Le grand virage de Benjamin Fortin «J’aurais pu mourir brûlé […] J’ai eu la chance de reconstruire ma vie d’un certain côté. Je trouve ça drôle à dire, mais c’est l’une des plus belles choses qui me soit arrivé. La direction que prenait ma vie n’était pas optimale. Souvent, quand la vie essaie de te dire quelque chose, elle peut employer la manière forte. Mon accident a peut-être été, je pense, une façon de me recentrer sur les bonnes choses», confie Benjamin Fortin. RETOUR DANS LE TEMPS : SON ACCIDENT C’était un vendredi soir. Benjamin Fortin quittait son lieu de travail. Il conduisait pour se rendre à la maison, où il devait rejoindre sa conjointe et sa fille. Ils avaient planifié un week- end en famille, à Québec. «Qu’est-ce qui s’est passé? J’en ai aucune idée. Je me souviens d’être partie du garage [Lahey], c’est tout. Mon souvenir revient environ un mois plus tard. J’ai des petites bribes à l’occasion», exprime M. Fortin. Peu après 18h, sa voiture a effectué un capo- tage dans la bretelle de la sortie 514 de l’auto- route 20 menant vers Cacouna. Après un tête- à-queue, son véhicule s’est enfoui dans un fossé. Benjamin Fortin était inconscient, et des flam- mes s’échappaient de l’habitacle. TRAUMATISME CRÂNIEN SÉVÈRE Ce soir-là, Benjamin Fortin a subi un trauma- tisme crânien sévère. Malgré le fait que sa condi- tion ne soit pas visible physiquement, il vit aujourd’hui avec des séquelles et des limitations neuropsychologiques importantes. «J’ai environ entre 75 et 80% de ma capacité. Il faut que tu fasses le deuil que tu n’es plus la personne d’avant», a-t-il mentionné. Benjamin Fortin est affligé d’un manque d’énergie chronique. «Jusqu’à il y a peut-être un an ou deux, j’étais comme un enfant : la sieste à tous les jours. C’était des horaires très réguliers pour être capable de conserver un maximum d’énergie.» Aujourd’hui, Benjamin Fortin tente d’intégrer de nouvelles habitudes à son quotidien, afin de maximiser son énergie. L’année dernière, il a décidé de commencer à faire du jogging deux fois par semaine. «Je me suis rendu compte qu’en faisant de l’exercice, tu dépenses de l’énergie physique, mais tu gagnes beaucoup d’énergie mentale.» ACCEPTATION ET RÉADAPTATION Benjamin Fortin fait preuve d’une grande rési- lience. Cette épreuve difficile l’a amené à réaliser une introspection et à définir ses priorités. «J’étais quelqu’un qui était à la limite du “worka- holic”. Je travaillais beaucoup, mettant la famille en deuxième et le travail en premier», a confié Benjamin Fortin. L’acceptation de sa condition est un défi quo- tidien. «Le découragement qu’il y a derrière ça, savoir qu’on ne sera plus jamais capable de faire certaines choses», ajoute-il. Auparavant méca- nicien et aviseur technique, Benjamin Fortin rêvait, à long terme, de devenir copropriétaire du garage qui l’employait et, peut-être même, de posséder son propre atelier mécanique. Plutôt que d’abandonner et de se morfondre sur son sort, Benjamin Fortin a décidé d’oser. Après trois ans de réadaptation, de tests à l’Institut de réadaptation en déficience de Québec (IRDPQ) et à rencontrer divers professionnels de la santé spécialisés en neuro- psychologie, physiothérapie, kinésiologie, ergo- thérapie, ainsi qu’en travail social, Benjamin Fortin a pris conscience de sa nouvelle réalité et de ses limites. «La réadaptation m’a beaucoup aidé parce que, n’ayant pas fait mon deuil, j’essayais de me surpasser pour revenir dans mes anciennes bottes. Et ça, ça a été mortel. […] J’ai fait beaucoup d’essais et erreurs, au départ, jusqu’à temps que je finisse par com- prendre que j’avais mes limites et qu’il fallait que je les respecte», mentionne Benjamin Fortin. Il ne s’est pas découragé. Il a saisi une oppor- tunité qui lui permettrait d’être travailleur auto- nome et de travailler à son rythme. Aujourd’hui, Benjamin Fortin est directeur de compte pour une entreprise en services financiers. Respectant une limitation imposée de 8 à 10 heures de tra- vail par semaine, il se dit très heureux et satisfait de pouvoir travailler. «J’ai poussé beaucoup pour le retour au travail […] C’était impensable pour moi de ne pas travailler», souligne-t-il. Contrairement à celui de la majorité des per- sonnes victimes d’un traumatisme crânien sévère, le parcours de Benjamin Fortin est plutôt positif. «Selon les neuropsychologues à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, habituellement, les gens qui ont vécu un traumatisme sévère comme le mien restent avec des séquelles assez majeures. Il y en a plusieurs qui sont paralysés, [dans un état végétatif], qui n’ont aucune possibilité de retour au travail à cause des déficiences mentales», précise-t-il. Benjamin Fortin se dit également fier de tout le chemin parcouru. «Je me doute que, même sans accident, j’aurais eu de la difficulté à faire tout ce que je fais présentement parce que j’étais dispersé. J’avais de l’énergie en masse, mais je la mettais partout. [Il] m’a fait couper énormément de choses superflues, qui ne me servaient à rien», confie-t-il. PREMIÈRE CONFÉRENCE Benjamin Fortin tiendra sa toute première conférence le samedi 8 avril à 13h, à la Bibliothèque Émile-Nelligan de Cacouna. Gratuite, cette activité sera interactive. «Ce que je veux partager, c’est le après. Après l’accident, la réadaptation. Ce que j’ai appris, les gens que j’ai rencontrés qui ont eu un impact positif et majeur dans mon par- cours», explique-t-il. Il discutera de son parcours, mais également des différents obstacles qu’il a surmontés. Il tentera de démystifier le trauma- tisme crânien, tout en apportant des réflexions. Pour obtenir davantage d’informations, visitez la page Facebook de la Bibliothèque Émile-Nelligan. PHOTO : ALYSON THÉBERGE PAR ALYSON THÉBERGE > Le 7 juillet 2017, près d’une semaine sui- vant son 30e anniversaire, la vie de Benjamin Fortin a pris un tout autre virage… dans une courbe à Cacouna. «Ce que tu refuses d’apprendre dans le calme, la vie te l’apprendra dans les larmes», dit le proverbe. 1151060123 À l’écoute de vos besoins Votre partenaire de confiance. Miguel Ouellet Conseiller en sécurité financière 320, boul. de l’Hôtel-de-Ville, bur. 200 Rivière-du-Loup (Québec) G5R 5C6 Tél. bur. : 418 862-0141 , poste 261 Cell. : 418 894-1408
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