Petites municipalités, petits salaires?
À l’aube des élections municipales, certains directeurs généraux expliquent le manque de candidatures à la mairie par des salaires trop bas pour être attrayants. Info Dimanche s’est penché sur la question en dressant l'état des lieux, où de profonds écarts ont été observés entre les municipalités.
Le 1er octobre dernier, près de 30 postes de maires dans 42 municipalités ont été comblés par acclamation dans les MRC de Rivière-du-Loup, de Témiscouata et des Basques. Bien que les fonctions des élus soient semblables dans plusieurs municipalités, leurs salaires, eux, ne le sont toutefois pas.
Tout d’abord, il est pertinent de comprendre la façon dont ce salaire est fixé. C’est simple : il n’y a aucune échelle salariale préétablie pour les élus municipaux au Québec. Dans la Loi sur le traitement des élus municipaux, il est indiqué que «le conseil d’une municipalité fixe, par règlement, la rémunération de son maire ou de son préfet et de ses autres membres.» De plus, au moins quatre des six conseillers et le maire doivent voter en faveur d’un montant proposé afin qu’il soit approuvé.
Chaque municipalité doit donc évaluer par elle-même, selon les responsabilités et les exigences du poste de maire, combien d’argent celui-ci gagnera annuellement. La rémunération de ce dernier peut cependant être modifiée à tout moment au cours de son mandat, et peut également être revue par le conseil lorsqu’un nouvel élu entre en poste.
Les données sur la rémunération des élus municipaux sont rendues disponibles chaque année dans un rapport financier envoyé au ministère des Affaires municipales et de l’habitation du Québec (MAMH).
RÉSULTATS
Dans le cadre de cette analyse, puis pour comparer les municipalités plus semblables les unes les autres, celles-ci ont été séparées en quatre catégories : moins de 500 habitants, entre 500 et 1000 habitants, de 1000 à 1500 habitants, et plus de 1500 habitants. Dans chaque catégorie, notre équipe a fait ressortir la municipalité avec le maire le mieux payé, de même que celle où la rémunération est la moins élevée.
Chaque salaire comprend la rémunération et les allocations de dépenses que chaque membre du conseil reçoit de la municipalité, d’un organisme mandataire de celle-ci ou d’un organisme supramunicipal, comme la MRC, la régie, un organisme public de transport, etc. Les allocations de dépenses ne sont pas nécessairement dépensées complètement, mais ont tout de même été comptabilisées dans les salaires de chaque maire et conseiller pour cette recherche.
Dans les 17 municipalités avec moins de 500 habitants, c’est le maire de Saint-Pierre-de-Lamy, Jean-Pierre Ouellet, qui a obtenu la rémunération la moins élevée, avec 4500$ l’année dernière. Jean-Marc Belzile, le maire de Saint-Jean-de-la-Lande, a encaissé près de 5 fois plus, soit 21 168$ pour l’année 2020. Rappelons que Saint-Jean-de-la-Lande compte 231 habitants et que Saint-Pierre-de-Lamy en dénombre 117.
À titre comparatif, la municipalité de Saint-François-Xavier-de- Viger a une population de 240 et son maire, Yves Caron, a touché à 13 366$. Six municipalités et villes ont un maire qui reçoit entre 20 000$ et 30 000$ dans la région, mais celles-ci ont toutefois en moyenne une population de 1610 citoyens.
Les 7 municipalités de la catégorie 500 à 1000 habitants ne sont pas si différentes les unes des autres, malgré un léger écart entre le maire le moins payé et celui le plus payé. À Saint-Épiphane, avec 843 habitants, Rénald Côté a gagné 14 098$ en 2020, alors qu’à Packington, municipalité de 598 habitants, Émilien Beaulieu a empoché près de 2500$ additionnels, avec un salaire de 16 478$.
Ce sont 17 municipalités qui sont comprises entre 1000 et 1500 citoyens dans ces trois MRC. Michel Lagacé, maire de Saint-Cyprien (1069 habitants), a gagné 9647$ en 2020, mais ce montant n’inclut pas la rémunération qu’il reçoit à titre de préfet de la MRC de Rivière-du-Loup. À l’autre extrémité, le maire de Rivière-Bleue (1211 habitants), Claude H. Pelletier, a reçu une rémunération de 23 595$.
Finalement, la catégorie de 1500 habitants et plus compte 5 villes et 3 municipalités. Parmi celles-ci, il n’est pas surprenant que la mairesse sortante de Rivière-du-Loup, Sylvie Vignet, a empoché 102 959$ l’année dernière, avec une population de 20 050 à diriger. La municipalité de Cacouna a pour sa part consacré 20 711$ de son budget annuel pour rémunérer sa mairesse, Ghislaine Daris, en 2020.
Ces données ont démontré que le salaire des maires n’est pas toujours proportionnel au nombre d'habitants de la municipalité. Les 231 citoyens de Saint-Jean-de-la-Lande débourseraient chacun un montant annuel de 91,64$ pour atteindre le salaire de 21 168$ de Jean-Marc Belzile, tandis que les 20 050 habitants de Rivière-du-Loup verseraient 5,14$ par année pour la rémunération de la mairesse sortante Sylvie Vignet.
À noter que les salaires des conseils de cinq municipalités n’ont pas été publiés dans leur rapport financier de 2020 sur le site du MAMH, soit celles de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, Saint-Médard, Saint-Paul-de-la-Croix, Saint-Simon-de-Rimouski et Saint-Mathieu-de-Rioux.
SALAIRES TROP ÉLEVÉS?
Ailleurs au Québec, certains candidats à la mairie se sont engagés à réduire leur salaire s’ils sont élus le 7 novembre prochain., l’aspirant maire de Laval, Stéphane Boyer, mentionne qu’il souhaite diminuer sa rémunération annuelle de 30 000$. M. Boyer a d’ailleurs reconnu, dans un article de Radio-Canada publié le 6 octobre dernier, que le fait de pouvoir choisir leur propre salaire représente un grand conflit d’intérêt.
À titre informatif, le maire actuel de cette ville, Marc Demers, gagne 220 767$ par année, et est le deuxième maire le plus payé du Québec, après la mairesse de Longueuil. Une candidate à la mairie de Longueuil a également annoncé qu’elle promettait de réduire son salaire si elle entrait en poste dimanche prochain.
Afin de remédier aux écarts salariaux bien définis dans les municipalités du Québec, plusieurs solutions ont été proposées par des spécialistes de la politique municipale, dont celle d’instaurer un plafond salarial. L’intervention du gouvernement provincial à ce niveau pourrait également assurer une cohérence entre les municipalités similaires.
PRÉCISION | Dans une version antérieure de l'article, il était indiqué que le maire de Saint-Modeste, Louis-Marie Bastille, avait empoché un salaire de 25 399$ pour l'année 2020. Cependant, ses revenus en tant que maire et ceux comme préfet suppléant ont été tenus en compte pour le calcul. La rémunération exacte devrait être de 8216$, auquel s'ajoute l'allocation de dépenses de 4108$, totalisant un montant de 12 324$ reçu à titre de maire.
Toutefois, tel que mentionné dans le texte, «Chaque salaire comprend la rémunération et les allocations de dépenses que chaque membre du conseil reçoit de la municipalité, d’un organisme mandataire de celle-ci ou d’un organisme supramunicipal, comme la MRC, la régie, un organisme public de transport, etc. Les allocations de dépenses ne sont pas nécessairement dépensées complètement, mais ont tout de même été comptabilisées dans les salaires de chaque maire et conseiller pour cette recherche.»
2 commentaires
https://www.tourismelesbasques.com/la-region/les-municipalites/
11 municipalités toutes aussi moribondes les unes que les autres avec 9 personnes par
municipalités = 99 personnes en conseils municipaux + toute le ribambelle à la MRC ell
même : préfet ,etc.
Faites la comparaison avec une municipalité équivalente en population 8,000 personnes
mais qui n'est aussi étalée géographiquement et vous devriez avoir un total de 9 personnes
pour le même nombre d'habitant...
Cherchez l'erreur !
Une MRC parmi les plus pauvres = sa population, les vrais travailleurs , pas les élus , les fonctionnaires ...
Le calcul est encore plus ridiculement incroyable si l'on considère le matériel , les ressources
humaines en terme de cols bleus, blancs, pompiers , etc.
Le salaire , peut-être , mais pas multiplié par 100 pour une bande une pareille gang de mal pris
qui tirent le diable par la queue !
S.V.P
Faites du ménage et au P.C. !