Les ainés exigent des mesures pour un «revenu viable» à la retraite
Des milliers de personnes ainées du Québec peinent à joindre les deux bouts financièrement. Il s’agit d’une situation qui n’est pas nouvelle, mais qui doit maintenant être adressée en priorité, selon l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR).
Réunis à Rivière-du-Loup le 4 octobre, les présidents de l’AQDR ont lancé une campagne de sensibilisation régionale sur le revenu viable, laquelle est adressée spécifiquement à l’endroit des députés québécois de tous les partis politiques. Ils réclament des mesures d’aide ciblées et structurantes lors de la mise à jour économique du gouvernement du Québec, prévue en novembre.
D’une part, les ainés exigent une bonification des prestations publiques actuelles qui sont jugées bien trop insuffisantes.
À long terme, l’AQDR croit qu’il faut également régler les iniquités du système de retraite québécois en créant un régime de retraite obligatoire qui permettra aux futurs aînés d’être moins dépendants des prestations publiques. Un objectif «complexe», admet-on, mais qui doit être visé par la mise en place d’orientations claires le plus rapidement possible.
«Le contexte économique actuel frappe tous les ménages du Québec, mais on sait que l’impact est encore plus grand pour les plus vulnérables. Or, parmi les plus vulnérables, on trouve les aînés qui comptent sur les prestations gouvernementales de base pour assurer leur survie», explique Pierre Lynch, président de l’AQDR.
«C’est une question d’équité, de respect et de dignité. À un moment donné, c’est important qu’on agisse maintenant pour régler les problèmes des générations actuelles et des générations futures. On est capable d’agir à un court, moyen et long terme pour s’assurer de régler ce problème-là.»
En 2022, les résultats d’une étude dévoilée par l’AQDR et l’Observatoire québécois des inégalités (OQI) suggéraient que pas moins de 49,2 % des personnes de 60 ans et plus n’avaient pas accès à un revenu viable, un indice développé par l’IRIS, ce qui leur permettrait de vivre dignement.
Toujours selon cette étude, les personnes habitant en région rurale ou peu peuplée, les femmes, les personnes peu scolarisées et les personnes immigrantes présentaient des risques plus élevés de se trouver à faible revenu, quelle que soit la mesure utilisée.
Actuellement, selon les données partagées mardi, on estime que le revenu viable d’une personne seule s’élève entre 27 000 $ et 45 000 $. Or, les prestations maximales pouvant être obtenues par les régimes gouvernementaux de base atteignent eux près de 21 400 $.
«L’écart est immense et il continue de s’accroitre avec la hausse du cout de la vie», a souligné Pierre-Claude Poulin, responsable du comité Revenu et fiscalité de l’AQDR.
«On sait que pour sortir les aînés actuels de la précarité, il faudra donner un bon coup de barre. C’est un choix qu’il faut faire afin de pallier les iniquités engendrées par le système actuel. À terme, travaillons aussi pour éviter que ces iniquités se reproduisent et dotons-nous d’un vrai système de retraite juste et équitable.
Selon l’AQDR, tous les députés doivent joindre leur voix afin de réclamer des changements et un support adéquat «pour ceux et celles qui ont bâti le Québec». C’est pourquoi elle a demandé à toutes ses sections locales, dont celle de Rivière-du-Loup, d’aller leur porter le message dans les prochaines semaines. L’AQDR représente plus de 30 000 membres en province.
«J’ai vu une ouverture de la part du ministre [Éric] Girard qui veut aller vers les plus vulnérables. Allons-y. Tous les ainés s’appauvrissent avec le temps. L’indexation qu’on leur donne sur les différents régimes de pension n’est jamais complète. Elle est toujours à 70 %. Sur 10 ans, ça fait un gros montant. Il faut régler ça», a revendiqué Pierre Lynch.
«On est un des pays les plus riches du G7. Traitons nos ainés avec dignité. Assurons-nous qu’ils aient un revenu viable adéquat», a-t-il imagé.
L’an dernier, l’AQDR et l’OQI estimaient que pour permettre à plus de 90 % des personnes de 70 ans et plus d’avoir un revenu décent, une enveloppe de 6,2 milliards de dollars était nécessaire, alors que pour les 60 ans et plus, il en faudrait le double, soit 12,3 milliards de dollars.
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