13 ans de lutte et aucun changement à la Loi sur l’assurance-emploi
La militante pour la réforme de l’assurance-emploi, Marie-Hélène Dubé, a l’impression de vivre le jour de la marmotte. Le 17 octobre, elle a témoigné pour la troisième fois en 13 ans devant le comité HUMA de la Chambre des communes pour le projet de loi C-215 modifiant la Loi sur l’assurance-emploi en cas de maladie, blessure ou mise en quarantaine. «Je ne peux pas croire que je suis encore là, j’ai commencé ça à 38 ans, j’ai 51 ans aujourd’hui et je suis encore ici. C’est complètement insensé», a-t-elle lancé en direction des membres du comité.
Auparavant, le dossier est tombé entre deux chaises pour diverses raisons, au gré des changements de garde au gouvernement ou encore des fins de session parlementaires. «Chaque fois qu’on fait des réunions, des comités, il y a un consensus moral, tout le monde est d’accord que ça n’a pas de bon sens. Au moment du vote, c’est autre chose […] Ce projet-là doit cheminer. Les chicanes politiques passent, mais les gens souffrent derrière cela. Pendant ce temps, il y a du monde qui meurt dans la pauvreté. C’est hyper fâchant», témoigne Mme Dubé. Elle souhaite que le nombre maximal de semaines pendant lesquelles des prestations peuvent être versées dans le cas d’une maladie, d’une blessure ou d’une mise en quarantaine passe de 15 à 52 semaines.
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«À peu près tout le monde qui a milité avec moi au cours des dernières années est décédé aujourd’hui. Je n’ai plus de patience», ajoute Marie-Hélène Dubé. Elle lutte pour cette cause puisqu’elle estime que les 15 semaines de prestations d’assurance-emploi à 55 % de son salaire pour une personne qui est atteinte du cancer ne sont pas suffisantes pour se rétablir sans subir de stress financier.
Pour une période temporaire pendant laquelle une personne combat un cancer ou une maladie grave, elle se retrouvera dans une situation permanente de pauvreté, ayant dû s’absenter du travail pendant plusieurs semaines. Certaines doivent avoir recours à l’aide sociale. D'autres retournent au travail contre avis médical. Marie-Hélène Dubé confirme qu’elle a dû prendre cette décision. «On n’est pas supposé de travailler, ça ne marche pas. Il faut se reposer et prendre soin de soi […] Ce stress financier un impact sur les enfants et la famille. Il y a une transmission intergénérationnelle de la pauvreté. J’ai une maison qui sera éternellement hypothéquée pour payer mes traitements.»
UNE LUTTE DEPUIS 13 ANS
Depuis 2009, la Louperivoise Marie-Hélène Dubé est à la tête de la campagne, 15 semaines, ce n’est pas assez. Sa pétition a recueilli plus de 620 000 signatures de Terre-Neuve à Vancouver, la plus imposante au Canada et 14 projets de loi ont été déposés. Malgré ses pressions, la loi datant de 1971 est demeurée inchangée.
Le député de Montmagny-L’Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, parraine le projet de loi C-215 initié par Jacques Gourde le 22 novembre 2021. Il a été adopté unanimement par le comité le 19 octobre et présenté à la Chambre des communes le 25 octobre. «Il sera envoyé à l’étude pour obtenir la sanction royale, étant donné que ce changement législatif a un impact financier pour le gouvernement. On se croise les doigts, mais il ne faut pas célébrer trop vite», explique le député.
Bernard Généreux indique que les sommes supplémentaires seront prises dans la caisse de l’assurance-emploi, en provenance des employeurs et des travailleurs. La mesure représente environ 250 M$ pour le gouvernement fédéral. Le député a critiqué ouvertement la position des libéraux. «Ils manquent de compassion […] C’est le médecin qui décide quand une personne malade est apte à retourner travailler.»
Dans le contexte économique actuel, avec les taux d’intérêts qui augmentent, l’inflation et les couts qui sont aussi à la hausse, «pour une personne qui est aux prises avec le cancer, ça n’arrête pas», souligne M. Généreux. Il indique que le projet de loi doit être adopté le plus rapidement possible puisque la durée des prestations de maladie de l’assurance-emploi pourrait passer à 26 semaines d'ici la fin de la session parlementaire. Cette mesure a été inscrite dans le budget 2022 par le gouvernement fédéral dirigé par Justin Trudeau.
Marie-Hélène Dubé croit qu’il s’agit de sa dernière chance de faire augmenter le nombre de semaines de prestations à 52, puisqu’il sera difficile à justifier une fois qu’un changement sera effectué. Elle estime qu’avec le régime actuel, une personne bénéficie d’environ 7 000 $ à 8 000 $ pour environ un an d’invalidité. Un montant nettement insuffisant, si en plus la personne malade a des enfants à charge, rappelle-t-elle. «Présentement, nous en sommes à une étape cruciale, le momentum est bon. C’est tellement un gros dossier. Au Canada en 2022, est-ce que c’est encore cela qu’on veut ? Des gens qui se soignent à moitié parce qu’ils n’arrivent plus financièrement ?»
Il est possible de prendre action en suivant ce lien : 15semaines.ca
1 commentaires
Monsieur GÉNÉREUX devrait avoir à coeur les travailleurs, car ila tiré profit de leur labeurs en
tant qu'entrepreneur pendant bien assez longtemps et maintenant comme conservateur, mais de quoi ?
VOUS SOUVENEZ-VOUS de (L'honorable Paul Martin = Canadian Ship Lines , etc) qui
a littéralement (sypho-volé) la caisse de l'AI pour des millard $$$
WEAK-UP !
Y'a des limites à rire du monde.