Sauvetage d'un pygargue à tête blanche à Saint-Mathieu-de-Rioux
Lorsqu'on pense à un sauvetage à Saint-Mathieu-de-Rioux, on s'imagine un plaisancier en difficulté sur l'un des lacs de la municipalité. Cette fois, il s'agit plutôt d'un splendide spécimen de pygargue à tête blanche retrouvé ce vendredi 4 aout en matinée gisant au sol à une trentaine de mètres du bureau municipal.
«C'est une citoyenne qui circulait en automobile qui a aperçu l'oiseau couché sur la chaussée, mal en point, mais très, très réveillé. Les griffes actives et les yeux aussi. Un des passants, qui développe de l'acériculture chez nous, a communiqué avec sa conjointe qui est biologiste et qui est venue l'ausculter sur place», raconte Daniel Dufour, directeur général de Saint-Mathieu-de-Rioux.
Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a été alerté de la présence du grand oiseau de proie, notamment afin d'établir la suite des procédures. Il faut savoir qu'un tel oiseau de proie s'inscrit parmi les priorités de préservation du ministère. «Selon la biologiste, les ailes de l'oiseau ne seraient pas cassées, il était plutôt sonné», ajoute M. Dufour.
L'oiseau qui devait être conduit au refuge animal de Saint-Fabien, le Centre de réhabilitation de la faune situé à quelques kilomètres de là et où œuvre justement la biologiste. Toutefois, la présence d’agents de protection de la faune à de dizaine de kilomètres de là a rapidement changé la donne.
«Normalement, nous n’effectuons aucun transport le vendredi, mais un agent en vacances qui devait se rendre dans la région de Saint-Hyacinthe s’est offert», explique le chef de service du poste de la Protection de la faune de Rimouski-Neigette, Michel Gagnon. Ainsi, dès vendredi soir le pygargue était confié à la Clinique des oiseaux de proie de la Faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe en vertu d'une entente entre le ministère et l'Union québécoise de réhabilitation des oiseaux de proie (UQROP).
«C'est fréquent pour nous, c'est un peu notre quotidien et ça ne constitue pas un fait exceptionnel. Nous avons eu six ou sept cas de ce type dans les derniers jours. Il s'agit parfois d'un juvénile qui rate son premier "décollage", ou un impact avec un véhicule ou même une électrocution», explique le lieutenant Sylvain Marois des postes de la Protection de la faune de Beauceville, Montmagny, Témiscouata-sur-le-Lac et de La Pocatière.
De son côté, le lieutenant Gagnon en dénombre «cinq ou six» pour la même période. Selon ce dernier, il s’agit majoritairement d’impacts avec des véhicules routiers, ou encore d’oiseaux qui ont foncé dans une fenêtre. «Généralement, le délai de récupération est de 24 à 48 heures», précise-t-il.
PYGARGUE À TÊTE BLANCHE
Le Pygargue à tête blanche est une espèce de rapaces que l'on retrouve sur toute la superficie de l'Amérique du Nord. Il s'agit du plus grand oiseau du Québec, dépassant même l'aigle royal. Il se remarque facilement par sa tête et sa queue blanche ainsi que par son bec courbé d'un jaune vif. Son corps est brun foncé.
Fait à noter, c'est la femelle qui est plus grande que le mâle. Certaines femelles peuvent atteindre 240 centimètres d'envergure et 180 centimètres pour le mâle. Les couples se reforment chaque année. Les juvéniles, jusqu'à l'âge de trois ou quatre ans, n'ont pas la tête et la queue blanches (voir la troisième photo).
Bien qu'impressionnant par son envergure, ses serres et son bec, le lieutenant Marois souligne que l'oiseau n'est pas agressif. «Une simple couverture sur la tête suffit à le calmer et lui faire croire que c'est la nuit», souligne-t-il. Néanmoins, la manipulation d'un oiseau de proie blessé commande une certaine prudence.
*** Une version antérieure de ce texte mentionnait que l’oiseau allait être récupéré dans un délai de 24 à 48 heures. La présence d’agents à proximité a finalement changé la donne et le reportage a été modifié en ce sens.
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