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INFODIMANCHE • LE 5 OCTOBRE 2022 7 ACTUALITÉ jeunes. Il faut démystifier tout ça, que ce soit moins tabou», a-t-il partagé. Décidé et convaincu, c’est finalement près d’un an plus tard, en 2010, qu’il a entamé les pro- cédures pour confirmer qu’il était non seulement compatible pour la greffe, mais aussi que celle-ci ne représenterait aucun danger pour lui-même. Le processus a duré quelques mois, période durant laquelle il a été examiné «de la pointe des cheveux au petit orteil», sous tous les angles. Tests médicaux, rencontres en psychologie et en travail social…la totale. Rien n’a été laissé au hasard. Puis, la réponse attendue est arrivée en avril 2011. Les anticorps de sa conjointe accep- taient les siens et l’opération ne repré- sentait pas de danger. Le processus pouvait aller de l’avant. Le prélè- vement et la transplantation du rein étaient même prévus quel- ques semaines plus tard, le 13 juin. Un grand soulagement. «Tout s’est fait beaucoup plus rapide- ment qu’à l’habitude, mais il fallait agir vite, puis- que les reins d’Isabelle se dégradaient. Quand elle a été opérée, il devait lui rester moins de 10 % de fonctions rénales», a souligné le résident de Rivière-du-Loup, ne cachant pas avoir levé plusieurs fois les yeux au ciel en implorant qui- conque une compatibilité avec sa conjointe. Onze ans plus tard, Patrick Chapdelaine vit comme si cet épisode ne s’était jamais vraiment passé. Il ne l’a pas oublié – et ne l’oubliera jamais – mais il se porte très bien, tout comme Isabelle d’ailleurs. Leur amour l’un pour l’autre est aussi encore plus fort. «Après une convalescence de trois mois, j’ai repris ma vie que j’avais laissée en entrant dans la salle d’opération […] Aujourd’hui, je n’ai aucune contrainte. Je dois faire attention au sucre, mais c’est aussi le cas de tout le monde», a-t-il dit en riant. Il réalise aussi tout ce que le geste a changé pour sa conjointe et sa qualité de vie. «L’hémo- dialyse, c’est très très difficile pour le corps. Je n’ose pas imaginer ce qu’elle aurait pu vivre plusieurs jours chaque semaine. Il fallait qu’elle évite ça.» «Aujourd’hui, Isabelle va aussi très bien. Elle est suivie de près, doit passer des tests chaque année à Québec, mais ce n’est pas grand-chose comparativement à ce qu’elle aurait pu vivre pendant l’attente pour une greffe. Et on ne sait pas combien de temps elle aurait attendu…» «UN GESTE POUR SAUVER DES VIES» Patrick Chapdelaine ne s’en cache pas : il lui a fallu du temps pour comprendre et réaliser la portée de son geste et surtout la façon dont celui-ci était perçu (positivement) dans les yeux des personnes qui connaissent leur histoire. Reste que de son côté, il y a toujours eu une simplicité, une évidence, associée au don qu’il a fait pour celle qu’il aime le plus au monde. «Pour moi, c’était seulement inconcevable de ne rien faire. Je ne pouvais pas m’imaginer voir sa santé se dégrader de jour en jour, ce n’était juste pas possible, a-t-il répété lors de l’entretien. J’avais une rare possibilité, avec l’aide de la médecine, de la sauver, alors c’est ce que je devais faire.» «Quand on voit quelqu’un se noyer. Le pre- mier réflexe, c’est de sauter à l’eau. On ne pense pas à nous dans l’immédiat», a-t-il plus tard imagé. Depuis une décennie maintenant, Patrick Chapdelaine est aux premières loges tous les jours pour voir à quel point une greffe peut faire toute la différence dans une vie. C’est pourquoi il a accepté de s’impliquer comme porte-étendard du prochain Défi Chaîne de vie du Bas-Saint- Laurent, et d’encourager l’organisme dont l’objectif est de sensibiliser les jeunes et leurs familles à la question du don d’organes et de tissus. «Signer sa carte d’assurance-maladie, parler avec ses proches de sa volonté de donner ses organes à son décès, l’inscrire à son testament, ce sont des gestes très simples qui peuvent avoir des conséquences incroyablement positives sur plusieurs personnes un jour. C’est le message que je souhaite qu’on retienne», a-t-il dit. Quelque part, les gens n’ont pas à se poser de question, au même titre qu’il n’a pas hésité lors- que le moment est venu. Évidemment l’implica- tion émotionnelle n’est pas la même, le geste pas aussi concret – à court terme, mais l’idée demeure. Quelque part, la chose à faire est évi- dente. «C’est un geste qui sauve des vies. C’est majeur, et il me semble que ça prend tout son sens.» Patrick Chapdelaine, sa conjointe Isabelle et toute l’équipe de Chaîne de vie Bas-Saint-Laurent vous invitent à les rejoindre pour une montée du Mont Saint-Mathieu, le 15 octobre prochain, afin d’appuyer la cause et de grimper, ensemble, pour la vie. Patrick Chapedelaine a toujours avec lui une photo du moment où il a retrouvé sa conjointe, dans une chambre de l’Hôtel-Dieu de Québec, quelques heures après la greffe. «Quand on voit quelqu’un se noyer. Le premier réflexe, c’est de sauter à l’eau.» SUITE DE LA PAGE 6 1151174022

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