Marylise Lévesque réconciliée avec le judo
Saint-Pacôme - À sa première compétition dans sa nouvelle catégorie de poids, les moins de 70 kilos, la judoka Marylise Lévesque a décroché une médaille d’argent en Coupe du monde. En raison de ses rapides succès obtenus à Birmingham, en Angleterre, Lévesque a été nommée Athlète Sportcom de la semaine du 21 septembre 2009.
Bousculée
Été 2008. Marylise a 25 ans et elle est prête à vivre son baptême olympique. Elle a bien ce genou qui l’incommode un peu, mais ça ira après Pékin. « Les Jeux olympiques ont été une superbe expérience. Bon, évidemment, mon dernier combat m’a déçue parce que ç’a été très serré. Je menais au début du combat, mais j’ai perdu à la fin. J’étais frustrée, mais en même temps, ç’a été fantastique et je me suis dit qu’il fallait bien que je remette ça dans quatre ans. »
Pour relancer ce cycle olympique du bon pied, l’athlète de Saint-Pacôme avait tout prévu. « J’arrivais au pays le 26 août et je me faisais opérer le 29 pour une déchirure du ménisque que je traînais depuis un petit bout de temps. »
Après, elle entend s’accorder une pause, revenir tranquillement à la compétition et se concentrer davantage sur ses études en soins infirmiers. Il en sera tout autrement.
« Il a fallu que je brusque mon retour à la compétition parce que mon entraîneur croyait que je devais accumuler des points pour assurer mon brevet, mentionne celle qui a fini neuvième à Pékin. Tout a été tout croche à partir de ce moment-là. Ma motivation était moyennement là, les résultats aussi. Toute ma saison a été plus ou moins bonne. »
« J’ai aussi dû chambouler mon calendrier scolaire… » Rien qu’à l’entendre, on comprend que Marylise Lévesque n’avait aucune envie de ce retour hâtif et… inutile. « On a mal lu les règlements. Je n’avais pas à faire de compétitions à l’automne. »
Le moral en prend alors un sérieux coup. « Je me suis demandé si j’avais encore le goût de faire ça. » La tête avait déjà lâché, le corps a suivi peu de temps après. En mai dernier, Marylise se retrouve aux prises avec une mononucléose. Le temps d’arrêt a sonné.
Aller vers le bas
Pendant l’été, la judoka renoue avec ses études et son métier d’infirmière. Forcée de remettre sa démission en 2007 puisqu’elle ne voulait pas d’un poste – trop contraignant quand on est à la fois étudiante et athlète – elle n’avait pas travaillé depuis. « J’ai bien aimé le travail en CLSC », confie l’athlète qui possède déjà une technique en soins infirmiers qu’elle est en train de bonifier en suivant son cours universitaire.
Avec le travail, Marylise reprend l’entraînement, à son rythme cette fois. « Les études et le travail m’ont fait du bien. J’ai pu faire autre chose. »
Le portrait canadien a cependant changé entre temps. Sa coéquipière, Catherine Roberge, a fait le saut chez les moins de 78 kilos. Amy Cotton et Roberge détiennent le haut du pavé côté classement mondial et national. « J’avais chuté au classement et revenir au sommet, je voyais cela comme une montagne. »
Lévesque se décide : elle combattra dorénavant chez les moins de 70 kilos. « C’est le temps ou jamais d’essayer. Le décompte des points pour la qualification olympique ne commence pas avant mai 2010. » En changeant de catégorie, la résidante de Longueuil doit tout reprendre à zéro, ce qui est loin de l’inquiéter, au contraire.
« Cet été, j’ai fait le ménage dans ma tête. Changer de catégorie, ça représente un nouveau départ, de nouveaux objectifs. Je vise maintenant être première au Canada chez les moins de 70 kg et je voudrais l’être en mars prochain. À tout le moins, je veux être la représentante canadienne au prochain Championnat du monde à l’été 2010. »
Adaptation facile
Marylise Lévesque a tout de suite senti l’appui de ses coéquipiers lorsqu’elle a fait le changement. « J’ai eu de bons commentaires! Je me suis fait dire que j’avais l’air bien et plus agressive. Moi, je me sens aussi forte. »
Auparavant, le poids de Lévesque était de 76 kg, tandis que maintenant, il oscille autour de 72 kg. « Je pense que ma force physique va être un avantage. J’ai un bon judo au sol et ça prend une bonne force pour retourner les filles qui ont tendance à être plus rapide dans les plus petites catégories de poids. Je devrai travailler cet aspect, mais disons que le résultat obtenu à Birmingham est très encourageant. »
Réconciliée avec le judo? « Oui, tout à fait », témoigne la judoka de 26 ans, visiblement heureuse. « Le psychologue de l’équipe m’a fait réaliser tout ce que j’avais vécu l’année dernière. Il m’a dit : c’était ça, ton blues postolympique. Tout le monde le vit différemment. Ç’a été un peu tout croche, mais au bout de 11 mois, c’est finalement derrière moi. Je peux passer à autre chose et je prends maintenant les années une à la fois. »
Collaboration : Caroline Larose, Sportcom
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