

    Récemment, Britanie Cauchon a décidé de participer à quelques événements de la saison de vélo sur route. Une occasion de renouer avec le cyclisme de compétition, mais aussi de parfaire sa préparation en s’autoévaluant auprès de ses «adversaires» maintenant – tout comme elle – au moins deux ans plus âgées. 

    Sans objectif précis, elle s’est présentée à une course organisée à Saint-Edmond-de-Grantham au début du mois, puis au Grand Prix de Charlevoix, un événement de plusieurs épreuves, la semaine suivante. Les résultats ont été intéressants, même que cela relève de l’euphémisme. 

    Lors du premier rendez-vous près de Drummondville, le samedi 3 juin, elle a pris le 5e rang du classement. Si ce n’était pas d’une vilaine crevaison, elle aurait certainement lutté pour la victoire. Puis, au Grand Prix cycliste de Charlevoix, elle a terminé en 30e position parmi toutes les coureuses de catégorie senior. Sa plus belle réussite? Une 11e place au contre-la-montre. 

    «Je suis quand même surprise de mes résultats. Je ne pensais pas que j’allais réussir ça. Pour quelqu’un qui n’a pas performé pendant deux ans, de battre des athlètes qui n’ont jamais arrêté de rouler, je trouve ça très bon», a-t-elle confié avec une humilité qui l’honore. 

    Avait-elle des craintes, des inquiétudes à l’approche des deux compétitions ? «C’était vraiment la peur de retrouver des douleurs et de me blesser», a-t-elle souligné. «Avant, j’étais quelqu’un qui était habituée de pousser durant la douleur, l’ignorer et faire comme si elle n’existait pas. Dorénavant, je dois m’écouter davantage et faire plus attention.»

    «Du côté pulmonaire, c’est aussi plus compliqué. Je suis une grande asthmatique et je ne suis plus vraiment habituée d’avoir des crises d’asthme et de les gérer pendant les courses», a-t-elle ajouté. 

    Dans Charlevoix, les épreuves avec les plus grands dénivelés lui ont donné du fil à retordre, elle ne s’en cache pas. Ses jambes, cela dit, ont tenu le coup. Signe que les séances d’entrainement des derniers mois n’ont pas été faites en vain.

    «Je savais qu’il allait y avoir un processus. Je savais que je n’allais pas revenir tout de suite à un niveau élevé […] En même temps, je ne croyais pas terminer aussi haut au contre-la-montre. Ça veut dire que je suis quand même avancée et qu’il ne reste pas beaucoup de chemin à faire.»

    Ces dernières semaines, Britanie Cauchon a surpris plus d’une personne dans le milieu du cyclisme québécois. Des gens qui ne croyaient pas qu’elle allait revenir après ce qu’elle a vécu depuis 2021. 

    Pourtant, elle a prouvé plus d’une fois, sur son vélo, qu’il ne fallait la sous-estimer, ni mettre en doute sa volonté, son endurance et sa résilience. Sages sont ceux qui ne l’ont pas oublié. 

     

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