Sept décennies de hockey
Tout est prétexte à jouer un match de hockey pour Yves Pomerleau. Et le prétexte est toujours bien présent. Mais quelle passion anime cet homme? D’un calme olympien, il répondra qu’il aime le hockey, tout simplement, depuis qu’il est ado. Disons plutôt qu’il en mange, qu’il carbure au hockey! Antidote au cafard, à l’ennui? Non, le hockey coule en lui, comme une sève bienfaisante. Cet homme est animé du besoin de bouger.
L’activité physique et le sport font corps avec lui, tout naturellement. Quand on y regarde de près, on se dit que tout cela tient du phénomène. Et bien voilà : Yves Pomerleau est un joueur compulsif… de hockey. Le sport est une véritable drogue pour lui.
Il vient de célébrer ses 70 ans. Lundi soir, il entreprenait sa septième décennie sur les lames en compagnie d’un groupe d’amis avec lesquels il partage la patinoire du Stade de la Cité des Jeunes. La flamme brille toujours dans ses yeux quand il relate non pas ses exploits, il n’est pas du genre vantard, mais les époques qu’il a traversées, les gens qu’il a connus et les souvenirs qu’il a accumulés, les grands plaisirs que lui a procurés notre sport national, au fil des années 50, 60, 70, 80, 90, 2000 et maintenant 2010.
Yves Pomerleau vient d’avoir 70 ans. Il joue encore trois matches de hockey par semaine. À gauche sur la photo, son bon ami Pierre Mailloux avec qui il joue depuis plusieurs années.
Photo : Hugues Albert
Septième d’une immense famille de 15 enfants, tous nés à Sully, Yves Pomerleau est arrivé à Rivière-du-Loup en 1956. Son père Jules avait acheté le garage Windsor en 1950 et il a fait la navette Sully - Rivière-du-Loup deux fois par semaine jusqu’en 1956, année où il décida de venir s’installer plus près de « la business ».
Ayant fréquenté le Collège St-Louis d’Edmundston un an, il compléta ses études en administration comptable en 1958 à l’Académie de Québec et revint au bercail pour travailler au sein de l’entreprise paternelle qui avait besoin d’un homme de chiffres.
Ses premiers coups de patin
Yves Pomerleau donna ses premiers coups de patin en 1950. À l’époque, la même paire de patins se passait généralement du plus vieux au plus jeune de la famille. Et c’est en 1953 qu’il entreprit son long cheminement dans le hockey. En 1958, il fit l’acquisition d’une belle paire de patins CCM Pro-Lite.
« Je commençais à travailler et j’avais décidé de me payer quelque chose de bon. » C’est en cette même année qu’il s’intégra à une équipe évoluant dans la Ligue de la Cité, un circuit intermédiaire de bon calibre. Les matchs se jouaient à l’extérieur, car l’aréna de Rivière-du-Loup avait été détruite en 1955 et ce n’est qu’en 1963 qu’apparut une nouvelle enceinte couverte, le Stade de la Cité des Jeunes, dotée d’une glace artificielle. Les saisons débutaient à Rivière-du-Loup mais elles se terminaient le plus clair du temps à Trois-Pistoles qui avait une aréna avec glace naturelle.
« Je n’étais pas le joueur le plus talentueux, mais quand j’ai commencé, je me disais que je serais un gars fiable et j’aimais jouer à la défense. Mon joueur préféré était Doug Harvey du Canadien. J’admirais aussi des gars comme Jean-Claude Tremblay, Larry Robinson, Serge Savard, Bobby Orr, et plus tard Paul Coffey. »
Des joueurs qu’il a côtoyés sur glace et qui sont devenus ses amis sont légion. Allons-y d’une énumération sommaire : Réjean « Ti-Père » Hamelin, Jean-Claude Lepage, Jacques « Pit » Roy, Jean-Paul Goulet, Paul St-Laurent, André Gagnon, Claude Mailloux, Claudin Berger... Les Bertrand Lepage, Guy Lepage, Michel Théberge, de Trois-Pistoles, les Urbain Dionne, Marcel Pelletier, Gaston Côté, Gaston Lebel, de Rimouski…
Il a évolué au sein de l’équipe intermédiaire Le Frontenac avant d’avoir sa propre équipe dans la Ligue Progression, le Pomerleau, où il était capitaine et entraîneur. Il a joué au baseball, fait des courses de bateaux motorisés, du jogging. Il raffole de tennis et de vélo sur route. Il se livre encore aujourd’hui à deux heures de sport tous les jours.
Et devinez combien il va jouer de matchs de hockey cet hiver : 80 au moins, à raison de trois par semaine! Mais quand allez-vous donc accrocher vos lames? « J’arrêterai quand mon corps ne me le permettra plus! »
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