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AL > Un sondage SOM-La Presse réalisé du 7 au 10 février révèle que 59 % des Québécois croient qu’il faudrait faire renaitre le projet d’oléoduc Énergie Est, qui traverserait le sud du Québec pour acheminer le pétrole extrait des sables bitu- mineux, en Alberta, vers le Nouveau-Brunswick. Le projet Énergie Est a été abandonné par Trans- Canada en 2017. Jusqu’en 2015, il comprenait aussi un terminal pétrolier au port de Gros-Ca- couna. «On sent dans la population depuis plusieurs semaines des réactions très fortes par rapport aux menaces des tarifs [du président américain Donald Trump]», explique le vice-président de SOM, Vincent Bouchard. Selon lui, le sondage réalisé pour le compte de La Presse démontre qu’une majorité de Qué- bécois sont prêts à prendre des mesures indi- viduelles pour contrer les menaces de tarifs du président américain. Ils semblent aussi appuyer, à court terme, une relance de projets qui ont connu beaucoup d’opposition citoyenne, dont l’oléoduc Énergie Est et GNL Québec, au Saguenay (61%). «Ça m’a étonné, dans le sens où ça fait quand même un certain temps qu’on ne parle plus de ces deux projets dans les médias, particulière- ment celui de l’oléoduc. Ça fait huit ans qu’il a été complètement abandonné», commente Vincent Bouchard. Il ne croit toutefois pas que cet appui subsis- tera à long terme. «Je pense que c’est plus une frustration par rapport au contexte actuel qu’un rejet des valeurs environnementales […] C’est une claire majorité à 60 %, mais elle n’est pas écrasante.» Quelques jours avant le sondage, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charrette, avait fait une déclaration publique à l’effet qu’on pourrait considérer une nouvelle mouture du pro- jet GNL Québec, ce qui a pu influencer l’opinion populaire, indique M. Bouchard. Le sondage a été mené en ligne auprès de 1049 adultes québécois. La marge d’erreur est d’environ 3,8 %, 19 fois sur 20. SONDAGE CACOUNA C’est ainsi qu’un sondage SOM, mené pour le compte de La Presse, révèle que 59 % des répondants jugent souhaitable de faire renaître le projet d’oléoduc Éner- gie Est. Un virage à 180 degrés pour un projet qui, en 2017, avait affronté suffi- samment de vents contraires pour être abandonné par son promoteur, TransCa- nada. Depuis, l’entreprise a scindé ses ac- tivités d’oléoduc en une société indépen- dante. Le projet devait être mort et enterré, scellé sous une dalle de béton politique. Pourtant, quelque chose s’anime sous la surface. Dépeint par ses opposants comme une sorte de Frankenstein éner- gétique, l’oléoduc semble se réanimer. Re- cousu au fil patriotique, rapiécé de justifi- cations économiques, le cœur du monstre battrait-il à nouveau ? Info Dimanche a posé la question au sondeur Vincent Bouchard, à la cher- cheuse Johanne Whitmore, au député conservateur Bernard Généreux, à la mi- nistre caquiste Maïté Blanchette Vézina, à la directrice générale de la Chambre de commerce de la MRC de Rivière-du-Loup, Claudette Mignault, ainsi qu’à un oppo- sant de longue date et environnementa- liste reconnu, Mikaël Rioux. Depuis, les élus du Parti libéral du Qué- bec et de la Coalition avenir Québec ont voté le jeudi 13 février contre une motion de Québec solidaire demandant «au gou- vernement du Québec de s’opposer au développement de tout projet de pipeline sur son territoire». De son côté, le premier ministre du Québec, François Legault, en visite à Washington, a confirmé avoir eu des discussions concernant des projets de pipelines avec son homologue de l’Alber- ta, Danielle Smith. Le président des États-Unis dérange et bouscule. Et le Canada, son économie surtout, est aux premières loges des secousses ressenties, . Comme un effet de ressac, le patriotisme à la feuille d’érable est en hausse, et avec lui, tout ce qui touche à son identité, pétrole et gaz inclus. PAR FRANÇOIS DROUIN > [email protected] PIERRE POILIEVRE AL > De passage à Rivière-du-Loup en janvier, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre a manifesté son intention de «rapidement don- ner le feu vert aux grands projets de ressources naturelles», s’il est porté au pouvoir lors des pro- chaines élections fédérales. Il faisait référence au projet de GNL Québec, qui permettrait d’achemi- ner du gaz naturel albertain à partir du nord de l’Ontario vers le port de Grande-Anse au Sague- nay. Le projet avait été refusé il y a quatre ans par les gouvernements provincial et fédéral pour des raisons environnementales. «Nous croyons qu’on devrait exporter nos propres ressources en Europe, en Asie, sans aller vers les États-Unis. Maintenant, on fait la stupidi- té de vendre nos ressources naturelles aux Amé- ricains au prix plus bas et on leur permet d’en pro- fiter et de les revendre au monde. Je crois qu’on devrait vendre nos ressources naturelles directe- ment aux autres pays sans être super dépendant des Américains qui ont montré, avec les menaces du président Trump, qu’ils ne sont pas un marché certain.» BERNARD GÉNÉREUX «Énergie Est est mort et enterré et il ne reverra jamais le jour», lance d’entrée de jeu le député conservateur de Montmagny-L’Islet- Kamouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Géné- reux. Il croit qu’il est primordial que le Canada puisse exporter son énergie et ses ressources na- turelles ailleurs dans le monde et afin de diversi- fier ses marchés. «C’est un gros réveil qu’on est en train de vivre […] On ne peut pas continuer à penser que les États-Unis sont notre seul marché d’exportation. Nous avons une quarantaine d’autres ententes de libre-marché en Europe et en Asie», souligne M. Généreux. Ce dernier se dit en faveur d’un projet d’oléo- duc qui permettrait d’amener du pétrole vers le Nouveau-Bruswick en passant par le Québec. «Hydro-Québec doit passer une nouvelle ligne électrique [vers l’Est du Québec] et ils vont devoir déboiser. Si on faisait les choses intelligemment, on passerait tout cela à la même place. Au- cune entreprise n’a levé la main pour faire cela», constate le député conservateur. Il persiste et signe, un oléoduc est la façon la plus sécuritaire de transporter du pétrole du point A au point B. «Ce qu’on a à vendre en tant que pays pour s’enrichir, ce sont des matières pre- mières, liquides ou solides. C’est ce qui permet qu’on se paye au Canada des services sociaux et de la qualité de vie», ajoute le député. Bernard Généreux dit n’avoir aucune inquié- tude concernant la venue d’un oléoduc poten- tiel dans la région. Il rappelle que les façons de faire ont évolué depuis le projet TransCanada en 2014. «Le tuyau est dans la terre et personne ne le voit. Il va passer à un endroit où ça ne dérange- ra pas grand monde […] Ce n’est pas parce qu’on est conservateur qu’on va laisser passer n’im- porte quoi, n’importe où, n’importe comment. Il va y avoir des règles de l’art. Je suis pour, mon parti est pour et le Canada est pour.» MAÏTÉ BLANCHETTE VÉZINA «L’arrivée de l’administration Trump perturbe plusieurs aspects de notre économie. Si de nou- veaux projets émergent, nous sommes prêts à les examiner attentivement. Cependant, l’accep- tabilité sociale demeure une condition essentiell pour leur réalisation.» Oléoduc Énergie Est | INFODIMANCHE • ACTUALITÉ Le 19 février 2025 8 >

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