Les restaurateurs confrontés à la crise financière liée à la COVID-19
Certains restaurateurs ont mis en place des services de livraison et de commandes à emporter pour continuer à servir leur clientèle. D’autres n’ont pas eu le choix, ils ont mis la clé dans la porte le temps que la situation causée par la pandémie COVID-19 puisse s’améliorer suffisamment et que le gouvernement du Québec leur donne l’autorisation de rouvrir.
Info Dimanche s’est entretenu avec deux propriétaires d’un restaurant, Charles Pomerleau de la Rôtisserie St-Hubert à l’entrée nord-est de la ville de Rivière-du-Loup et Pascal Gagnon de L’Intercolonial au centre-ville. Leurs commentaires illustrent bien que la situation vécue par chacun d’eux est totalement différente.
Pour le franchisé d’une grande chaine de restauration, la crise s’avère moins difficile à passer même si elle cause d’importantes pertes financières. «La pandémie COVID-19 affecte notre rentabilité, mais je peux continuer à payer mes factures. J’ai cependant une baisse de revenus vraiment importante», explique M. Pomerleau. La Rôtisserie St-Hubert fait partie des restaurants qui ont pu poursuivre leurs activités grâce à un service de livraison et aux commandes à emporter. «Quand je pense aux restaurants complètement fermés, avec un loyer à payer et des revenus à zéro, qui voient venir les taxes, ce ne doit pas être facile», souligne Charles Pomerleau, solidaire de sa communauté louperivoise.
Pour le restaurateur local en effet, qui a cessé toutes ses activités temporairement, c’est l’inconnu vers une reprise incertaine et qui amènera son lot de défis. «C’est impossible pour moi de rentabiliser tant que la distanciation physique est là. Comment y arriver même quand le gouvernement du Québec autorisera la reprise de nos activités à l’intérieur du restaurant avec 50 places sur 100 au mieux?», mentionne Pascal Gagnon de L’Intercolonial. «La subvention salariale pour laquelle le gouvernement du Canada verse 75 % du salaire des employés, ça va jusqu’au 6 juin. Va-t-elle être prolongée?», poursuit M. Gagnon. Juste après cette entrevue, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, annonçait qu’elle sera effectivement prolongée.
DES INQUIÉTUDES PARTAGÉES
Selon une enquête publiée par le regroupement Restaurants Canada, la plupart des entreprises de services alimentaires du Québec n’auront pas les liquidités nécessaires pour pouvoir accueillir à nouveau leurs clients. Ces établissements auront besoin de soutien additionnel pour demeurer viables jusqu’à ce qu’ils soient en bonne voie de se rétablir pleinement. Toujours selon cette enquête, en avril, environ 14 % des restaurateurs indépendants n’ont pas été en mesure de payer leur loyer et près de 20 % se croient incapables de le faire pour mai. Il leur est donc très difficile de payer également les fournisseurs et les autres dépenses. Restaurants Canada réclame donc de l’aide supplémentaire pour les loyers et pour l’endettement et davantage de soutien pour les couts de main-d’œuvre. Jusqu’à maintenant chaque PME qui en fait la demande pourrait obtenir un prêt (d’urgence), via la Banque de développement du Canada (BDC), sans intérêt jusqu’à concurrence de 40 000 $ sur une période de 12 mois. Une portion non remboursable de 25 % de ce prêt pourrait même être créditée, si l’échéance de remboursement établie est respectée.
POUR S’EN SORTIR
Selon Pascal Gagnon, il y a des restaurateurs qui ne pourront pas passer à travers la crise sans aide additionnelle. «On compte 55 restaurants à Rivière-du-Loup, incluant le fastfood et les cantines, c’est énorme. Comment voulez-vous que j’arrive à revirer ça de bord?», questionne-t-il. «On ne sait même pas quand ça va repartir, je souhaite de tout cœur en juin», espère l’homme d’affaires.
Considérant que la situation de contagion à la COVID-19 est très faible dans l’est de la province, M. Gagnon propose que le gouvernement du Québec garde les régions comme le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie fermées plus longtemps pour permettre une réouverture des restaurants et des bars dans de meilleures conditions. On sait que la décision des autorités est tout autre puisque les barrages routiers seront retirés le 18 mai prochain. «Il y a trop de personnes (infectées par la COVID-19) qui passeront au travers», lance-t-il. Le restaurateur pense qu’en gardant nos régions fermées tout en diminuant les mesures en lien avec la COVID-19 sur le territoire, il y a plus de chances que les restaurants et les bars soient en mesure de surmonter les difficultés. «Ça devrait passer par la clientèle locale et régionale. Et on ne sait pas si le consommateur va aller dans les restaurants et les bars», conclut Pascal Gagnon.
Charles Pomerleau de la Rôtisserie St-Hubert attend également avec impatience de pouvoir rouvrir la salle à manger de son restaurant. «Ce sera un deuxième défi, très différent, il va falloir revoir plein de choses. On espère avoir une annonce à un moment donné cet été, mais quand?», indique-t-il. Selon le propriétaire, la levée des barrages routiers pourrait aider aux activités de tourisme régional en saison estivale, bien que cela apporte également son lot de craintes.
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