Le retour au jeu de Christo
Plusieurs centaines de jeunes joueurs du hockey mineur ont foulé la glace du Centre Premier Tech la saison dernière dans les couleurs de Hockey Rivière-du-Loup. Ils l’ont fait avant tout par passion pour leur sport, mais aussi pour l’esprit d’équipe et le sentiment de travailler ensemble vers un but commun. Pour l’un d’entre eux, Christopher Roy, la symbolique était cependant plus grande encore.
Cette saison a marqué le retour au jeu tant attendu du jeune gardien qui avait été contraint de mettre sa passion sur pause pendant un an, le temps de combattre une rare leucémie. Un cancer qui s’est attaqué à lui de façon complètement inattendue, quelques mois seulement après qu’il eut célébré ses 9 ans.
C’est lors d’un camp de gardien de but organisé à Matane, en aout 2024, qu’il a rechaussé les patins la première fois, après 15 mois d’absence. Le jeune «Christo» est entré dans l’amphithéâtre avec un large sourire, «comme s’il connaissait tout le monde», s’est souvenue sa maman, Cindy Michaud.
À ses premiers coups de patin, son élan trahissait un enthousiasme tangible. Sa mère, elle, essuyait des larmes dans les estrades. «Des larmes de joie», a-t-elle récemment précisé. «C’était une grande victoire de le revoir sur une patinoire.»
Les mois suivants ont été pour le moins spéciaux pour le jeune homme avec le Bleu et Or de Rivière-du-Loup, catégorie M11 B. Chaque match s’est révélé être un moment de célébration. L’accomplissement concret d’un objectif qui ne l’a jamais quitté lorsqu’il se dressait contre l’adversaire, un peu comme il le fait sur la glace devant les tirs de l’équipe adverse.
«Pour lui, c’était un vrai retour à la normale, comme s’il n’avait jamais arrêté, a raconté Cindy Michaud. Il avait les yeux brillants. Il fallait même le retenir et lui faire comprendre qu’il devait prendre des pauses.»
«Pour moi, c’est quelque chose qui est vraiment venu me chercher. Il y avait beaucoup d’émotions, de fierté», a-t-elle reconnu.
PAUSE FORCÉE
Le diagnostic – celui qu’aucun parent ne souhaite entendre – est tombé en juin 2023, peu de temps après la dernière saison de Christopher chez les novices. Plus de six mois de traitements, de la chimiothérapie et même une greffe de moelle osseuse ont ensuite été nécessaires pour que le garçon se remette enfin sur pied.
L’année a été marquée de hauts et de bas, mais le jeune homme n’a jamais baissé les bras, démontrant beaucoup de combativité et une grande résilience, même dans les moments les plus difficiles. Il a aussi impressionné les spécialistes par sa fougue, sans doute la même qui le pousse à vouloir arrêter chaque rondelle dirigée vers lui.
Cette période, passée entre le Centre hospitalier de l'Université Laval (CHUL) et le CHU Sainte-Justine, ne l’a pas seulement cloué au banc, elle l’a éloigné de l’aréna complètement. Mais son amour du sport ne s’est pas dissipé, bien au contraire.
L’an dernier, Christopher a suivi la saison des Canadiens de Montréal, tout comme celle des 3L de Rivière-du-Loup qui s’est étirée jusqu’en finale de la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH). Les joueurs l’ont soutenu dans sa bataille. L’attaquant Simon Chevrier, Louperivois d’adoption, l’a même visité à Montréal.
À l’hôpital, sa mitaine et son bloqueur de gardien de but n’étaient jamais loin non plus. De fidèles acolytes, source de réconfort, qui ont été au cœur des bagages trimballés entre Rivière-du-Loup et les grands centres urbains.
«Il les avait toujours avec lui. Quand il allait moins bien, le seul moyen de le faire bouger avec les ergothérapeutes, c’était de lui montrer ses gants de gardien. À la vue de son équipement, il retrouvait de l’énergie», s’est remémoré sa mère.
Photo : Marc-Antoine Paquin
LA CHANCE DE JOUER
Tout ce temps, la possibilité de retourner sur la glace, mais surtout celle de retrouver ses coéquipiers, a été source de motivation pour le jeune homme qui a su surmonter toutes les épreuves qui se sont présentées. Elles ont pourtant été nombreuses, Christopher ayant vécu pratiquement tous les effets secondaires liés à une greffe de moelle osseuse.
«Il disait souvent qu’il avait hâte de rejouer, de revoir son monde» au-delà des écrans de téléphone, a soutenu Cindy Michaud.
En mars 2024, à sa seconde sortie de l’hôpital, le jeune passionné était d’ailleurs convaincu qu’il allait finalement avoir la chance de rechausser les patins. Or, sa situation le forçait à demeurer à la maison et à se reposer. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais ses tentatives de négociations n’ont pas suffi, a blagué sa maman.
Près de six mois de patience supplémentaires auront été nécessaires avant qu’il remette, officiellement, son équipement. Si quelques parties de dekhockey l’ont aidé à patienter, le moment tant attendu est arrivé à la fin de l’été 2024. Après son camp de gardien, il a intégré un nouveau groupe de façon naturelle, même si plusieurs de ses bons amis avaient été sélectionnés dans l’équipe A.
«Christopher, c’est un sociable, un rassembleur. Il aime le hockey, mais il aime faire partie d’une équipe, alors il s’est rapidement fait de nouveaux amis», a indiqué Cindy Michaud. «J’aime faire de gros arrêts», a aussi confié le #33, un numéro choisi en l’honneur de Patrick…Roy.
Le petit gardien a connu une excellente saison. Son équipe, un groupe uni, a atteint la demi-finale d’une compétition au Kamouraska. Elle a aussi fait partie du carré d’as du championnat régional. Christopher a joué une douzaine de matchs avec l’entrain qui le caractérise. Il a même commencé à danser devant son filet. Une simple habitude qui est vite devenue sa marque de commerce à l’aréna, symptôme d’une légèreté retrouvée.
«Il est toujours aussi compétitif, mais il s’en fait moins avec certaines choses. Aujourd’hui, il comprend bien la chance qu’il a de jouer au hockey, de pouvoir bouger et de pouvoir mettre des patins», a expliqué Mme Michaud. «Il voit toujours le bon côté des choses et il est très reconnaissant.»
En date d’avril 2025, Christopher Roy n’est pas à 100 % tiré d’affaire, mais il a tout de même atteint la marque importante des 18 mois de rémission. Il va aussi très bien, lui qui incarne la résilience, la force et le positivisme. Des valeurs importantes au hockey, comme dans la vie.
>> UN INTÉRÊT À REDONNER
Reconnaissante envers tous ceux et celles qui ont aidé sa famille pendant les mois de traitements de Christopher, Cindy Michaud a récemment émis la volonté de se bâtir une équipe pour participer à la Coupe Charles-Bruneau, une compétition amicale de hockey-balle dont l’objectif est d’amasser des fonds pour la Fondation Charles-Bruneau.
Actuellement, quelques personnes ont levé la main pour prendre part, avec elle, à l’événement du 24 mai à Québec, mais d’autres devront se joindre au groupe pour que le projet puisse se réaliser.
«Dans les ailes Charles-Bruneau, tu n’as pas l’impression d’être à l’hôpital. C’est un milieu de vie et ça fait vraiment une différence sur une longue période», a témoigné Mme Michaud qui estime aussi très importante d’encourager la recherche.
L’invitation est lancée.
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