Parce qu’il y aura un après
L’Isle-Verte - Le père Gilles Frigon est curé de la paroisse à L’Isle-Verte depuis une dizaine d’années. Dans la tragédie du 23 janvier, ce père capucin est apparu comme un phare d’humanité, tous signes ostentatoires confondus, au milieu du drame. Rencontre avec un homme du peuple qui a su incarner et porter la douleur des siens.
Dans la foulée de l’annonce de la messe commémorative, le père Frigon a parlé de l’après, parce qu’il y aura et qu’il doit y avoir un après. « Tout à fait, on a déjà commencé à penser à des célébrations, mais aussi des rencontres. Rien n’est encore fixé, c’est une ébauche. Il faut un après pour accompagner ces familles-là », répond Gilles Frigon.
Son regard traduit la douleur qui l’habite. Il ne le cache pas.
Quand il aborde le travail des intervenants, des premiers répondants, c’est avec beaucoup de profondeur qu’il le fait. Ses mots sont empreints de douceur, ils sont surtout justes.
« Ce qu’ils font est extraordinaire. Ils ne sont pas obligés d’être là, mais ils y sont. Ils vivent des choses épouvantables intérieurement, et ils sont là. Ce sont des gens extrêmement généreux et il faudra être là pour eux. Ça sera sur un an, ou plus. Ça ne s’arrête pas samedi, tout commence », affirme le père capucin.
Et la foi? L’homme d’Église dénote, au sein des nombreux messages de sympathie qui affluent vers la petite localité du Bas-du-Fleuve, un besoin d’être là. « Pas nécessairement physiquement, mais d’être là en esprit. Pour d’autres, c’est de se retrouver avec nous, oui à l’Église, dans la maison de Dieu. »
Les disparus manqueront au père Frigon. Il les connaissait, et comme il l’a souvent répété depuis cette nuit-là, « c’était du bon monde ». C’est la raison pour laquelle il insiste tant sur la chaleur humaine. « Il ne faut pas vivre ça seul. La chaleur humaine… Il faut se guérir ensemble, sans nécessairement qu’il y ait quelque chose de dominical, mais être ensemble », souligne le curé de L’Isle-Verte.
Il parle de portes ouvertes, de cœurs ouverts, de mains tendues et d’écoute. Voilà l’après du père Gilles Frigon. « Par exemple, nous avons demandé dimanche dernier aux pompiers s’ils voulaient en discuter, mais on nous a répondu que c’était encore trop vif, trop difficile. On les imagine tellement forts, mais ils ont un cœur. Un cœur qui peut être brisé », laisse-t-il tomber.
L’Isle-Verte se relèvera. Le sens de l’entraide et la solidarité sont le ciment de ses fondations. Et parmi les nouveaux maçons, la population pourra compter sur Gilles Frigon. « C’est l’entraide, et moi, j’en aurai autant besoin qu’eux. Cœur à cœur, on va se regarder dans les yeux et le processus de guérison pourra se poursuivre », a conclu Gilles Frigon.
2 commentaires
OUI nous serons, à travers la région, le pays et ailleurs, intensément et en grand nombre présents-es en pensées et en prières avec chacune des personnes décédées, avec leurs familles, avec la communauté, avec vous, avec tous-tes les aidants-es, pompiers, etc.
Nous n'oublierons pas nos disparus-es, ces vaillants aieux, ces courageuses aieules qui ont contribué à bâtir et à développer ce pays et particulièrement la région incluant dans le fleuve l'Ile-Verte la magnifique.