Quand la Cour fait son théâtre
Il y avait de l’effervescence lundi et mardi matin à la salle 3.25 du palais de justice de Rivière-du-Loup. Juge, procureurs de la Couronne, de la défense, constables spéciaux, accusé et membres du jury cachaient mal leur excitation. Inhabituel, direz-vous, avec raison. Surtout que tout ce beau monde était âgé de moins de 12 ans !
Il s’agissait des trois groupes d’élèves de 5e année de l’école Joly qui prenaient part au «projet LEAD», mis en place par le Directeur des poursuites criminelles et pénales.
Pendant plusieurs semaines, les procureurs ont rencontré les jeunes des classes de Chantale Désilets, de Julie Bourgoin et de Marie-Hélène Bourgoin afin de les initier à notre système de justice.
«Des recherches effectuées chez nos voisins du sud tendent à démontrer que les élèves de 5e année ont une image positive de la loi et de l’autorité de la justice. Nous souhaitons donc intégrer à leur développement certaines connaissances», souligne Me Pascale Gaudette, elle-même procureur de la Couronne. L’initiative a été implantée à Rivière-du-Loup en 2016.
Cette dernière cible cinq principaux axes où les jeunes ont acquis des compétences, soit: la résistance à la pression de leur pair; les outils pour la tolérance; le respect de la différence; l’affirmation de soi; et la résolution de conflits. «Nous traitons du fonctionnement du système judiciaire, des conséquences sociales et légales de la criminalité», ajoute la procureure.
Le point culminant de la démarche a été la simulation de procès sous forme de pièce de théâtre qui a eu lieu lundi et mardi au palais de justice et lors de laquelle tous les rôles ont été interprétés par les élèves, du juge aux constables spéciaux.
Tout était en place pour permettre aux enfants de vivre une expérience très près de la réalité, alors que les membres du jury ont eu à trancher sur la culpabilité de l’accusé. Ce dernier a finalement été reconnu coupable d’avoir été en possession d’une arme à air comprimé à l’école, au terme d’une délibération du jury d’une quinzaine de minutes.
L’agent Dave Ouellet, coordonnateur local des relations communautaires de la Sûreté du Québec était présent sur place et il s’est fait un devoir de passer les menottes au «criminel». Tant les avocats, véritables procureurs ceux-là, que le policier ont ensuite présenté différents aspects de leur métier aux parents et aux élèves présents.
«C’est abordé de façon ludique, mais l’apprentissage est bien réel. On aborde des sujets difficiles comme la criminalité, l’intimidation et les réseaux sociaux. Tout passe par l’éducation et ç’a un impact positif sur la criminalité», a soutenu Me Gaudette.
Pour l’avocate, la plus grande réussite provient des commentaires des enseignants. «Quand on me dit que les enfants jouent à la Cour pendant la récréation, c’est vraiment une réussite, mission accomplie!»
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