Saint-Médard : un conseiller dénonce les récentes critiques
La mauvaise presse qui accable la Municipalité de Saint-Médard ne plait pas, mais pas du tout, au conseiller municipal Christian Bordeleau. L’élu estime que les allégations lancées par des collègues et des citoyens dans les médias sont exagérées, voire même non fondées.
Rencontré la semaine dernière, M. Bordeleau a tenu à répondre aux attaques faites récemment envers la Municipalité et la mairesse Linda Gagnon. ll avait d’ailleurs en main les plus récentes publications d’Info Dimanche sur le climat de travail «difficile» dénoncé dans le dernier mois.
«On voit juste le côté d'une médaille. On voit juste ce qu'ils ont à dire», a-t-il déploré. «Je ne suis pas d'accord du tout avec ce qui a été dit, ce qui a été projeté jusqu’ici.»
Au début mai, le journal rapportait que l’ambiance de travail était «pourrie» à Saint-Médard et que les façons de faire de la mairesse étaient vivement dénoncées. Deux conseillers, Raphaëlle Ouellet et Rodolphe Thériault, accusaient notamment l’élue de manquer de transparence dans la gestion municipale. Ils lui reprochaient aussi de travailler avec certains conseillers, dont Christian Bordeleau, pour retarder ou même faire avorter certaines décisions qui ne lui plaisaient pas.
L’attitude négative, voire confrontante, de la mairesse envers eux et certains citoyens étaient également au centre de plusieurs critiques. Des commentaires qui étaient partagés par des résidents interpellés sur le sujet.
Mais voilà, quelques semaines après la publication du reportage, période durant laquelle le dossier a aussi été traité par d’autres médias, M. Bordeleau soutient avoir une vision fort différente de la dynamique municipale à Saint-Médard.
«C'est un petit village avec deux clans, deux groupes. Et il y en a toujours un qui se lamente, qui jacasse et qui veut qu'on mette tout le monde dehors», a-t-il indiqué au sujet des personnes opposées à l’administration Gagnon.
«C'est eux qui fonctionnent aux menaces, aux insultes et à la provocation...»
Quant aux dénonciations formulées précédemment, il est vrai, selon lui, que la mairesse a utilisé son droit de véto plus d’une fois dans les derniers mois, mais il est faux de prétendre qu’elle l’a fait à profusion. Questionné à savoir s’il se rangeait derrière elle, une fois le droit de véto utilisé et malgré une unanimité du conseil, il n’a pas nié, maintenant avoir eu ses raisons chaque fois. «On travaille pour la Municipalité», a-t-il dit. «Tout le monde a aussi le droit de changer d’idée […] Personne ne nous tient par la main», a-t-il ajouté.
Christian Bordeleau se défend aussi du manque de transparence dans la gestion du dépanneur, un organisme géré par un comité sur lequel il siège lui-même comme vice-président. Il prétend que les élus n’ont pas à tout savoir, même si le commerce reçoit bel et bien des redevances de l’éolien. «Ils n'ont pas à avoir accès aux entrées et aux sorties d'argent. Il y a un comité et c'est lui qui gère», a-t-il lancé. Il maintient que «tout est en ordre» dans les finances.
À LA DÉFENSE DE LA MAIRESSE
M. Bordeleau a mentionné ne pas s’être présenté chez Info Dimanche au nom de la mairesse Linda Gagnon. Il a néanmoins tenu à défendre l’attitude de cette dernière en séance du conseil municipal. L’élue vit, selon lui, «beaucoup de pression». «Quand tu te fais crier des insultes, que tu es attaquée constamment, c’est difficile», a-t-il indiqué.
Il ne croit pas non plus qu’elle utilise sa position pour prioriser ses idées et ses intérêts personnels, comme l’ont indiqué les plus ferventes critiques. «Je me suis questionné là-dessus moi-même à un moment donné, parce qu’on sait qu'il y a une tension entre les gangs, mais non. Je ne vois pas de problème.»
Du même souffle, il n’a pas hésité à lancer des flèches à ses collègues Rodolphe Thériault et Raphaëlle Ouellet, affirmant que la conseillère se voit déjà dans le siège de mairesse, elle qui a mentionné publiquement vouloir se présenter lors des prochaines élections. Il estime que leur opposition constante crée une tension et une animosité envers le reste du conseil et Linda Gagnon.
Est-il en accord avec la décision de Mme Gagnon d’exclure la conseillère Ouellet des séances plénières? «Oui. Elle n'est jamais d'accord sur rien. Elle manque de respect et ça fait de la chicane […] C’est correct d’avoir des débats, mais ça doit se faire dans le respect», a-t-il répondu.
«C’est vrai que ça ne va pas bien à Saint-Médard. Mais ce n’est pas la mairesse qui a tous les torts», a-t-il plus tard ajouté.
RÉPLIQUE
Informés de la sortie de leur confrère de travail, Raphaëlle Ouellet et Rodolphe Thériault ont regretté les propos tenus, mais ils ont avoué ne pas être surpris. Ils maintiennent tout ce qu’ils ont dit précédemment dans ces pages et martèlent que les élus sont en droit d’attendre du changement (et des réponses) dans plusieurs dossiers, notamment celui du dépanneur.
«C’est un commerce qui appartient à la Municipalité et dont la gestion est confié à un comité. C’est la Municipalité qui lui remet des redevances de l’éolien, et non l’inverse!», s’est insurgé Rodolphe Thériault qui a une quinzaine d’années d’expérience en politique municipale.
Selon lui, le conseiller Bordeleau souhaite se protéger, tout comme la mairesse. «Ils travaillent ensemble. Ils se voient régulièrement à l’extérieur du bureau municipal», a-t-il réitéré, soulignant du même coup que Christian Bordeleau ne jouit pas d’une crédibilité sans faille dans la petite communauté de 200 âmes.
De son côté, Raphaëlle Ouellet s’est défendue de «crinquer» les citoyens contre la mairesse et l’administration municipale. «Les gens sont vraiment inquiets. Ils se font manquer de respect et ça amène une révolte», a-t-elle expliqué. «Quand un maire agit comme un dictateur avec son marteau, quand les citoyens n’ont jamais de réponses à leurs questions, c'est certain que ça va créer de la frustration. M. Thériault et moi n’allons pas les chercher à la maison.»
Selon elle, les opposants «posent problème» parce qu’ils soulèvent des questions et ne se satisfont pas de l’ordre établi. «C'est notre travail de conseiller de poser des questions. On pose problème, parce qu’on ne se soumet pas. On veut de la transparence, on ne va pas se taire.»
Raphaëlle Ouellet et Rodolphe Thériault rappellent que les extraits audios des séances ordinaires sont disponibles publiquement et prouvent les dérapages survenus ces derniers mois.
Quoi qu’il en soit, s’ils voient les choses de façon très différentes, ils voient tous «positivement» l’implication de la MRC des Basques et du nouveau directeur général par intérim, Nicolas Lessard Dupont, dans la transition menant à une nouvelle direction générale. L’implication du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation est aussi vue d’un bon œil.
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