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«Les petites iles et les rochers sont moins accueillants pour les prédateurs, c’est pourquoi les petits pingouins évitent les grandes iles. Ils aiment les falaises et les corniches, où ils peuvent déposer leurs œufs directement sur la roche et dans les crevasses», explique le biologiste et administrateur de la Société Duvetnor, Jean- François Giroux. Les petits pingouins pondent des œufs coniques, un résultat de l’évolution, puisque cette forme les empêche de rouler et de tomber dans l’eau. Des œufs pondus ont été observés à la fin du mois d’avril, cette année. La période de repro- duction est donc déjà commencée. Les petits pingouins quittent le nid vers l’âge de 18 jours avec leurs parents. Ils seront présents dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent jusqu’à la mi- juillet. Pendant l’hiver, ils se trouvent sur la côte est américaine, le long du Maine, dans la baie de Fundy et près de Cape Cod. Ils viennent nicher dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent et repartent ensuite. Les petits pingouins bénéficient d’un large ter- rain de jeu dans la région, puisque la Réserve nationale de faune des Îles-de-l’Estuaire, qui est protégée par Environnement Canada, compte une dizaine d’iles réparties sur 120 kilomètres entre Kamouraska et Le Bic. «Ce n’est pas une espèce menacée, mais elle est sensible aux changements du milieu estua- rien. L’écosystème du Saint-Laurent est en train de changer. À court terme, les colonies sont stables. On a des craintes pour l’avenir en raison de l’augmentation de la température de l’eau et de la baisse de la concentration en oxygène dans le fleuve», précise le biologiste Jean-François Giroux. L’an dernier, le capelan a peu «roulé», c’est-à-dire frayé, sur les pla- ges, ce qui a un effet direct sur l’abon- dance de la nourriture pour les petits pingouins. Cela pourrait se répercuter sur le succès reproducteur de cet oiseau marin, en raison de la moins grande disponibilité de la nourriture. ÉTUDE Entre 2015 et 2018, le chercheur Raphaël Lavoie d’Environnement et Changement climatique Canada a suivi 58 petits pingouins à l’aide d’émetteurs GPS dans six colonies réparties le long du fleuve Saint-Laurent. Cette étude du Service canadien de la faune avait pour objectif de réaliser une carte de répartition en mer des petits pingouins pendant leur période de reproduction, entre les mois de mai et juillet. Parmi les colonies suivies, on retrouve celles du Gros Pot et du Gros Pèlerin, deux iles au large de Rivière-du-Loup. M. Lavoie s’intéresse aux ris- ques environnementaux comme les déverse- ments de pétrole et aux effets qu’ils peuvent avoir sur les oiseaux marins. «Nous voulions connaitre les endroits où ils vont et la densité d’oiseaux. Quelles sont les con- ditions marines qui font en sorte qu’ils ont plus de probabilité de se rassembler à ces endroits? Nous avons extrapolé ces conditions environne- mentales à travers les 85 colonies de petits pin- gouins sur le fleuve Saint-Laurent.» L’absence de prédateurs, comme les renards qui mangent les œufs, en fait des secteurs de choix pour les oiseaux marins. Le plus important point chaud, où les conditions océanographi- ques sont propices pour le petit pin- gouin, est les iles Sainte-Marie, dans la région de la Basse-Côte-Nord. Il s’agit d’une aire protégée par le gouverne- ment canadien. En deuxième position, on retrouve tout l’estuaire du fleuve Saint-Laurent, dont une grande zone qui englobe le secteur de Rivière-du- Loup. «Ça nous permet de connaitre les endroits où il y a plus de risques pour cette espèce-là. Si on connait bien les réalités locales, on peut intervenir dans le cadre d’une urgence environnemen- tale», ajoute M. Lavoie. Il explique que les risques de déversement ou d’urgence environnementale sont plus denses où le fleuve Saint-Laurent se rétrécit et où le trafic maritime se densifie. «Ça nous montre les points chauds et où des efforts de conserva- tion pourraient être dirigés.» Comme cette espèce est vulnérable aux ris- ques environnementaux, les experts sont unani- mes : les petits pingouins sont un excellent indica- teur de la santé de l’écosystème du fleuve Saint-Laurent. < SUITE DE LA PAGE 6 PHOTO : FOURNIE PAR RAPHAËL LAVOIE, PH.D., ENVIRONNEMENT ET CHANGEMENT CLIMATIQUE CANADA 1151061924 Le 8 mai 2024 < 7 | I NFOD IMANCHE • ACTUAL I TÉ

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