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Les ressources intermédiaires : des joyaux à conserver

durée 11 octobre 2022 | 06h59
  • Lydia Barnabé-Roy
    Par Lydia Barnabé-Roy

    Journaliste de l'Initiative de journalisme local

    La directrice générale de l’Association des ressources intermédiaires d’hébergement du Québec (ARIHQ), Marie-Eve Brunet-Kitchen, était de passage le 7 octobre dernier à l’Hôtel Universel de Rivière-du-Loup dans le cadre d’une tournée provinciale. En avant-midi, elle a rencontré les membres en ressource intermédiaire (RI) du Bas-Saint-Laurent afin de faire le point sur les enjeux importants qui touchent le territoire.

    «C’est essentiel, après la pandémie, de prendre un temps d’arrêt pour réfléchir ensemble à la suite : Comment on poursuit l’évolution de nos milieux de vie? Comment on continue à se moderniser toujours et encore afin d’offrir la plus grande qualité aux résidents en ressource intermédiaire? Comment on met le résident au cœur de nos décisions?», avance Mme Brunet-Kitchen. 

    Ces rencontres qui ont lieu à travers tout le Québec permettent de prendre le pouls des RI, de constater les difficultés, les impasses ainsi que de trouver des pistes de solution afin que l’ARIHQ puisse pleinement jouer son rôle de collaborateur auprès de ses 1100 membres où vivent 17 000 personnes dans le besoin. Ainsi, l’association peut établir où intervenir en priorité, être nourrie par les échanges et recueillir des exemples de situations.

    Les principaux enjeux qui ont été relevés pour la région, qui compte 48 RI où habitent 667 personnes, rejoignent ceux perçus nationalement. Dans un premier temps, la directrice mentionne un manque de planification du côté du ministère de la Santé et des Services sociaux : «Ce qui fait qu’on ne sait pas dans un mois, dans un an, dans deux ans, cinq ans combien de places doivent se libérer [en RI]».

    Présentement, la liste d’attente pour une place pour des personnes âgées en perte d’autonomie, des gens avec des problèmes de santé mentale légers, une déficiente physique et/ou intellectuelle au Québec affiche plus de 2000 personnes. Marie-Eve Brunet-Kitchen soutient qu’il faut non seulement développer des places en RI, mais aussi au niveau des maisons des ainés, des centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) ainsi que des résidences privées pour ainés (RPA). «Si on planifie tout ça ensemble, on s’assure qu’il y a un continuum», confie-t-elle.

    L’ARIQH souhaite faire partie de la solution. Elle désire s’asseoir avec le gouvernement pour trouver un plan d’action. Mme Brunet-Kitchen affirme qu’il ne faut pas attendre quatre ans avant de mettre les choses en branle : «Les places sont nécessaires maintenant au Québec. Ce n’est pas juste un enjeu des ressources intermédiaires, c’en est un qui relève de tous les Québécois et Québécoises. On veut prendre soin des gens vulnérables au Québec. C’est une orientation, des valeurs propres aux Québécois. Ça ne peut être porté que par nous comme enjeu, c’en est un de société». Si aucune planification n’est effectuée bientôt, la directrice ne s’étonnerait pas que la liste d’attente s’élève entre 10 000 et 15 000 personnes dans les prochaines années.

    Sans surprise, parmi les enjeux abordés se aussi sont retrouvés ceux de la pénurie de main-d’œuvre ainsi que de l’inflation. Le manque de personnel ainsi que l’explosion des coûts rend la tâche plus difficile aux gestionnaires en RI. 

    Mme Brunet-Kitchen croit que l’augmentation des factures au Québec peut aussi être l’une des raisons pour lesquelles aucun projet ne se développe, comme la situation qui se déroule dans les Basques depuis 2018. Les RI sont financés à 100% par le gouvernement, mais, selon la directrice, les sommes pour la construction de nouveaux endroits n’ont pas été ajustées par rapport au contexte actuel. Cela fait en sorte qu’aucun ou peu de soumissionnaires répondent aux appels d’offres puisque dans un délai donné, les conditions du contrat à respecter ne peuvent être atteintes.

    «Les ressources intermédiaires sont vraiment des joyaux méconnus au Québec. Elles sont méconnues parce que ce sont des milieux qui travaillent bien, qui sont de proximité, donc il n’y a pas de grande frasque. C’est pour ça qu’on n’en entend pas tant parler», assure Marie-Eve Brunet-Kitchen. Elle ajoute que ce sont des milieux extraordinaires où les gestionnaires mettent le résident au cœur de leurs décisions, de leurs actions pour leur faire du bien.

    En visite au Élie-Raphaël situé sur la rue Fraser à Rivière-du-Loup, la directrice générale de l’ARIQH a rencontré Martin Leblanc et Suzie Grenier, les propriétaires du domaine. Mme Grenier souligne que «les ressources intermédiaires, il faut être capable de les offrir de façon continuelle dans le temps.» C’est la raison pour laquelle elle croit qu’il est important d’ouvrir la discussion et de trouver des solutions, comme l’association est en train de faire.

    D’après Mmes Brunet-Kitchen et Grenier, à travers tout ce que les Québécois ont vécu ces dernières années ainsi que les situations difficiles auxquelles ils ont été confrontés, les RI sont un modèle qui mérite d’être connu et de se développer. Elles tendent la main pour améliorer la qualité de vie des personnes vulnérables d’aujourd’hui, mais aussi à un futur où les RI les accueilleront elles, puis leurs enfants.
     

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