Le Carrefour d’Initiatives Populaires
Un rempart de solidarité face à la pauvreté
Le Carrefour d’Initiatives Populaires de Rivière-du-Loup célèbre ses 25 ans cette année. Fondé en avril 1991 sous l’impulsion de membres de divers organismes communautaires, du CLSC, et de comités paroissiaux, l’organisme a été confronté à plusieurs défis au fil des ans, dont celui de s’ajuster à une pauvreté au visage sans cesse changeant.
«C’est vrai, il n’y a pas «une» pauvreté. Elle est différente aujourd’hui de ce qu’elle était à l’époque et de ce qu’elle sera demain. Les besoins sont variés… et importants», souligne d’entrée de jeu Karine Jean, l’agente de développement au Carrefour d’Initiatives Populaires.
Avec les cuisines collectives, le restaurant La Bouffe Pop, le comptoir de récupération alimentaire et le dépannage alimentaire d’urgence, le Carrefour se pose en rempart à l’appauvrissement. Un rempart où la solidarité fait office de mortier entre les différentes pierres.
«C’est tout à fait ça. Nous sommes le 1er domino. Et comme dans un jeu de dominos, la personne n’est pas seule. Notre but n’est pas de juger, mais d’amener les gens plus loin, nous souhaitons faire une différence», souligne Mme Jean.
C’est pour mieux se coller à ce défi que le Carrefour vise non seulement à répondre aux besoins liés à la sécurité alimentaire, mais aussi à développer l’autonomie alimentaire. C’est-à-dire un droit à l’alimentation, à l’accessibilité en quantité suffisante à des aliments sains permettant une alimentation variée, et de qualité.
CLIENTÈLE
Ils sont nombreux à se présenter à l’édifice de la Place Gérard Simon du 9, rue Lafontaine. «Des mères célibataires, des assistés sociaux, mais aussi des professionnels économiquement au bout du rouleau viennent ici. La pauvreté ici a plusieurs visages. C’est pour ça que nous sollicitons l’aide de la communauté», ajoute Karine Jean.
Ils viennent au comptoir de récupération alimentaire pour acheter des denrées périssables à prix modique. S’alimenter à peu de frais, c’est un peu le leitmotiv du comptoir. D’autres sollicitent plutôt le dépannage alimentaire d’urgence. Avec un maximum de quatre fois par année, disponible une fois par trente jours au cout modique de 4 $, le dépannage s’inscrit dans la lignée des actions de derniers secours.
CUISINES COLLECTIVES
Puis, il y a cette cuisine collective, où on se retrouve pour mettre en commun temps et argent, histoire de confectionner des plats sains, et économiques. «Certains y apprennent à cuisiner, d’autres y brisent l’isolement. Mais ici, il n’y a aucun jugement de valeur, c’est l’aspect collectif qui est mis de l’avant», souligne l’agente de développement.
C’est le cas de Normande Dumont, retraitée, qui a voulu briser l’isolement apparu avec la retraite. «Ça m’a fait sortir de la maison, j’étais à un âge où j’avais besoin d’autre chose. J’ai trouvé ici une belle cause et une grande famille où nous sommes tous différents, mais solidaires.»
Avec les coupes budgétaires, le temps alloué à l’animatrice a dû être réduit à 18 heures par semaine. La relève a été assurée par des bénévoles comme Normande qui ont fait de cette cause, leur cause. Le partage et la fraternité sont deux des ingrédients essentiels que l’on retrouve dans toutes les recettes de cette cuisine bien spéciale.
Plusieurs l’ignorent, mais les participants aux cuisines collectives sont aussi automatiquement inscrits à l’éducation aux adultes et obtiennent des crédits pour l’obtention de différents cours.
EN CHIFFRE
En 2015/2016, le Carrefour a répondu à pas moins de 861 dépannages alimentaires. De ce nombre, 481 personnes seules se sont présentées au comptoir du service dont 335 étaient bénéficiaires de la sécurité du revenu.
Le Carrefour a enregistré 103 nouvelles inscriptions. «Il ne s’agit pas de nouveaux arrivants, mais de gens qui un matin font le constat qu’ils n’y arrivent pas. C’est ponctuel, mais ça démontre une réalité», souligne Karine Jean.
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