Les professionnels de l’éducation de la région à bout de souffle
La Fédération des professionnelles et professionnels de l'éducation du Québec (FPPE-CSQ), le Syndicat des professionnelles et professionnels de l'Éducation du Bas-Saint-Laurent (SPPEBSL-CSQ) et le Syndicat du personnel professionnel de l'Éducation du Grand Portage (SPGP-CSQ) ont mené une enquête majeure sur le personnel professionnel en éducation. Les statistiques dévoilent, pour les Centres de services scolaires de Kamouraska - Rivière-du-Loup et du Fleuve-et-des-Lacs, que la surcharge de travail et la présence accrue d’enseignements non légalement qualifiés affectent les services auxquels ont droit les élèves.
La présidente du SPGP-CSQ, Johanne Gingras, a indiqué que 70 % de ses professionnels étaient surchargés en raison d’un trop grand nombre de mandats à 81 %, puis de la hausse du nombre d’élèves par classe à 76 %.
«On se retrouve souvent à ne pouvoir aider que les cas urgents en délaissant les autres, ce qui parfois entraine des situations qui dégénèrent», soutient-elle. La surcharge empêche aussi les professionnels de repérer et prévenir divers troubles ou difficultés d’apprentissage, d’adaptation, de langage ou de santé mentale, puis d’effectuer des suivis rigoureux.
Cette problématique existe malgré la volonté des centres de services scolaires de pourvoir les postes vacants et de les modifier. Toutefois, ces derniers se retrouvent parfois dans l’obligation d’en abolir et de rediriger les tâches à du personnel déjà en place.
Une liste d’attente se crée donc pour l’aide apportée aux élèves alors que «plus les difficultés des enfants sont travaillées au bon moment, rapidement quand ils sont jeunes, elles sont atténuées dans leur cheminement scolaire», souligne le président de la FPPE-CSQ, Jacques Landry.
L’IMPACT DES ENSEIGNANTS NON LÉGALEMENT QUALIFIÉS
Plus d’une centaine d’enseignants non légalement qualifiés oeuvrent actuellement au sein des deux centres de service scolaires. Selon le conseiller pédagogique au CSS Kamouraska - Rivière-du-Loup, Joseph Chouinard-Pelletier, la multiplication des professeurs sans brevet a un impact lourd et considérable dans les écoles.
Il explique que les personnes viennent de milieux différents et manquent souvent de connaissances vis-à-vis le système scolaire québécois. Elles doivent donc être quotidiennement épaulées dans leur rôle. L’année dernière, le conseiller pédagogique a accompagné une douzaine d’enseignants dans leurs fonctions, en plus d’effectuer ses autres tâches connexes. «Ce qui représente une énorme charge de travail», confie-t-il.
Même si nombreux d’entre eux veulent bien faire en prêtant main forte en raison du manque d’enseignants, ils se rendent rapidement compte de la difficulté du métier, partage M. Chouinard Pelletier. Durant une année scolaire, les élèves peuvent donc assister à grand un roulement de personnel. Cette situation se répercute immédiatement chez l’enfant puisque «le niveau d’attachement est un aspect très important pour la réussite scolaire», confie-t-il.
Sur le sondage mené auprès de 12 500 membres et des réponses de 4 173 d’entre eux, 80 % ont indiqué que le système québécois n’arrivait pas à offrir les services nécessaires aux enfants. Pourtant, «la loi de l’instruction publique dit que chacun des élèves doit avoir des services appropriés à sa condition», soutient Jacques Landry.
La fédération et les syndicats ne sonnent pas l’alarme, ne croient pas que tout est perdu, mais ils pensent fermement que des actions doivent être entreprises afin d’améliorer l’aide apportée aux élèves et de réduire le fardeau sur les professionnels de l’éducation.
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