Les locataires du Bas-Saint-Laurent sont les plus pauvres du Québec
Un regroupement d’organismes communautaires impliqués dans le domaine du logement au Bas-Saint-Laurent a interpelé le premier ministre François Legault le 4 décembre en raison de l’ampleur des besoins dans la région.
Selon les données compilées dans le Dossier noir sur le logement du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), les locataires du Bas-Saint-Laurent sont les plus pauvres du Québec. Le revenu médian annuel des ménages locataires est de 38 000 $ en 2020, un écart de 10 000 $ avec le revenu médian ailleurs dans la province.
En 2021 dans la région, 18 % des ménages locataires dépensaient plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Selon Statistiques Canada, 5 210 ménages du Bas-Saint-Laurent, dont 810 à Rivière-du-Loup, se retrouvaient dans cette situation.
«Les locataires n’arrivent plus. Ça prend du logement social. Les promesses ne permettent pas de lever des bâtiments de terre», lance Samuel Saint-Denis Lisée de Solidarité logement Rivière-du-Loup.
L’Enquête sur les logements locatifs 2022 de la Société canadienne d’hypothèques et de logement révélait que le taux d’inoccupation des logements à Rivière-du-Loup stagnait à 0,5 %, alors que le point d’équilibre est de 3 %. Le prix moyen des loyers est à la hausse de 50 $ par rapport de l’an dernier, passant de 617 $ à 667 $, tous types de logements confondus.
Samuel Saint-Denis Lisée observe un contingentement des logements encore abordables sur le marché privé. Cette situation crée des difficultés supplémentaires d’accès aux loyers pour les personnes immigrantes, les femmes monoparentales et sur l’aide sociale.
«[Ils ont] beau faire des belles promesses, au bout du compte, la situation des locataires ne s’améliore pas. Elle se détériore avec le projet de loi 31 avec la perte de la cession de bail», ajoute l’intervenant de Solidarité logement Rivière-du-Loup. Il affirme que les organismes du milieu du logement ne se sentent pas écoutés par le gouvernement.
Les locataires qui demandent un accompagnement de Solidarité logement Rivière-du-Loup sont parfois victimes de pressions, harcèlement, menaces, de demandes d’augmentations abusives ou de reprises de logements.
M. Saint-Denis Lisée précise que depuis des années, la spéculation immobilière a été favorisée. «Pour les locataires, ce sont des drames humains et des situations de crise au quotidien […] Plusieurs beaux projets sont sur la table, mais le seul qui se concrétise présentement, c’est la Maison l’Autnid.» Cette initiative compte 8 logements pour les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme.
La mission de Solidarité logement Rivière-du-Loup est d’informer, d’accompagner, de défendre et de mobiliser les locataires. Il fait aussi la promotion du logement social. Les organismes de la région demandent plus de financement pour le logement social dans un programme qui lui soit dédié de façon pérenne et des annonces concrètes dans le prochain budget du gouvernement du Québec.
Lors du point de presse du 4 décembre, la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, a demandé que les fonds publics soient uniquement réservés à la réalisation de logements hors du marché privé sous forme d’habitations à loyer modique, de coopérative et d’OSBL d’habitation. Ce n’est actuellement pas le cas avec le Programme d’habitation abordable Québec.
Le député fédéral de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Maxime Blanchette-Joncas, s’est dit fortement préoccupé par les chiffres partagés par le FRAPRU. Il s’inquiète que des citoyens tombent dans la précarité et la vulnérabilité. «Le gouvernement fédéral a fait une mise à jour économique il y a quelques semaines à peine. C’était l’occasion de donner un coup de barre important. Face à l’urgence impérieuse, le gouvernement libéral a pourtant choisi de demeurer les bras croisés : pas d’argent pour le logement avant 2025-2026. En pleine crise, ça fait deux ans consécutifs sans une cenne… quelle déconnexion», a dénoncé le député bloquiste. Ce dernier demande la création d’un fonds d’acquisition pour les organismes à but non lucratif et un programme de prêts sans intérêt ou à très faible taux pour stimuler la construction de logements sociaux, abordables, familiaux ou étudiants.
Commentaires