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Pour une cuisine nappée à la sauce collective

durée 17 septembre 2023 | 07h00
  • François Drouin
    Par François Drouin

    Directeur de l'information, journaliste

    On s'active dans la cuisine du Carrefour d'Initiatives Populaires (CIP) de Rivière-du-Loup en ce jeudi chaud de septembre. On s'affaire autour de la grande table alors que sur le poêle refroidissent de petites galettes sur une plaque de cuisson. «Hey gang, on en fait d'autres?», lance une animatrice. On mitonne de petits et grands plats, non pas par enjeu de précarité, mais surtout pour se connecter, échanger et rire. C'est aussi ça les Cuisines collectives.

    La co-coordonnatrice en sécurité alimentaire au CIP, Syndy April, insiste pour démystifier, voire déboulonner, certains mythes et préjugés tenaces. «Les Cuisines, c’est accessible à tous. Ça fait un an que je travaille au Carrefour et le commentaire que je reçois parfois de gens qui ne sont pas inscrits, c’est qu’ils ne vivent pas de précarité financière, qu’ils n’ont pas d’enjeux financiers ou de limitation et qu’ils ne peuvent donc pas s’inscrire. C’est tellement pas le cas!», lâche Mme April.

    L’ingrédient secret ici est l’inclusivité servie à la sauce collective. La participation est donc ouverte à tous. Par souci d’homogénéité, le Carrefour s’assure toutefois de composer des groupes «qui sont là pour les mêmes raisons». Les participants qui y œuvrent mettent ainsi en commun temps, argent et gout de la cuisine afin de préparer, en groupe, des repas sains, nourrissants et à bon prix.

    Oui donc à l’aspect économique, mais les nombreux témoignages recueillis au fil des ans font entrevoir un plat de résistance composé de rencontres, de découvertes alimentaires et de nouvelles recettes. L’intervenante observe aussi un changement d’habitude vers une alimentation plus saine.

    «Les Cuisines, c’est encadré, nous sommes là pour favoriser la saine alimentation, la sécurité alimentaire, il y a un côté éducatif aussi. Personne n’est laissé à elle-même. Il y a beaucoup de fausses croyances et de tabous. Tout le monde, j’insiste, tout le monde peut participer aux Cuisines collectives, c’est ça qui est merveilleux», souligne Syndy April.

    C’est un maillage qui s’effectue autour de la cuisine et du partage et qui regroupe des personnes de tous horizons, de la jeune maman âgée de la vingtaine à la grand-maman octogénaire sans oublier les hommes, minoritaires, mais qui représentent dans certains groupes près de la moitié des participants.

    Une des participantes, une professionnelle qui est inscrite à l’un des groupes, n’avait que de bons mots pour décrire son expérience. «L’aspect social est un des facteurs qui m’a incité à faire le pas. J’avais déjà participé à un atelier de cuisine avec les enfants de la garderie et une dame participait aux Cuisines collectives. J’ai voulu m’inscrire. On est une belle équipe, une belle gang et surtout, j’apprends et je tire parti de l’expérience culinaire des plus expérimentés. Ça crée des liens aussi qui restent après la cuisine», raconte Annie*.

    Cuisiner en groupe permet aussi de s’attaquer à des recettes plus complexes dont la liste d’ingrédients ou les nombreuses étapes de préparation peuvent être intimidantes pour une personne seule. «Ça nous apprend aussi à travailler en équipe, et après une pandémie, ça nous permet de briser l’isolement», ajoute la co-coordonnatrice.

    «J’adore cette journée-là. J’ai hâte, ça me motive, c’est un plaisir de ramener de la bonne nourriture à la maison. En plus, tu développes des compétences pas seulement culinaires, mais aussi de fonctionnement en groupe. Tu apprends à magasiner avec des rabais et comment utiliser les applications mobiles», renchérit Annie.

    Après une pause forcée pendant la pandémie, pas moins de huit groupes d’une moyenne de six personnes ont été créés l’an dernier. Encadrés par l’équipe du Carrefour, on en dénombre trois à Rivière-du-Loup, les autres étant situés à Cacouna, Saint-Antonin, Saint-Arsène et Saint-Épiphane. Le bassin de population étant suffisant, le CIP ne cache pas son intention d’ajouter un second groupe à Saint-Antonin. L’organisme tente aussi de démarrer des groupes dans de nouvelles municipalités de la MRC.

    «Notre objectif est vraiment d’aller partout sur le territoire. Nous avons déjà des appels et notre campagne publicitaire n’est pas lancée. Il y a de la demande. Les cuisines, ce sont des moments, et ces moments ensemble sont une richesse. Le CIP est associé à l’aide alimentaire, mais il ne faut pas oublier que nous avons besoin de bien manger, et de bien s’entourer tout en passant du bon temps, c’est ça les Cuisines collectives», conclut Syndy April.

    «Pour moi, c’est une opportunité pour tous. Cette année j’ai invité une amie à se joindre au groupe. C’est juste du bonheur… en pot!», lance en riant Annie.

    Parce que si le bonheur est dans la sauce, ou dans le pot, c’est selon, aux Cuisines collectives, il l'est tout autant dans les échanges entre participants.

    *À sa demande et pour des raisons liées à sa vie professionnelle, seul le prénom de la participante est cité.

    ON RECRUTE AUX CUISINES COLLECTIVES

    C’est aussi la rentrée pour les Cuisines collectives. Le Carrefour d’Initiatives Populaires tiendra des soirées d’information et d’inscription dans cinq municipalités de la MRC de Rivière-du-Loup entre le 19 septembre et le 28 septembre. Voici l’horaire :
    -    Saint-Antonin, le mardi 19 septembre à 19 h à la Bibliothèque municipale
    -    Cacouna, le 20 septembre à 19 h à la Salle paroissiale
    -    Saint-Épiphane, le mardi 26 septembre au Centre communautaire I.V.D.
    -    Saint-Arsène, le jeudi 28 septembre au Centre communautaire Morneau
    -    Rivière-du-Loup, communiquer avec Syndy April au 418-867-5735, poste 225

     

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