La riche histoire du chemin du Portage redécouverte
Billy Rioux.
Des rondins permettant d'absorber l'eau et de faciliter le passage des voitures à chevaux.
Le sentier traverses des terrains plus difficiles, notamment des marécages.
Un ancien pont, près de la rivière Saint-François.
Un ancien poteau marqueur.
L'eau était contrôlée à l'aide de roches, dans le secteur de la rivière Saint-François.
Tenant davantage de la légende que de la réalité, le chemin du Portage, reliant Notre-Dame-du-Portage au Fort Ingall, à Témiscouata-sur-le-Lac, n’existe pas que dans les histoires. Cette voie terrestre, officiellement construite en 1783, a été redécouverte et géolocalisée en juin dernier.
Billy Rioux est un un féru d’histoire. Il s’est affairé à répertorier tout le sentier d’une vingtaine de kilomètres reliant Saint-Antonin et le mont Citadelle, à Saint-Honoré-de-Témiscouata, en pleine forêt. Le chemin du Portage, une voie carrossable, a été emprunté à la fois par des militaires, des postiers, des coureurs des bois, des Acadiens et des Amérindiens sous les régimes seigneurial et britannique pendant plus de 200 ans. Cette voie était au cœur des enjeux militaires. Au cours du 19e siècle était nécessaire et urgent d’améliorer le service postal vers Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick et la défense des frontières contre la menace de l’invasion américaine.
RICHE HISTOIRE
Les Américains revendiquaient alors le territoire situé au Témiscouata, argüant que la frontière devait être définie à la ligne de partage des eaux. Le Fort Ingall a été construit en 1839 afin de protéger le Témiscouata, lors de la guerre d’Aroostook qui opposait le Royaume-Uni aux États-Unis. Ces derniers tentaient de s’emparer d’une grande partie de la région. Le conflit s’est réglé en 1842, avec le traité de Webster-Ashburton. Les territoires étaient convoités pour leurs grandes forêts, rentables pour l’industrie du bois.
«J’entendais parler du chemin du Portage par mon grand-père depuis mon enfance. Certaines sections ont été reprises par des chemins carrossables, des sentiers de VTT et de vélo, par exemple. Une section n’était pas encore découverte, entre Saint-Antonin et Saint-Honoré», explique Billy Rioux. L’homme originaire de Saint-Antonin a entre autres travaillé pour l’émission télévisée le Lot du diable, diffusée à Historia en tant que consultant.
DÉCOUVERTES
Le sentier a été géolocalisé, grâce à des cartes historiques, et des points GPS ont été validés. Au fil de ses recherches, Billy Rioux a trouvé certains artéfacts datant de plus de 100 ans, soit d’anciens pavés en rondins permettant d’absorber l’eau des chemins, d’anciens ponts, et des poteaux marqueurs situés aux abords des sentiers, répertoriant les numéros de lots. Ce passage n’est pas de tout repos, il est parfois inaccessible, dans la forêt vierge, ou carrément dans des marécages.
«Oui il existe, et il est toujours là, ce n’est pas seulement une légende. Le chemin fait partie de notre identité collective», souligne M. Rioux. La construction du chemin neuf, appelé maintenant l’autoroute 185, a amené le chemin du Portage à sombrer dans l’oubli. En 1970, il a toutefois connu un regain de popularité, sans suite. Certaines sections sont toujours utilisées par des VTT, des amateurs de ski de fond, des chasseurs et des randonneurs. Il s’agissait d’une voie extrêmement difficile à emprunter, à la fin du 19e siècle. Billy Rioux souhaite ainsi le valoriser et faire rayonner l’une des plus anciennes voies de communication de la région. Toutefois, aucun sentier pédestre sur les terres privées ne sera mis en place.
Le projet implique six municipalités, les MRC de Rivière-du-Loup et de Témiscouata, Culture et Patrimoine du Portage, la Première Nation Malécite de Viger ainsi que plusieurs historiens qui ont participé aux recherches.
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