Un nouveau gin aux origines louperivoises à la SAQ
Les amateurs de gin sont comblés au Québec, alors que près de 300 produits différents sont maintenant offerts par la Société des Alcools du Québec (SAQ). Pourtant, un seul possède des racines louperivoises, de même qu’un accent prononcé mis sur l’écorce de combava, un petit agrume populaire en Asie : le Citrus Hystrix. Un gin fruité, parfumé, qui assume pleinement son intensité.
Disponible sur les tablettes depuis quelques semaines à peine, ce spiritueux à l’aromate citronné particulier est l’œuvre de Pascal Guilbeault, un passionné de Rivière-du-Loup qui prend tranquillement son envol comme distillateur en Estrie.
Il s’agit d’un premier produit commercialisé pour l’homme de 47 ans qui a fait un changement de carrière pour se consacrer à son entreprise, Spiritster, et suivre son intérêt pour la confection d’alcool, il y a quelques années. «Le Citrus Hystrix, c’est un gin festif, exotique, extravagant», décrit-il, lors d’un entretien en début de semaine. «C’est un gin très estival, mais qui peut aussi être apprécié tout au long de l’année dans différents cocktails.»
Le produit mise à fond sur l’écorce de combava, un agrume importé de l’île de Madagascar, dont l’arôme puissant et intense rappelle la citronnelle et le gingembre. La baie de genièvre, la coriandre et la cardamome, des ingrédients plus familiers dans les recettes de gin, se retrouvent aussi parmi ses quelques aromates.
En mettant le Citrus Hystrix, nom latin du combava, en vedette, Pascal Guilbeault avoue qu’il souhaitait s’éloigner de ce qui se faisait déjà sur le marché. Il ne cache pas non plus avoir choisi un gin pour lancer son projet, puisque l’engouement à l’endroit de ce spiritueux ne s’essouffle pas en province.
«Le gin est très populaire actuellement, mais il y a tout de même une part de risque avec ce produit, puisqu’on a poussé énormément la saveur à l’avant-plan. Je crois qu’il va beaucoup plaire à certaines personnes, mais peut-être moins à d’autres. Et c’est correct comme ça», explique-t-il, précisant avoir commencé à travailler sur le Citrus Hystrix entre 2015 et 2017. Depuis, plusieurs recettes ont été élaborées et fignolées, notamment avec un ami chimiste, reconnu pour sa spécialité dans la fabrication de spiritueux.
«Je ne voulais vraiment pas proposer un centième gin boréal, ou un autre gin au sapin. Il fallait que j'arrive avec quelque chose de différent», complète-t-il. Une initiative payante, puisque la SAQ demandait aussi de l’originalité afin de lui ouvrir ses portes, même que «les gins à base d’agrumes étaient priorisés» quand il a soumis son produit.
D’UNE PASSION À UNE AUTRE
Originaire de Rivière-du-Loup, graphiste de formation, Pascal Guilbeault habite la région de Bromont depuis une dizaine d’années. Après des études au Cégep de Rivière-du-Loup, à l’Université Laval et dans la métropole, il a fait carrière dans le milieu de la publicité un bon moment, avant de tranquillement le quitter pour un nouvel amour.
Il explique que ce changement de cap professionnel, ce passage d’une passion à une autre, s’est produit à la suite de l’achat d’une maison en Estrie, région reconnue pour ses producteurs de vins et d’alcool. En 2012, il a incorporé son entreprise Spiritster avec la vive volonté d’un jour y consacrer tout son temps. Cette transition, à la fois audacieuse, exigeante et valorisante, s’est effectuée peu à peu et a finalement été complétée dans les derniers mois.
«Aujourd’hui, je consacre tout mon temps à ça, je ne vis que pour mon projet. C'est vraiment une passion, j'adore ça et je suis heureux d'avoir l'occasion de le faire», partage celui qui travaille seul et qui porte tous les chapeaux au sein de l’entreprise, une large responsabilité qu’il apprécie.
Évidemment, produire un spiritueux et le vendre à travers le réseau de la SAQ ne se fait pas en claquant des doigts. Dans les dernières années, Pascal Guilbeault a appris énormément sur l’art de distiller, tout en multipliant les contacts avec des amis producteurs et entrepreneurs. Malgré les embûches, les sacrifices et les risques financiers qu’il a pris, il ne regrette rien, d’autant plus qu’il voit enfin le fruit de son labeur.
«Ça prend de la persévérance pour faire un projet, peu importe le domaine. Mon cas, c'est un exemple de ça. J'aurais pu arrêter pour plusieurs raisons un grand nombre de fois. Mais j'ai décidé de continuer, de m'obstiner un peu. Je croyais en mon projet, je voulais le faire et j'étais rendu là dans mon cheminement professionnel. Je voulais faire ce genre de métier-là.»
Fait intéressant : son premier contact avec la création de produits alcoolisés a eu lieu au Cégep de Rivière-du-Loup lors du cours complémentaire «Chimie du vin». «Ça m’a amené à aimer la chimie. Faire du vin, jouer avec des composantes, des volumes, tout prenait son sens. Cette formation m'aura ouvert l'appétit, aura semé une graine quelque part», raconte-t-il.
Pour le moment, Pascal Guilbeault travaille sur des recettes de spiritueux dont il confie la production à une entreprise sous-traitante, Les Subversifs de Sorel-Tracy. Mais dans un avenir rapproché, il caresse le rêve de fonder sa propre distillerie et d’y accueillir la clientèle.
Entre-temps, il continue à travailler fort sur sa marque et ses créations. Son prochain produit? «Une absinthe», lance-t-il, fébrile. «Je suis fier du gin, mais mon vrai bébé, c'est mon absinthe. C'est un bonbon que je me garde pour bientôt.»
Pour Pascal Guilbeault, l’aventure Spiritster est entamée depuis un bout de temps déjà. Mais elle commence à peine pour les consommateurs et il ne peut que s’en réjouir.
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