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Un conflit règne entre une inspectrice et deux courtiers immobiliers Info Dimanche a joint Mme Luckenuick au len- demain de la diffusion du reportage. L’inspec- trice soutient qu’elle est littéralement évincée en raison de la rigueur de ses inspections et de ses rapports trop longs. Une rigueur qui contribue- rait à faire reculer de futurs acheteurs. La propriétaire d’Inspro estime qu’elle a minimalement perdu 155 inspections, représen- tant un montant de 96 875 $. Elle réclame donc 211 487 $ au total pour la perte de revenus, l’investissement fait en publicité, le temps inutile consacré au marketing ainsi que les dommages pour atteinte à la réputation. «De faire annuler mon inspection parce qu’elle est rigoureuse, ça ne passe pas», soutient-el le. En fonction du courtier, les clients se désisteront systématiquement, croit Mme Luckenuick. L’inspectrice sait que les mai- sons de courtage ont établi une liste de recom- mandation d’inspecteurs. «Je ne demande pas qu’ils arrêtent de faire une liste, je demande qu’ils arrêtent de me nuire», clame-t-elle. Contacté par Info Dimanche, Denis Desjardins a nié en bloc les allégations. «Je n’ai jamais eu l’inten- tion, le droit et la capacité de faire annuler des inspections». Il ajoute que ce sont les propriétaires qui déci- dent qui entre chez eux et qu’il n’a jamais interféré dans cette décision. Une demande d’injonction interlo- cutoire a été émise afin d’obliger les courtiers à cesser immédiatement et temporairement leurs agissements à l’égard de l’inspectrice. La demande a été rejetée le 15 février 2023 par la juge Johanne April. Mme Luckenuick soutient qu’elle portera la déci- sion en appel. Une demande d’injonction perma- nente suit son cours pour que les comporte- ments dénoncés par l’inspectrice cessent. Après la pandémie, Mme Luckenuick a observé une baisse «drastique» de ses demandes d’inspection. Un courtier, qu’elle refuse d’identifier, lui aurait signifié que les maisons de courtage ne souhaitaient pas sa présence en inspection, car «elle leur faisait peur», affirme-t-elle. C’est après avoir essayé de parler avec eux et tenté de déposer une plainte à l’Organisme d'autorèglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) que l’inspectrice a intenté des poursuites judiciaires contre Denis Desjardins de Proprio Direct et Jonathan Pelletier des Immeubles GLMC. Elle indique que l'Association des inspecteurs en bâtiments du Québec (AIBQ) est au fait de ses démarches. De son côté, Denis Desjardins ne cache pas l’existence d’une liste de recommandation d’ins- pecteurs à référer à ses clients. Cependant, il dément la présence d’une liste noire qui interdi- rait à certains professionnels d’intervenir dans une inspection préachat. «Si jamais l’inspecteur ne fait pas partie de ceux référés, on s’engage à mentionner aux clients qu’il n’en fait pas partie, mais l’acheteur a le droit de prendre l’inspecteur qu’il veut. On n’a jamais empêché personne de faire l’inspection, on n’a pas le droit de faire ça», répète-t-il. Le courtier immobilier reproche au journaliste de Radio-Canada, François Dallaire, d’avoir voulu détruire sa carrière. «Il m’a enregis- tré, il a pris un bout, a rabouté ça sur un autre sans avoir les circonstances avant et après. Il a fait un montage pour me faire passer pour un men- teur. Il a joué la “game du show” sen- sationnaliste», estime M. Desjardins. S’il ne peut commenter l’affaire en cours en raison du litige, il souligne que ce qui lui porte davantage pré- judice, c’est le reportage. Info Dimanche a tenté de s’entre- tenir avec Jonathan Pelletier. Les représentants du courtier nous ont redirigés vers la page Facebook du courtier de GLMC. «D’abord, un sentiment d’injustice m’habite. J’ai toujours eu à cœur le respect de mes clients et de mon éthique de tra- vail. Je tiens à clarifier que ni moi ni mes collè- gues qui travaillent au sein de notre agence immobilière n’utilisons une clause qui pourrait restreindre le choix des inspecteurs par les ache- teurs. Ce n’est pas dans nos valeurs et ne le sera jamais», a-t-il écrit. En commentaire sous sa publication, il a fait valoir qu’il était «primordial d'avoir la meilleure inspection possible lors de l'achat de sa propriété et surtout que les inspecteurs soutien- nent les problèmes soulevés avec des faits et apportent des solutions aux problèmes soulevés». PAR LYDIA BARNABÉ-ROY ET FRANÇOIS DROUIN > L'émission La Facture d'ICI Radio-Canada diffusée mardi dernier a mis en lumière une véritable fracture entre deux courtiers immobiliers de Rivière-du-Loup et une inspectrice en bâtiments, Anastasia Luckenuick. Cette dernière poursuit devant les tribunaux les courtiers Denis Desjardins et Jonathan Pelletier alléguant qu’ils inci- tent leurs clients à éviter les services de son entreprise. PHOTO : FRANÇOIS DROUIN Parc marin du Saguenay - Saint-Laurent : vers une aire protégée quadruplée «Le territoire actuel du parc marin est situé au cœur de l’habitat essentiel du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent. Par contre, cette espèce emblématique de ce beau coin de pays se trouve dans un état précaire», a soutenu Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique et ministre res- ponsable de l’Agence Parcs Canada. À ce jour, un peu moins de 40 % du parc marin protège le territoire du béluga. Les gouverne- ments, par l’agrandissement, visent à le couvrir à 100 % pour accentuer la protection de la baleine blanche. «Il n’y a aucun doute que les travaux des dernières années ont été profitables à l’espèce, mais on voit qu’il y a encore certains risques. C’est une espèce qui continue d’être menacée, qui diminue en nombre aussi au fil des années», ajoute Benoit Charette, minis- tre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements cli- matiques. Selon M. Guilbeault, plus l’habitat est pro- tégé, plus la popula- tion de bélugas a de chances de se rétablir et d’éventuellement se remettre des différents impacts subis au cours des dernières décennies. M. Charette souligne qu’accroitre la réglementation sur une plus grande superficie aidera aussi les autres espè- ces recensées dans le parc. Ce sont 2 200 espè- ces qui sont dénombrées dans l’aire protégée, dont le rorqual bleu et le garrot d’Islande. La volonté d’augmenter l’aire protégée du Parc marin du Saguenay - Saint-Laurent découle de l’engagement des gouvernements lors de la COP15 à Montréal. Ils désirent proté- ger 30 % des milieux naturels d’ici 2030. «L’objection de ce type de projet-là c’est de met- tre la conservation marine au cœur de ce qu’on fait», indique Steven Guilbeault. Ainsi, tou- tes les activités, soit la pêche, le tourisme et le transport continueront leur cours mais à travers le prisme de la protection. Les gouvernements travailleront dans les prochains mois avec le comité de coordination du parc marin, la Première nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, l’ensemble des acteurs du milieu ainsi que la population afin d’établir les modalités de l’agrandissement. Au terme de ses rencontres, des consultations publiques auront lieu pour ficeler le projet. Puisque les élus en sont encore aux étapes des consultations et des étapes législatives, aucun investissement n’a été dévoilé pour l’instant. «Le but ultime, on le souhaite, est la concréti- sation à travers les décrets quelque part en 2025 pour officialiser l’agrandissement de ce très beau projet», a conclu Benoit Charrette. PAR LYDIA BARNABÉ-ROY > Initiative de journalisme local Un travail de concertation entre les gouver- nements fédéral et provincial a été annoncé, ce 10 mars, afin d’augmenter la superficie du Parc marin du Saguenay - Saint-Laurent. D’ici 2025, les élus souhai- tent quadrupler l’aire protégée entre le fjord du Saguenay et l’estuaire du Saint- Laurent qui compte aujourd’hui 1245 km2. PHOTO: GREMM 1154180123 | INFODIMANCHE Le 15 mars 2023 • ACTUALITÉ 30 >
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