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Normand Soucy : une vie au service de sa communauté «J’ai fini l’école en 9e année et j’ai commencé au garage. On était tout le temps ici pareil l’été. On a été élevés là-dedans et on n’a pas connu autre chose. Il y avait de l’ouvrage ici, pourquoi chercher ailleurs?» Ses parents, Irène Thériault et Joseph Soucy, habitaient dans la maison située juste en face, de l’autre côté de la rue Taché. Issu d’une famille de 15 enfants, Normand a travaillé au garage avec trois de ses frères Rodrigue, Léonard et Lévis pendant de nombreuses années. Maintenant, ses deux fils Édouard et Jérôme, qui sont propriétaires du garage avec Pierre Soucy, l’accompagnent et réparent des véhicules. Mettre les pieds au Garage Soucy, c’est un peu comme aller piquer une jasette avec ses oncles ou ses cousins. À entendre parler Normand Soucy, on comprend vite qu’il aime la mécanique, mais il apprécie avant tout la partie sociale qui vient avec son travail. «Qu’on le veuille ou pas, nous autres on jase en baptême, les bon- hommes […] Ce n’est pas comme dans une grosse ville ici…» Depuis deux ou trois ans, il a ralenti le rythme et il travaille au garage pendant une trentaine de semaines par année. Il y a deux semai- nes, Normand Soucy remplaçait son fils Édouard, qui devait s’absenter quelques jours. «Il n’est pas là. Tout seul, qu’est-ce que tu veux qu’il fasse ? Des fois, quand tu as des choses à ajuster, tout seul tu n’es pas bon. Moi je fais des bébelles astheure. Attends un peu! On n’est plus comme on était!», plaisante-t-il, le sourire aux lèvres. Ces «bébelles», ce sont les changements d’huile, de freins, de pneus, bref, «tout ce qui n’est pas trop forçant», pour reprendre ses mots. Il utilise une machine pour lever les pneus et les balancer, tout en s’amusant. Normand Soucy est bien conscient qu’il peut continuer à travailler puisque le Garage Soucy est une entreprise fami- liale. «Si ce n’était pas de ça, je ne serais pas ici, fort probable- ment. C’est ça qui est le fun avec les ‘’flos’’. Je fais ce que je suis capable. Quand c’est dur un peu, on change de place et ça ne paraît pas pantoute», résume-t-il. Le septuagénaire veut continuer de réparer et d’entretenir des véhicules tant que la santé le lui permettra et que ses fils vont l’endurer, dit-il en lançant un clin d’œil à Jérôme. «Des fois, on est obligé de lui rappeler que c’est lui qui nous a montré comment faire», plaisante son fils Jérôme, alors qu’il s’affaire à réparer un câble de frein à main. SERVICE INCENDIE En plus de son métier de mécanicien, Normand Soucy cumulait aussi la fonction de pompier, un emploi qu’il a occupé pendant une cinquantaine d’années, jusqu’à l’âge de 70 ans. «Les dernières années, quand j’y allais, je me mettais sur la circulation ou en arrière de ceux qui arrosent. Pour un pompier qui arrose, ça en prend trois ou quatre en arrière qui fournissent de l’eau et qui s’occupent de la pompe.» Son frère Rodrigue Soucy a été chef à partir de 1969. Normand a ensuite pris la relève de la direction du service incendie de 2001 à 2012. «Ça ne fait pas ben des années que j’ai arrêté de me préparer du linge le soir avant de me cou- cher. Ça ne fait pas longtemps que je ne pense plus à ça. Quand tu as fait ça 50 ans de temps. Si tu te réveilles pour un feu et qu’il fait tempête, qu’il fait -30, il faut que tu sois prêt, mentale- ment», résume Normand Soucy Le fait que lui et ses frères soient souvent dis- ponibles en plein cœur du village améliorait le temps d’intervention du service incendie. Avant 1979, l’année où l’Académie québécoise des pompiers a vu le jour, peu de cours étaient offerts aux pompiers volontaires. «On faisait ce qu’on pouvait. Dans ce temps- là, les gars allaient dans le bois. [Pour le service incendie], ça prenait quelqu’un qui reste dans la place […] Quand on partait pour aller au feu, le garage fermait parce qu’on était cinq à s’en aller en même temps. Des fois, les femmes étaient là pour prendre notre place. C’est de même que ça se passait. Maintenant, ça ne se pourrait plus», raconte Normand Soucy. Ce dernier a conduit à quelques reprises le camion Fargo 1937, acquis en 1966 par la Chambre de commerce de Saint-Hubert-de- Rivière-du-Loup, lors de parades et d’évène- ments festifs. Peu de septuagénaires peuvent se targuer d’avoir plus d’une cinquantaine d’années d’expé- rience au service de leur communauté, tant au point de vue mécanique qu’incendie. Pour Normand Soucy, c’est pourtant naturel, et il prend encore plaisir à raconter ses nombreuses anecdotes à tous ceux qui passent le voir au garage familial. [email protected] PAR ANDRÉANNE LEBEL > Même à 75 ans, Normand Soucy, mieux connu sous le nom du Tuck, n’hésite pas à se salir et à s’affairer sous les véhicules au Garage Soucy de Saint-Hubert-de-Rivière- du-Loup. Ce mécanicien d’expérience y travaille depuis qu’il a 16 ans. Faites le cal- cul, il y a passé presque 60 années de sa vie. Normand Soucy. PHOTO : ANDRÉANNE LEBEL La brigade incendie de Saint-Hubert-de-Rivière-du-Loup dans les années 1980. PHOTO : FOURNIE PAR MICHÈLE SOUCY DOSSIER Semaine des enseignantes et des enseignants Au cours des derniers mois, les profs se sont mobilisés et ont démontré qu ’ ils ont à c œ ur l ’ amélioration de notre système d ’ éducation public. Bravo et merci! Au gouvernement, maintenant, de démontrer son engagement. Régler les maux de la profession enseignante, négligée depuis trop longtemps, se fera sur plusieurs années et non en une seule semaine. 4 au 10 février 2024 1151040624 | INFODIMANCHE Le 7 février 2024 • ACTUALITÉ 4 >

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