Complexe santé Rivière-du-Loup : «Ce projet-là a scrappé ma vie» Alors que le bruit incessant de la machinerie lourde se fait entendre et que sa maison entière vibre au rythme du pieutage, M. Landry a accepté de revenir sur les derniers mois qu’il a vécus depuis l’annonce du projet Medway à quelques mètres de sa porte d’entrée. Une année pénible, faite de plus de bas que de hauts, qu’il craint n’être pourtant que les dou- loureuses prémices aux mois et années à venir. Une année durant laquelle il est aussi devenu une figure publique, porte-étendard d’un groupe de citoyens d’abord inquiets par la réali- sation de ce «mégaprojet», puis simplement opposés à sa concrétisation dans la forme et l’endroit proposés. Un contestataire à tous crins, leader de «chialeux» et de «frustrés», l’a-t-on identifié. «C’est un rôle que je n’ai pourtant jamais vrai- ment voulu. Je ne souhaitais pas être au front, mais une contingence a fait que je l’ai été», raconte-t-il dans un espace de vie derrière chez lui, le bureau à l’avant étant trop bruyant. À l’automne 2021, rien ne destinait d’ailleurs l’homme de 75 ans, ancien directeur du Musée du Bas-Saint-Laurent, à cette vilaine responsa- bilité. En novembre, le retraité et sa compagne ont quitté la municipalité de Saint-Alexandre- de-Kamouraska pour le centre-ville louperivois. Ils souhaitaient s’impliquer bénévolement, rencontrer des gens, avoir accès à davantage de services de proximité et peut-être même délaisser la voiture. Ils ont choisi la rue Saint- Louis où ils n’y voyaient pratiquement que des avantages. «C’était à quelques pas du parc des Chutes et des commerces de la rue Lafontaine. La mai- son est grande, solide, en bon état. On était heureux, enchantés même. C’était vraiment l’idéal», se remémore-t-il. «Malheureusement, c’est tourné rapidement au cauchemar.» «TROP GROS, TROP HAUT, TROP VITE» À peine cinq mois après leur déménagement, Info Dimanche rapportait pour la première fois la volonté du Groupe Medway, un promoteur immobilier de Québec, de s’installer sur un ter- rain non loin de chez lui. Un projet initial pour lequel il ne voyait pas matière à contestation. «Dans un premier temps, on parlait du terrain de Poitras Meubles et Design et on trouvait que c’étit un moindre mal, compte tenu des installa- tions présentes. On pensait à 3-4 étages, mais on a vite réalisé que c’était plus que ça. Le coup majeur, ç’a vraiment été lorsqu’ils ont apposé les avis de démolition sur les maisons devant.» Leurs boites n’étaient même pas toutes défaites lorsque leur nouvelle vie a été bouscu- lée et qu’ils ont décidé de poser des questions et de manifester leur désaccord. «On savait qu’on déménageait dans un secteur urbain, dans un centre-ville, où il y a des commerces. On con- naissait le zonage avec du résidentiel et du commercial. On vivait bien avec ça. Mais là, c’était la totale, trop gros, trop haut, trop vite…» Écrivain, amoureux des mots, de la littérature et de l’histoire régionale, Pierre Landry a senti qu’il devait agir, parler, écrire. Il l’a fait pour lui et ses voisins, mais aussi pour la ville et son avenir. «Ce n’est pas seulement une histoire de ‘’pas dans cour’’, martèle-t-il. Ma cour, elle est large. J’aime Rivière-du-Loup. Pour moi, un dévelop- pement comme ça n’a simplement pas sa place en son cœur et ça m’a atteint à plusieurs niveaux.» Il explique avoir un attachement particulier au patrimoine et à l’histoire de cette ville qu’il côtoie depuis l’adolescence. Il a lui-même écrit sur son train, a participé à des luttes pour la pro- tection de son musée et de son école de musi- que. Il s’est réjoui des luttes passées pour la pro- tection de ce qui a été construit par les générations précédentes. «Pour moi, il y avait à Rivière-du-Loup une sensibilisation, un élan, envers la protection du patrimoine. Et avec ce projet, on est en train de défaire ce qui a été mis en place. On déroge de la voie qui a été donnée ces dernières décennies par les différentes administrations. Dans mon esprit, c’était implanté et immuable […] Alors quand c’est arrivé, ça m’a débâti.» «Je suis un fighter, donc j’ai lutté. Mais c’est le combat qui m’a choisi. Je m’en serais passé. Je ne suis pas venu ici pour ça, au contraire. Je vou- lais contribuer, m’impliquer, terminer un projet d’écriture…» SUIVRE SES CONVICTIONS Pendant des mois, en collaboration avec des voisins et d’autres citoyens interpellés, il a multi- plié les présences aux séances du conseil muni- cipal et il a coordonné des signatures en opposi- tion à l’adoption de certains règlements et aux demandes de démolitions. Il a étudié les règle- ments, posé des questions, émis des doutes et des inquiétudes. Il a suivi ses convictions, même si celles-ci l’ont parfois amené à être dur à l’endroit des élus. «J’ai parlé de conflit d’intérêts à un moment. Ce n’était pas une référence aux enveloppes brunes directement, mais plutôt une image pour dire que les élus sont en conflit entre les intérêts des citoyens et ceux des promoteurs», dit-il. Il regrette les façons de faire de la Ville dans ce dossier, de la rapidité d’exécution au manque de consultations et de communications, en pas- sant par l’absence d’un vrai référendum sur la question. Son «incurie», son «manque d’écoute» et l’absence de considération pour la mobilisa- tion citoyenne, également. «Se battre contre les autorités élues, des gens qui sont choisis pour te représenter, défen- dre tes intérêts, c’est difficile, horrible», a-t-il confié. «Aider les projets de développement oui, bien sûr, mais quand ce sont des projets de cette ampleur, quand c’est lié au plus gros investisse- ment privé de la ville, vraisemblablement, il me semble que ça méritait une consultation en amont», ajoute-t-il, maintenant que «ce projet va à l’opposé de ce que devrait être un urba- nisme contemporain axé sur le social et l’envi- ronnement.» Pierre Landry craint également pour l’avenir. Il s’inquiète pour sa qualité de vie des prochai- nes années, au cœur d’un grand chantier et PAR MARC-ANTOINE PAQUIN > «Mais qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu pour mériter ça?» C’est à travers cette for- mule empreinte d’incrédulité et de désespoir que le résident de la rue Saint-Louis de Rivière-du-Loup, Pierre Landry, a résumé sa situation – et celle de sa compagne – dans une récente lettre ouverte publiée dans le journal Info Dimanche. Des mots durs, diffi- ciles à lire, qui illustrent pourtant bien une réalité : leur vie a changé du tout au tout en quelques mois. Et non pas pour le mieux. SUITE À LA PAGE 9 > ans GENS BRANCHÉS > 1150025222 À partir du 15-16-17-18 janvier 2023, une nouvelle série de 10 cours de yoga en groupe recommence au Centre de Yoga Alain Gendron et Etiennette Gagnon à Rivière du Loup. Un yoga adapté à la capa- cité de chacun. Pour inscriptions et informations 418-862-9733 ou
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