Un projet d’agriculture socio-écologique au motel agricole des Basques
L’implantation d’un motel agricole dans la MRC des Basques se concrétise peu à peu à Notre-Dame-des-Neiges. Une première utilisatrice résidant àSaint-Clément, Rebecca Sophia Roy, y démarrera prochainement son projet d’agriculture socio-écologique, Les Champs Alizés, sur une parcelle de 1,37 hectare.
Elle travaille sur son plan d’affaires depuis un peu plus d’un an. Ses démarches se sont accélérées cet été. «Si tout va bien, je devrais pouvoir planter 2 000 arbustes fruitiers au printemps prochain et je veux aussi planter 2 000 plants de courges d’hiver de spécialité en même temps. Il y a une partie pérenne et une partie de culture annuelle. Je suis technicienne en agriculture biologique de formation, j’ai étudié au Cégep de Victoriaville», explique Rebecca Sophia Roy. Son projet entrera en campagne de sociofinancement au cours des prochaines semaines sur la plateforme Web La Ruche Bas-Saint-Laurent.
Elle souhaite aussi fonder un organisme sans but lucratif qui sera rattaché à son entreprise. L’agricultrice qui complète présentement une formation en travail social à distance souhaite se servir de l’agriculture et de sa terre comme un lieu physique d’intervention sociale. «Ce que j’aime beaucoup, c’est faire de l’intervention. Je suis en train de monter deux ateliers pour les contreparties de la campagne de sociofinancement : comment devenir un.e meilleure allié.e de la communauté LGBTQIA2S+ et l’autre servira à démystifier les relations non monogames consensuelles. Je suis tannée de faire de l’intervention individuelle et de défaire les mythes sur la diversité sexuelle et de genre ou la diversité relationnelle. J’ai envie de faire de l’intervention autant avec les jeunes qu’avec leurs parents. Mon rêve, ce serait d’animer des cercles de soutien pour les parents d’enfants au genre non conforme. On retrouve ça en ville, mais je ne pense pas que ce soit rendu jusqu’ici», ajoute Rebecca Sophia Roy. La moitié de ses récoltes ira à des organismes d’aide alimentaire, comme Croc-Ensemble et Maison de la famille et l’autre moitié servira à couvrir les dépenses de son entreprise agricole.
«Je ne pourrais pas faire ça si je n’étais pas au motel agricole et que je devais m’acheter un tracteur et plein d’équipements […] Je vais être en location et j’ai quand même 40 000 $ d’investissement à faire pour planter mes arbres, avoir mon système d’irrigation.» Son projet en solo démarre simplement et elle a encore quelques années devant elle pour le peaufiner, le temps que les arbustes fruitiers qu’elle plantera lui offrent une production. Elle souhaite voir s’y greffer d’autres organismes sans but lucratif de la région et développer des partenariats avec des écoles du secteur. Il est possible de la contacter par courriel à [email protected].
Les ateliers qu’elle planifie toucheront une multitude de sujets qui dépassent l’agriculture. Elle veut parler de sexualité et de consommation sécuritaire, de toxicomanie, de relation d’aide. «Je veux aussi aider les jeunes à savoir quoi faire dans un party si jamais un de leurs amis ne feel pas. Ça m’a vraiment manqué dans ma jeunesse, ce genre d’informations. C’est un gros travail éclectique, mais je suis prête pour cela».
MOTEL AGRICOLE
Rebecca Sophia Roy sera la première utilisatrice du nouveau modèle de motel agricole dans les Basques. Cette initiative de la MRC des Basques vise à faciliter l’établissement de nouveaux producteurs agricoles dans la région. Elle faisait partie des grandes orientations du Plan de développement de la zone agricole (PDZA) révisé de la MRC des Basques, présenté en 2019.
La MRC a donc fait l’acquisition d’une terre et en loue des parcelles à des jeunes qui veulent développer des projets agroalimentaires à dimension humaine. L’agriculture est donc utilisée comme levier pour revitaliser les communautés des Basques. Un chargé de projet a été embauche, les premiers labours ont été réalisés et la terre sera prête à recevoir les premiers plants au printemps prochain.
Selon le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, cinq utilisateurs potentiels se sont montrés intéressés à louer une parcelle de terrain au motel agricole. Ces derniers ont jusqu’à l’automne pour se manifester. La MRC travaille en collaboration avec l’Arterre, une démarche provinciale qui favorise le maillage entre les terres disponibles et les aspirants agriculteurs. «On pense que notre modèle pourrait faire leur affaire. Plusieurs sont à la recherche de parcelles biologiques. Elles doivent avoir été cinq ans sans engrais chimique ou pesticide. Nous avons un grand champ de foin qui répond à ce critère. La grange est disponible pour accueillir un élevage ovin, par exemple», ajoute M. Denis.
Le motel agricole des Basques pourrait recevoir «facilement» jusqu’à une trentaine de personnes, selon la superficie occupée par leurs projets. Ils peuvent aussi comprendre de l’exploitation forestière. Un défi pointe toutefois à l’horizon. Il faudra trouver un moyen de loger ces futurs agriculteurs et agricultrices, alors qu’une pénurie de logements est en cours dans les Basques. «Est-ce que ce serait une solution de construire un bloc de quatre appartements attachés sur la terre ? C’est une sérieuse question à se poser parce que le problème est présent pour eux aussi.»
L’idée est de créer une dynamique où le cout de revient est le plus bas possible afin de permettre aux jeunes agriculteurs d’avoir accès à la terre et de vivre de leurs produits en venant d’établir dans la MRC des Basques.
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