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INFODIMANCHE • LE 24 NOVEMBRE 2021 19 ACTUALITÉ Enceinte, Annabelle a dû entrer dans la rési- dence par une fenêtre qu’elle avait laissée entrouverte, au cas où. «Il m’a pitchée sur un mur. Si j’essayais de lui parler, ça ne résultait à rien, j’étais toujours cou- pable de tout ce qui se passait. À un moment donné, tu finis par y croire, ça te rentre dedans.» Peu à peu, elle a été isolée de ses amies. Elle a eu recours aux services de La Débrouille de Rimouski, un organisme pour les femmes victi- mes de violence conjugale. Malgré les ruptures répétées, son ex- conjoint arrivait toujours à la regagner. «C’est ta parole contre la personne qui t’a fait quelque chose. La violence conjugale, c’est caché. La plupart du temps, s’il y a du monde, ils ne font rien. Dans mon cas, il fallait qu’il impres- sionne mon entourage. C’est ce qu’il faisait avec mes amies, il achetait du restaurant, les invitait à souper. C’est comme s’il les avait endormies. À un moment donné, je les appelais en pleurant. Elles voyaient clair dans ce qui se passait.» Lors d’une intervention policière à son domi- cile, les patrouilleurs ont porté plainte pour Annabelle. Rendue au palais de justice, elle avait repris sa relation, malgré les interdictions de contacts entre eux. «J’ai dit à la juge que j’avais menti. Ce n’était pas vrai que j’avais menti. Il fallait que je m’en sorte pour revenir avec. Je lui ai sauvé la face encore une fois…mal- heureusement». Annabelle a eu trois enfants pendant cette relation. Elle a porté des plaintes contre son con- joint, puis les a laissées tomber. «C’est comme une boite à surprise, tu ne sais jamais quand ça va péter. Il y a des beaux moments à travers tout ça. Tu essaies d’avoir espoir dans ces beaux moments. À chaque fois qu’il revenait me cher- cher, c’était toujours des violons qui partaient. Il savait où étaient mes faiblesses. Je voulais avoir une famille unie…» Elle a pu compter sur l’aide de sa famille pour quitter la maison avec ses enfants et elle a trouvé refuge dans une maison d’hébergement. Annabelle recevait régulièrement des menaces concernant ses enfants ou des propos suicidai- res de la part de son ex. Elle a aussi été victime d’une campagne de salissage sur les réseaux sociaux. En 2017, en ayant plus qu’assez, elle a décidé de mettre son pied à terre. «Il avait du stock chez nous. J’ai mis ça dans des sacs à poubelle. J’ai tout foutu ça sur la gale- rie, j’ai dit ‘’ tu t’en vas et tu me laisses tran- quille’’. Ça n’a pas été facile. J’étais revenue près de ma famille, je m’étais fait des amies. Toutes les personnes que j’avais en commun avec lui, j’ai mis une croix sur elles.» Deux ans plus tard, sa fille ainée a porté plainte pour agression sexuelle contre son ex- conjoint. Le dossier est encore actif devant les tribunaux. Annabelle ne se sent pas écoutée par la Direction de la protection de la jeunesse. Elle déplore le manque de logique entre les déci- sions rendues en droit de la famille et les accu- sations déposées en chambre criminelle. La mère de famille craint qu’il ne s’en prenne aux autres enfants. METTRE FIN À UNE RELATION TOXIQUE Annabelle s’est reconstruite. «Je pense que ce qui m’a sauvée, c’est que j’ai un méchant caractère. Pour une fois, il a servi à m’en sortir.» Elle est allée chercher de l’aide et elle sou- haite maintenant adresser un message aux per- sonnes victimes de violence conjugale qui se reconnaissent dans son histoire. «Souvent, tu vas être remise en question. Je n’avais plus d’estime de moi ni de confiance. Ce ne sera pas facile, sauf que c’est faisable. Je me suis accro- chée à mes enfants […] C’est possible de refaire sa vie. Il ne faut pas attendre que l’aide arrive, elle n’arrivera pas toute seule. Il faut que tu ailles la chercher». SUITE DE LA PAGE 18 Après avoir passé près d’un an sous l’emprise d’un ex-conjoint aux comportements violents, Caroline* a dû déménager de Rivière-du-Loup, où elle ne se sent plus en sécurité. «Ça m’aide, il ne peut plus passer devant chez nous, me surveiller. Il n’a plus cet ascendant-là […] Maintenant, je n’ai plus peur de personne, c’est fini.» Il brisait des objets, s’en prenait à un enfant et il a cogné le chien de sa conjointe sur le plancher à plusieurs reprises en le tenant par le cou parce qu’il avait uriné par terre. «Ça empirait. J’avais peur que les gestes violents viennent vers moi. C’est pour ça que je suis partie». Cette union d’un an a été entrecoupée de rup- tures et ponctuée par de nombreuses visites des policiers. «Ils venaient tout le temps chez nous. C’est à partir de ce moment que j’ai connu tous les organismes, le Centre-femmes, l’Autre-Toit, le CAVAC. J’ai été chercher de l’aide le plus possible parce que c’était impact par-dessus impact. Les enfants avaient des codes pour appeler la police. Je donnais un coup de pied dans le plancher», raconte Caroline. Elle déplore que les victimes ne se sentent pas crues par les services de police et le système de justice. «Tant et aussi longtemps qu’on n’est pas morte, on dirait qu’ils ne nous croient pas. Il y en a qui fuguent, qui changent de pays, de ville ou d’identité […] Même si j’ai des photos et des preu- ves… il faut quasiment que tu aies des bleus pour que ça fonctionne, ou encore que ta vie soit en danger», ajoute Caroline. APPEL À L’AIDE Son union empreinte de violence conjugale l’a amenée à aller chercher de l’aide auprès des organismes de la région. «Il buvait beaucoup, il avait arrêté et je lui ai donné une chance, mais ce n’était pas mieux, ajoute-t-elle. À la fin, j’étais en mode sur- vie, je voyais noir. J’ai appelé mon médecin parce que j’avais déjà fait des plans. D’habi- tude je suis très très forte mais c’était tou- jours à répétition. Ce sont mes enfants qui m’ont gardée vivante, sans qu’ils ne le sachent […] Souvent, c’est la peur qui te garde là-dedans. Tu as peur d’avancer ou tu as peur de ce qui peut arriver. Quand quelqu’un pète les plombs, tu ne sais pas comment ça peut virer.» Elle a pu aussi compter sur le soutien de sa famille et de ses amis. Caroline bénéficie d’un suivi avec l’organisme L’Autre-Toit du KRTB depuis plusieurs années. Son intervenante lui a donné beaucoup de con- seils et l’a amenée à reprendre confiance en elle. «J’ai mon toit. Je me débrouille. Je prends du temps pour moi, même si c’est juste 10 minutes par jour. C’est difficile pour moi de faire con- fiance. J’aime mieux être toute seule que mal chaussée.» Malgré tout, elle croit encore à l’amour. Caroline souligne toute- fois qu’elle porte davan- tage attention aux signes précurseurs et qu’à l’avenir, elle écou- tera sa petite voix. «Une relation c’est comme quand tu es dans une chaloupe. Si tu veux que ça avance droit, il faut que tu pagaies des deux côtés en même temps pour avancer, sinon tu tournes en rond.» Les 12 jours contre la violence faite aux femmes est une campagne qui débute le 25 novembre et se termine le 6 décembre, lors de la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes. Le parlement a ins- titué cette journée pour honorer la mémoire les 14 jeunes femmes qui ont été tuées à l’École Polytechnique de Montréal en 1989. Coordonné par la Fédération des femmes du Québec, qui regroupe une vingtaine d’organismes, cet évènement vise l’élimination des violences systémiques et institutionnelles faites aux femmes. *Les noms des victimes ont été modifiés afin de conserver leur anonymat. Caroline* - fuir pour sa sécurité Si vous ou un de vos proches êtes victime de violence conjugale, con- tactez SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010 ou consultez le sosviolenceconjugale.ca • L’Autre-Toit du KRTB : 418-854-7160 • CALACS du KRTB : 418 816-1232 • Centre-Femmes du Grand-Portage : 418 867-2254 418 867-2002 200-A, Hôtel-de-Ville, RIVIÈRE-DU-LOUP Manon Labrie 418 860-7249 Lorraine Thériault 418 860-5769 Marc Boucher 418 868-7551 Audrey Chouinard 418 714-2336 NOUVEAU ST-ANTONIN Rue Nadeau Marc Boucher 418 868-7551 EN VEDETTE NOTRE-DAME-DU- PORTAGE 844, route de la Montagne Lorraine Thériault 418 860-5769 1151114721 RIVIÈRE-DU-LOUP 154, rue Lafontaine Marc Boucher : 418 868-7551 RIVIÈRE-BLEUE 44, rue de la Frontière Ouest Lorraine Thériault 418 860-5769 ST-ANTONIN 7, rue du Millénaire Audrey Chouinard : 418 714-2336 NOTRE-DAME-DU-PORTAGE 524, route du Fleuve Lorraine Thériault : 418 860-5769 TERRAIN PRÊT À CONSTRUIRE EN VEDETTE NOTRE-DAME-DU- PORTAGE Route de la Montagne Audrey Chouinard 418 714-2336 ST-ANTONIN 742, chemin Rivière-Verte Audrey Chouinard : 418 714-2336 RIVIÈRE-DU-LOUP 164, rue Lafontaine Marc Boucher : 418 868-7551 VENTE D’ENTREPRISE COMMERÇANT ANTIQUAIRE VENTE D’ENTREPRISE COMMERCE D’ÉLECTROMÉNAGERS USAGÉS TERRAIN

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