«Il n’a pas seulement brulé ma maison, il a détruit ma vie»
Mme Aline* n’a pu retenir ses larmes lorsqu’elle a évoqué cette nuit du 6 novembre 2012 lors de laquelle sa maison de la rue Témiscouata à Rivière-du-Loup est partie en fumée. Les souvenirs d’une vie ont été réduits en cendre. Véritable survivante, c’est une femme forte qu’a rencontré Info Dimanche.
Il y a cinq ans et demi, les flammes ont ravagé un pan de sa vie. Une main criminelle est à l’origine du brasier qui a bien failli l’emporter, elle et son mari, Romain Dionne. Cinq années à attendre une arrestation, à redouter un autre incendie. Cinq ans et demi au cours desquels elle a dû reconstruire sa vie, sa maison, et faire ses adieux à son Romain, son mari décédé dans les mois qui ont suivi.
La voix basse et posée, elle raconte cette nuit, son impact sur sa vie et celle de Romain. «Nous avons tout perdu. C’était une maison centenaire, notre maison, nos souvenirs. Je ne voulais pas sortir sans lui, je l’ai dit à Alexandre quand il a frappé à ma porte.
Alexandre, c’est Alexandre Collin, un voisin, son héros, son ange aussi. C’est lui qui a frappé à sa porte au milieu de la nuit pour la prévenir du feu qui faisait rage. «Il criait ‘’sortez madame Aline, sortez!’’, mais je ne suis pas sortie, pas sans mon mari. Avec Maxime Tardif, ils ont pris Romain qui ne pouvait pas marcher et l’ont emmené dehors, sur la rue. À l’hôpital, j’ai été séparée de Romain, je ne pouvais pas. Il avait besoin de ma présence… j’ai hurlé, alors ils m’ont placée tout près de lui, et ça l’a calmé.»
Ses yeux s’embrument. Le souvenir de son Romain est fort. «Il est resté longtemps à l’hôpital. Il est mort en juin d’une pneumonie. Une pneumonie. Ça vient de cette nuit-là. On n’a pas seulement brulé ma maison, on a tué mon mari», laisse-t-elle tomber.
Une profonde amertume l’a longtemps accompagnée, des cauchemars la nuit aussi. «Au début, j’avais tellement de colère, j’en voulais à celui qui a allumé le feu. Je lui en veux encore, je ne pardonnerai pas, jamais. Pourquoi quelqu’un poserait un tel geste?, se questionne-t-elle. C’est d’une profonde méchanceté.»
Mme Aline a dû se reconstruire, entourée de son fils Michel et d’amies précieuses dont Louise, Danielle, Nicole, Francine et Chantale. Mais la crainte d’un second feu l’a toujours hantée… du moins jusqu’en janvier dernier.
C’est à la fin du mois que l’enquêteur Patrick Côté l’a informée que Sony-Yves Garneau a finalement été arrêté. Selon nos informations, l’accusé a été suspecté dès le départ d’être l’auteur de l’incendie criminel.
Mme Aline soutient avoir entièrement confiance en la justice. «J’ai rebâti ma vie, j’ai reconstruit la maison, mais ce n’est pas l’ancienne qui avait appartenu au grand-père de Romain, une maison de quatre générations, celle dans laquelle j’ai élevé notre fils, je n’ai pas retrouvé mes antiquités. Mais là, je vais retrouver la paix intérieure»
ACCUSÉ
Sony-Yves Garneau, 48 ans, est accusé d’incendie criminel et d’incendie ayant créé un danger pour la vie humaine. Il sera de retour devant la justice le 11 mai prochain afin d’y subir son enquête préliminaire.
D’une durée d’un jour, un témoin devrait y être entendu. L’accusé est défendu par Me Yves Desaulniers. C’est Me Liliane Laforest qui représente le ministère public. Rappelons que l’accusé est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire.
*[NDLR : Notre interlocutrice a préféré taire son nom de famille et nous avons respecté ce choix.]
2 commentaires
Vos bons souvenirs sont dans votre mémoire et personne ne pourra vous les enlever.
Bonne chance pour la suite.