Le pompier Alain Sirois a frôlé la mort
Rivière-du-Loup - Alain Sirois, le pompier blessé, secouru, et évacué d’urgence lors de l'important incendie qui a ravagé un immeuble de trois logements sur la rue de l’Hôtel-de-Ville à Rivière-du-loup est revenu sur sa mésaventure le temps d’une entrevue touchante avec Info Dimanche.
Mercredi matin vers 8 h 45, trois pompiers montent l’escalier de fer menant au deuxième étage. Le pompier Alain Sirois, qui se trouve sous la galerie, entend un craquement. Le faux toit s’affaisse, entrainant la galerie du deuxième, l’escalier de fer et trois pompiers dans la chute. La scène est presque irréelle.
COINCÉ SOUS LES DÉCOMBRES
Après un moment de stupéfaction, des pompiers se portent au secours de leur collègue. Le capitaine Éric Deschênes, au milieu de l’escalier, crie à ses hommes. Il les rassure, il n’est pas blessé. Mais Alain Sirois manque à l’appel. Un confrère aperçoit sa bonbonne d’oxygène sous les décombres.
Si un frisson d’effroi a parcouru les témoins de la scène, le principal intéressé jure ne pas avoir eu peur. « Je n’ai pas eu le temps. Ça a fait ''crack'' puis c’est tombé. Ça m’a écrasé comme un accordéon. J’ai tenté de forcer pour me relever, pour pousser ça, j’ai poussé trois fois, mais je n’étais pas capable. »
Alors qu’il tente de se saisir de sa radio, la noirceur l’envahit. « J’ai entendu crier "Il en manque un !", puis, ça s’est éteint, boum. J’en ai perdu un bout. Ça n’a pas duré longtemps, une quarantaine de secondes plus tard je suis revenu. »
Le pompier Carl Beaulieu se lance dans les décombres. En racontant la scène, la voix d’Alain se brise une première fois. « Carl c’est quelqu’un, tu sais. Il a relevé un premier panneau, il a forcé. Les autres l’ont rejoint… Ils m’ont sorti », raconte-t-il.
Sur sa page Facebook, le pompier Stéphane Arbour, qui s’est porté secours de son collègue, a livré ses états d’âme sur l’accident. « Nous avons eu toute une frousse... de voir un collègue, un ami, un père de famille inanimé dans nos bras, c'est quelque chose. Il n'y a plus d'éthique et de convention en de telles circonstances! N'essayez pas d'arrêter 4 ou 5 hommes de 230 livres qui poussent dans le même sens, rien n'arrête ça! »
Alain Sirois a lu le texte de son collègue. Il prend une profonde respiration, comme si l’afflux d’air pouvait chasser le trop-plein d’émotion qui l’anime. « C’est ça une gang, sans eux... C’est grâce à mon équipe si je suis encore là »
Ancien directeur du Service incendie de Notre-Dame-du-Portage, il s’en tire avec quelques courbatures, une cheville amochée et un traumatisme thoracique. « Je ne suis pas tuable, lance-t-il en riant. Mais j'ai été chanceux. Le toit a glissé sur mon dos et l'épaule. »
Appréhende-t-il son retour dans l’uniforme de pompier ? « Jamais ! Tu me dirais d’y aller demain matin et je n’hésiterais même pas. Mais avant de rentrer sous un balcon, je vais m'assurer de sa solidité. » Un pompier, un vrai, la passion au coeur, à la hauteur du courage.
REMERCIEMENTS
Mais avant tout, pour Alain Sirois, avant même de raconter son histoire, il lui importait de remercier ceux qui ont participé à son sauvetage. « Je veux remercier mes confrères, sans eux, tu sais… laisse-t-il tombé l’air songeur. Je veux remercier le paramédic en civil qui a porté son aide, les paramédics qui m’ont ensuite pris en charge, le personnel soignant du CHRGP, les gens qui sont venus me voir à l'hôpital. C’est important. Je veux leur dire merci du fond du coeur. »
Accompagné de son fils, il insiste sur le rôle de sa famille. « Mon fils Marc-Antoine, ma fille Julie, ma conjointe Monique… », la voix d’Alain se casse. Son fils est assis à ses côtés. Ancien pompier aux casernes 12 et 14, il connait la passion de son père.
« Je lui ai dit, "va-t’y falloir que je redevienne pompier pour te surveiller ?" », raconte le jeune homme. Le paternel, les yeux humides, lui fait l’accolade. « On va finir par brailler », lance-t-il en riant.
Alain et son fils Marc-Antoine.
18 commentaires
Bravo à l'auteur ... et bravo aux pompiers!!!!
Même en étant sécuritaire, le danger nous guette à chaque intervention, du même coup on voit la force d'une équipe. Le fait de penser déjà à un retour démontre ta passion.
Prends soin de toi