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Les municipalités sont des créatures du gouver- nement provincial. À l’origine, leur rôle était prin- cipalement de voir à l’entretien des chemins et du service d’incendie, alors pourvu de pompiers bénévoles. Aujourd’hui tant de choses se sont ajoutées. Les pompiers sont maintenant des employés. Ils doivent être formés et équipés selon des nor- mes imposées par la loi. Les municipalités se sont dotées de réseaux d’eau potable qui sont assu- jettis à des normes strictes, entretenus par des techniciens qualifiés. Les eaux usées doivent être récupérées et traitées en fonction de règles envi- ronnementales. La neige ne peut pas être déposée sur un ter- rain quelconque sans l’accord de l’environne- ment. Les municipalités se voient imposer des obligations telle la gestion des animaux domesti- ques, des responsabilités nouvelles telles que l’accueil des immigrants, les problèmes de loge- ment, le développement de l’économie locale. Les taxes municipales ne peuvent pas finan- cer la réalisation de toutes ces responsabilités. Le fardeau fiscal serait impossible à soutenir. Le gouvernement établit donc des programmes de subventions pour aider à la réalisation de ces obligations. En même temps, ces programmes imposent leurs conditions aux municipalités pour obtenir la subvention. L’administration munici- pale est ainsi un dédale que même une personne formée en gestion municipale ne peut parcourir sans être guidée par les fonctionnaires des diffé- rents ministères qui subventionnent. Dans une certaine mesure, les municipalités sont comme des marionnettes qui semblent avoir la capacité de se mouvoir seules, mais qui, dans les faits, sont attachées par des fils à un marionnettiste qui «tire les ficelles». Et quand les coffres du gouvernement se vident à la fin d’un exercice financier, les pro- grammes ne sont pas toujours renouvelés, et les municipalités s’immobilisent pratiquement au grand désarroi de tous, en particulier des citoyens qui ne comprennent pas que plus rien n’avance. Aussi quand la Municipalité est petite, trouver des gens compétents pour administrer la Municipalité, les employés, trouver l’argent pour bien les payer, trouver des gens compétents pour superviser le tout, les élus, ça devient parfois compliqué. Parce que ce n’est pas évident pour tout le monde qu’un élu n’est pas là pour gérer la Municipalité aux côtés des employés municipaux. Même après avoir suivi le cours obligatoire, plu- sieurs élus ne comprennent toujours pas. La notion d’ingérence, ce n’est pas près d’être com- pris, et même quand ce l’est, certains s’en moquent. Alors on voit parfois des bureaux muni- cipaux se vider de leurs principaux employés alors qu’une ingérence incessante et harcelante des élus en est probablement une des causes. L’ingérence peut devenir invivable pour les employés. Pire encore quand des conflits éclatent entre élus et citoyens, ou entre les élus eux-mêmes. Dans une grande ville, ça se passe peut-être autrement. Mais quand tout le monde sont vos voisins, les dommages pour les élus peuvent être importants. Vous devez vivre ensuite en côtoyant des gens qui vous ont discrédité au cours de votre mandat. Il y a peut-être même des commerces locaux que vous ne fréquenterez plus jamais... Votre relation avec votre communauté peut se détériorer. Pas évident de faire venir les policiers lorsque certains perturbent une séance publique. Il y en aura pour vous traiter de fasciste de l’avoir fait! En plus, une plainte à la SQ peut prendre des mois avant qu’une décision d’imposer une amende ou non soit rendue. Vous avez le temps de démissionner plusieurs fois en attendant. Comment s’étonner, dans ces conditions, des démissions en si grand nombre des élus? Un élu ne respecte-t-il pas le code d’éthique et de déontologie à répétition, la Commission muni- cipale du Québec (CMQ), censée faire respecter ce code, ne s’y intéresse pas si la plainte se fait dans un climat d’affrontements. Comme si la CMQ nous disait : réglez vos chicanes entre vous. Alors les élus sont pris, quand ça arrive, dans un marasme créé par un climat hostile et toxique avec des lois et des règles qui dénoncent les comportements fautifs clairement, mais sans que ces élus n’aient aucun moyen de les faire observer. Mis à part faire un blâme formel envers un élu. Ce qui vaut ce que ça vaut et risque d’envenimer davantage les affrontements plutôt que d’y mettre fin. Mais, que faire d’autre? La loi 57 promulguée récemment afin d’amoindrir ces problèmes est peu utile. Cette loi ne donne pas de moyens supplémentaires pour faire face aux incivilités ou à l’intimidation que les chicanes suscitent. Mis à part une aide psycholo- gique offerte aux élus. Et même ça, ça ne règle rien. On n’entraine pas un élu à ignorer les affronts ou les menaces pour qu’il continue de servir. Comment s’étonner des démissions en si grand nombre des élus? Il faut repenser les municipalités. D’abord, puisque de nombreux recours à la CMQ sont simplement rejetés, il faudrait peut- être penser à créer un office de shérif, une per- sonne compétente qui a la confiance de la popu- lation, afin d’arbitrer les conflits, émettre des avertissements ou même des amendes, autant aux élus qu’aux citoyens délinquants, jusqu’à suspendre un élu de ses fonctions. Ce shérif doit avoir lui-même des moyens pour faire res- pecter les règles. Sinon c’est un autre coup d’épée dans l’eau : les avertissements ne suffi- sent plus dans un monde où on peut insulter qui on veut et mentir impunément sur les réseaux sociaux. Il pourrait être nommé au niveau de la MRC ou de la région. Mais il doit avoir les moyens d’agir, et rapidement, avant que les situations dégénèrent. Ensuite, il faut que le gouvernement cesse de jouer le marionnettiste avec les municipalités. En coinçant de plus en plus les petites municipalités, par le déversement de responsabilités de plus en plus exigeantes, la seule façon d’y arriver c’est en se regroupant, ou au moins en regroupant les services. Et les élus sont laissés à eux-mêmes pour faire face à l’opposition à ces démarches qui font peur à certains. Le mot d’ordre au ministère des Affaires municipales semble être : faisons-les fusionner, mais sans jamais s’en mêler! D’accord, mais alors donnez au moins accès à des ressour- ces aux personnes qui ont l’audace de s’y atta- quer. Puis, nous savons tous que les petites munici- palités n’ont pas les ressources pour assurer le respect des normes du ministère de la Sécurité publique : 8 pompiers en 15 minutes en tout temps. Nos pompiers sont en général à temps partiel et détiennent un emploi ailleurs à plus de 15 minutes des lieux. Nous sommes en région! Alors il faut regrouper les services de sécurité. Ce à quoi nous travaillons dans les Basques. Mais pourquoi le gouvernement n’assume-t-il pas tout simplement cette charge? Pourquoi faut-il que ce soient des élus, qui ne connaissent rien dans le travail complexe du pompier, qui doivent structurer, seuls, ces regrou- pements qui, disons-le, sont incontournables assurer la sécurité? Et parlons des services policiers : les frais à payer pour être desservi par la SQ sont détermi- nés par un règlement provincial et la facture est refilée aux municipalités qui la paient en levant des taxes; le déploiement des effectifs est décidé par la SQ et les municipalités n’ont rien à dire. Alors, quand on vient nous faire une «offre» de service, c’est : vous prenez ou vous vous organi- sez par vous-mêmes. Une offre qu’on ne peut pas refuser, car quelle petite Municipalité organisera, au 21e siècle, son propre service de police? Alors, toute Municipalité qui n’a pas son propre service de police devrait être simplement et automatiquement desservie par la SQ et l’opération devrait être assumée par le gouver- nement. Cessons le ridicule de nous faire taxer nos citoyens quand c’est une affaire de tout le monde et en plus sur laquelle nous n’avons rien à dire. Je pourrais continuer, mais c’est un début. Il faut repenser tout le fonctionnement de l’admi- nistration municipale, du ministère aux élus et fonctionnaires. Il faut le réparer, car il est cassé et le nombre de démissions des élus partout dans la province n’en est qu’un symptôme. Ce n’est pas le problème, mais ses conséquences. Denis Marcoux, maire de Saint-Simon-de-Rimouski LE CONTENU DE CE JOURNAL NE PEUT ÊTRE REPRODUIT SANS L’AUTORISATION EXPRESSE DE LA DIRECTION. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec 1992 ISSN 1192-1579 Société canadienne des postes Envois de publications canadiennes Contrat de vente no 0139858 Abonnement annuel : 115$ au Canada (tx incluses) 320$ aux États-Unis (tx incluses) T I R A G E C E R T I F I É H E B D O S Q U É B E C I N C . 31 826 COPIES JOURNAL HEBDOMADAIRE PUBLIÉ LE MERCREDI PAR : Les Éditions Info Dimanche Inc. 72, rue Fraser, Rivière-du-Loup, G5R 1C6 Tél. : 418 862-1911 • Téléc. : 418 862-6165 Site : www.infodimanche.com COURRIEL JOURNALISTES : [email protected] COURRIEL ADMINISTRATION : [email protected] ÉDITEUR : Hugo Levasseur DIRECTEUR DE PUBLICATION ET DES VENTES : Martin Morissette ADJOINTE À LA DIRECTION : Lyne Bérubé DIRECTEUR DE L’INFORMATION : François Drouin JOURNALISTES : Andréanne LeBel Marc-Antoine Paquin Lydia Barnabé-Roy de l’Initiative de journalisme local Alyson Théberge CORRECTRICE : Andréanne LeBel COORDONNATEUR DES PROJETS SPÉCIAUX : Patrice Picard CONSEILLERS EN SOLUTIONS MÉDIAS : Micheline Côté : [email protected] Patrice Picard : [email protected] Étienne Morissette : [email protected] Michel Courbron : [email protected] CONSEILLERS EN SOLUTIONS MÉDIAS ET MÉDIAS SOCIAUX : Étienne Morissette PUBLICITÉ NATIONALE (TC MÉDIA) : Marie Eve Dubé RÉPARTITRICE DE PRODUCTION : Marie Eve Dubé GRAPHISTES : Mélanie Emond, directrice de l’atelier Véronique Sénéchal, responsable infodimanche.com Denise Beaulieu • Julie Migneault IMPRESSION : Imprimerie Mirabel / Québécor DISTRIBUTION : Distributions F. Levasseur N.D.L.R. La direction se réserve le droit d’abréger certaines lettres. L’opinion des lecteurs exprimée dans cette page n’engage que leur auteur et ne reflète d’aucune façon la position du journal. Les municipalités sont brisées REPENSER LES MUNICIPALITÉS | I NFOD IMANCHE Le 9 avri l 2025 • OP I N ION DU LECTEUR 12 >

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