Spectacle Le Témiscouata
L’Acadie du Témiscouata annule sa saison 2023
C’est la voix basse que le producteur, Étienne Deschênes, a confirmé l’annulation du spectacle estival «Le Témiscouata» qui devait être présenté cet été au BeauLieu Culturel à Témiscouata-sur-le-Lac. Une annonce surprise, considérant le succès remporté l’été dernier par les représentations de la revue de l’Acadie des Terres et Forêts en fête. Une décision, dit-il, prise à «contrecœur» en raison d’une diminution de plus de 50 % de l’aide accordée.
M. Deschênes souligne que les 15 représentations du spectacle ont injecté près d’un million de dollars dans l’économie témiscouataine l’an dernier. «Pas moins de 13 des 15 représentations ont affiché complet, et certains soirs, nous avons refusé pratiquement plus de gens que nous en avons laissé entrer. Au bout du compte, l’activité a généré des profits de l’ordre de 12 000 $», ajoute la présidente du comité organisateur, Marie-Lyne Michaud.
En entrevue, Étienne Deschênes a admis que les profits, bien que légers, ont généré une tempête parfaite. «Les principaux bailleurs de fonds comme la MRC et la Ville ont cru qu’ils n’avaient pas à maintenir leur aide.» La conséquence, déplore-t-il, a donc eu pour effet de générer un manque à gagner. Sur un budget de 133 000 $ en 2022, le budget 2023 s’en trouve coupé de 67 400 $. Une somme trop importante pour assurer les représentations prévues cet été.
«La MRC offrait 50 000 $ l’an dernier, c’est 25 000 $ cette année. De son côté, la Ville offrait une somme de 25 000 $ contre 18 000 $ cette année, mais le BeauLieu Culturel qui appartient à la Ville nous facture 4 900 $ de location, ce qui revient à une aide nette de 13 100 $. La salle est pratiquement inutilisée l’été…», se désole le producteur.
Ce dernier rappelle qu’en 2022, le spectacle devait être présenté au nouveau centre récréatif PGR de Témiscouata-sur-le-Lac. La construction du centre n’étant pas terminée en juillet dernier, le producteur a été contraint de déplacer son évènement au BeauLieu Culturel, et ce sans frais additionnels.
«Par contre, pour assurer la viabilité du spectacle à long terme, une salle avec une plus grande capacité devient inévitable. Malheureusement, le nouveau centre récréatif PGR n’a pas les équipements comme la sonorisation, l’éclairage, les scènes, les rideaux nécessaires pour tenir un spectacle tel que Le Témiscouata», ajoute M. Deschênes.
Le producteur souligne que le comité de promotion de l’Acadie du Témiscouata avait élaboré un plan d’affaires basé sur une période de cinq ans et qui reposait sur une diminution graduelle des subventions. «Puisque notre activité est jeune, nous avions besoin d’un appui stable à nos trois premières années, diminuant progressivement les années suivantes. Jamais je n’aurais pensé que des coupures si drastiques arriveraient après seulement une année», laisse tomber M. Deschênes.
De son côté, Mme Michaud s’est désolée de voir un évènement d’importance disparaitre de l’offre touristique du Témiscouata. La présidente du comité organisateur a rappelé les retombées positives du spectacle sur la région. Cette dernière souligne aussi qu’en une seule saison, «Le Témiscouata» s’est inscrit comme une attraction touristique culturelle d’importance dans la MRC.
«Pendant huit semaines l’été dernier, incluant les répétitions et la tenue du spectacle, la fébrilité régnait dans les rues de notre quartier. Une vingtaine de nouvelles personnes, dont beaucoup de jeunes, y travaillaient. C’est sans oublier l’augmentation de l’achalandage dans nos restaurants, campings, dépanneurs et hôtels qui bénéficiaient directement de l’activité. Durant le mois de juillet, des centaines de personnes ont convergé du mercredi au dimanche vers le BeauLieu Culturel.
Etienne Deschênes y voit lui aussi un recul pour l’industrie touristique régionale. «Le spectacle était une activité qui aidait grandement à diversifier l’offre touristique témiscouataine qui est surtout basée sur le plein air et la villégiature. Quinze jours de présentation dans l’évènementiel culturel sont l’équivalent de cinq festivals locaux. C’est énorme comme perte. On perd des centaines de milliers de dollars en retombées économiques pour notre région.»
S’il ne cache pas sa déception, le promoteur ne ferme pas la porte à un retour dès l’an prochain. «Il est tard cette année. Un tel spectacle exige de la logistique, le recrutement de personnel. Si les principaux bailleurs de fonds comme la Ville et la MRC ainsi que nos commanditaires privés qui ont eu aussi réduit leur collaboration répondent présents, certainement, le ciel s’éclaircit».
D’ici là, M. Deschênes espère être en mesure de convaincre la Ville et la MRC de revoir leur financement. En attendant, si le soleil se lèvera toujours à l’est sur le Témiscouata, l’Acadie y brillera un peu moins.
Rappelons que L'Acadie du Témiscouata est un organisme à but non lucratif.
2 commentaires
Je souhaite sincèrement que le spectacle puisse revenir, d’une manière ou d’une autre et que les bailleurs de fonds voient toute sa valeur. Qu’ils se permettent de voir grand; qu’on se permette d’avoir de la vision, qu’on ne se mette pas de bâtons dans les roues. Qu’il y ait, encore une fois, plus de ressources accordées à la culture. Les retombées à court, moyen et long terme y sont peut-être vagues et difficilement quantifiables, mais elles y sont. Ne serait-ce que dans l’imaginaire des spectateurs, ne serait-ce que dans la fierté et dans la réalisation qu’on peut créer un produit de grande qualité, ici. Ce genre de projet qui dit à nos jeunes « Tu vois, pas besoin de t’exiler pour rayonner. Tu vois, c’est pas vrai qu’on est né pour une p’tit pain. »
Je souhaite que ce ne soit pas une fin.
Est ce que l'on préfère que les gens aillent investir ailleurs que dans nos petites boutiques locales, nos restaurants, nos hôtels? Prennent leur consommation ailleurs? Prévoient leurs sorties ailleurs? Plus il y a d'incitatifs, plus les gens seront attirés à venir découvrir notre région et nos attraits, de connaître notre histoire.
Est ce que l'on préfère regarder les touristes passer et ne servir que d'halte routière? Est-ce que l'on préfère envier les autres régions de leurs initiative et leurs succès? C'est bien beau vouloir des complexes hôteliers, mais un hôtel vide, c'est bien triste. Nous sommes remplis de beaux attraits mais selon moi, nous n'avons pas les moyens de se priver d'un tel attrait!
Et si ce genre d'événement incite les gens à dormir une nuit en région? Ou mieux rester une nuit de plus! Est-ce que pour une fois, nous pourrions voir un peu plus grand, rêver un peu plus grand?
J'ai à coeur la culture de ma région et je défendrai toujours celle-ci, mais de ce faire mettre des bâtons dans les roues par les décideurs de ma région, ça fait mal, très mal! J'ai mal à mon coin si cher puisque qu'à chaque visite, c'est le coeur gros que j'y repars de voir son état qui se dégrade! J'ai mal à ma culture, à ma région, à mon monde!